Psychose puerpérale
Publié dans : Santé mentale et maternité
06 juin 2024
La psychose puerpérale survient le plus souvent dans la semaine qui suit la naissance. Sa prévalence est de 1 à 2 femmes parturientes sur 1 000. Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patientes.
Le tableau clinique associe des éléments confusionnels, délirants et thymiques :
- une obnubilation (atteinte de la vigilance dominée par un engourdissement psychique), voire réelle confusion mentale avec désorientation temporo-spatiale et un onirisme (visions de scènes animées semblables au rêve) ;
- une activité délirante polymorphe mais essentiellement centrée sur la grossesse (déni) ou sur l’enfant (thème d’enfantement, négation de l’enfant, filiation extraordinaire, etc.) ;
- une grande fluctuation de l’humeur ;
- une anxiété souvent importante avec sentiment d’étrangeté, de dépersonnalisation, angoisse de mort ;
- un risque suicidaire ou d’infanticide (+++) ;
- une variabilité du tableau clinique dans le temps (prédominance vespérale).
C’est une urgence psychiatrique.
C’est une urgence psychiatrique : il existe un risque pour la mère - risque suicidaire - et pour l’enfant - risque infanticide.
Le recours au psychiatre est donc direct dans le cadre d’une hospitalisation en urgence, parfois sans consentement de la patiente (admission sur décision à la demande d’un tiers ou en cas de péril imminent).
Les facteurs de risque les plus remarquables sont les antécédents de troubles de l’humeur avant la grossesse ou lors d’une autre naissance, des antécédents familiaux de troubles thymiques ou de schizophrénie.
Il s’intègrera dans la prise en charge globale psychiatrique et devra intégrer un travail sur le lien mère enfant surtout s’il y a eu séparation initiale.
Les mesures hygiénodiététiques suivantes restent conseillées dans un 2e temps mais ne sont pas prioritaires dans la prise en charge à ce niveau de sévérité :
- préservation du sommeil ;
- implication du partenaire ou d’un proche pour la gestion des nuits après l’accouchement ;
- lutte contre l’isolement ;
- bon équilibre alimentaire ;
- maintien du zéro alcool en cas d'allaitement (espace assuré) ;
- pratique régulière d’une activité physique adaptée (espace assuré).
En fonction de la gravité du tableau clinique et compte-tenu du risque d’infanticide, la préservation du lien mère enfant se fera en accord avec le psychiatre, grâce à un accompagnement par une équipe spécialisée. Cela pourra se faire au cours de visites à domicile, de consultations, ou au sein d’unité d’hospitalisation dédiée : unité mère-enfant (UME), unité mère-bébé (UMB), unité d’accueil parents-bébés, équipes mobiles…, en hospitalisation complète ou en hospitalisation de jour.
Le traitement médicamenteux (antipsychotique, antidépresseur, thymorégulateur selon la forme clinique) sera instauré précocement en milieu spécialisé hospitalier.