Santé mentale 2021 : les épisodes dépressifs augmentent nettement chez les adultes en France
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Le Baromètre santé menée en 2021 par Santé publique France (1) montre que 12,5 % des personnes âgées de 18 à 85 ans auraient eu un épisode dépressif caractérisé (voir la définition ci-après) au cours des 12 mois précédant l’enquête. Cette augmentation concerne tous les segments de population analysés. Le taux est plus élevé chez les femmes que chez les hommes (15,6 % contre 9,3 %), quel que soit l’âge.
Les épisodes dépressifs ont connu « une accélération sans précédent entre 2017 et 2021 (+ 36 %), en particulier chez les jeunes adultes » observe cette étude : ils ont touché 1 jeune adulte sur 5 (20,8 %) en 2021, soit une hausse de près de 80 % par rapport à 2017 (11,7 %). Les jeunes adultes de 18-24 ans sont la catégorie la plus touchée par un épisode dépressif dans l’année, quelle que soit son intensité, alors que la prévalence observée dans cette tranche d’âge dans les précédentes éditions du baromètre (2005, 2010, 2017) était comparable à celles du reste de la population. Le taux est également plus élevé chez les femmes que chez les hommes de 18-24 ans (26,5 % contre 15,2 %).
Avoir eu des symptômes du Covid-19 semble augmenter le risque de survenue d’un épisode dépressif.
L’accompagnement psychologique
Depuis avril 2022, toute personne angoissée, déprimée ou en souffrance psychique, dès l’âge de 3 ans, peut bénéficier de séances d’accompagnement avec un psychologue avec une prise en charge par l’Assurance Maladie, sur adressage du médecin.
Des disparités géographiques
Aucune des prévalences observées dans chacune des régions ne se démarquait significativement de la prévalence moyenne observée dans les autres régions. Cependant, les habitants de la région Île-de-France, qui présentent le taux d’EDC dans l’année le plus élevé, avaient une prévalence significativement supérieure à celle observée dans les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne et Pays de la Loire. De plus, pour la première fois depuis 2005, la prévalence des EDC apparaît supérieure en 2021 dans l’agglomération parisienne (15 %) à celle des autres catégories de territoires (13,8 % dans les autres zones urbaines et 10,9 % en zone rurale).
En outre-mer, les habitants ont déclaré moins souvent avoir vécu un épisode dépressif au cours de l’année que les habitants de métropole, avec 7,1 % pour la Guadeloupe, 8,1 % pour la Martinique, 9,6 % pour la Guyane et 8,7 % pour La Réunion.
Certaines populations ont un risque de dépression plus élevé
Les 18-24 ans, les femmes, les personnes vivant seules et les familles monoparentales, tout comme celles qui ne se déclarent pas à l’aise financièrement, celles qui sont au chômage et celles indiquant que la crise sanitaire du Covid-19 avait eu un impact négatif sur leur moral, ont un risque d’épisode dépressif plus élevé.
La prévalence de l’EDC dans l’année a connu des augmentations significatives, quels que soient le niveau de diplôme, la situation professionnelle ou la perception de sa situation financière. Des augmentations plus importantes ont cependant été observées sur certains segments de population, notamment entre 2017 et 2021 :
- selon le diplôme, les titulaires d’un diplôme inférieur au bac présentaient en 2021 une augmentation de l’EDC dans l’année de 2,5 points par rapport à 2017, alors que ceux ayant un diplôme équivalent ou supérieur au bac présentaient une augmentation de 4,4 points. En 2021, les titulaires d’un bac ou équivalent apparaissaient les plus concernés par un EDC (15,5 %) et ceux ayant un diplôme inférieur au bac, les moins concernés (12,1 %) ;
- selon la situation professionnelle, l’augmentation la plus importante a été observée chez les étudiants (+ 7 points), suivis des chômeurs (+ 5,3 points), des actifs occupés (+ 4,4 points) et des retraités (+ 1,7 point). Comme pour les précédentes vagues, les chômeurs restaient les plus concernés (22 %) et les retraités les moins concernés (7,5 %) par un EDC en 2021 ;
- selon la situation financière déclarée (au choix parmi « difficile », « juste » ou « à l’aise »), la plus forte hausse a été observée chez les personnes se déclarant « juste » (+ 5,5 points entre 2017 et 2021), multipliant par plus de 2 le pourcentage observé dans cette catégorie depuis 2005 (7,8 % versus 17,3 % en 2021). En 2021, les personnes déclarant des difficultés financières restaient les plus exposées à l’EDC (24,4 % ; + 4,7 points entre 2017 et 2021), tandis que celles se déclarant « à l’aise » semblaient moins concernées (10,2 % ; + 3,7 points entre 2017 et 2021).
Les facteurs de risques associés à l'EDC chez la femme et chez l'homme
Chez les femmes, indépendamment des autres facteurs, le fait d’être âgée de 18-24 ans et le fait d’avoir eu un proche décédé du Covid-19 étaient davantage associés au risque d’EDC dans l’année.
Chez les hommes, le fait d’être âgé de moins de 55 ans augmentait le risque d’EDC dans l’année. Le fait d’habiter dans une zone urbaine ou dans l’agglomération parisienne plutôt qu’en zone rurale était également associé à la survenue d’un EDC dans l’année.
Qu'est-ce que qu'un épisode dépressif caractérisé (EDC) (2) ?
Un EDC se caractérise (2) par un symptôme principal qui dure au moins 15 jours (se sentir triste, déprimé ; ou avoir perdu l’intérêt pour la plupart des activités presque tous les jours et pratiquement toute la journée) et par la présence, sur la même période, d’au moins 3 symptômes secondaires (se sentir épuisé ou manquer d’énergie plus que d’habitude ; avoir pris ou perdu au moins 5 kg ; avoir plus que d’habitude des difficultés à dormir ; avoir des difficultés à se concentrer, avoir un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inapproprié ; penser beaucoup à la mort…).
Les épisodes dépressifs sont de 3 catégories (légers, modérés ou sévères) en fonction du nombre de symptômes décrits et de leur impact sur les activités habituelles et la vie quotidienne.
Comment a été réalisé le Baromètre santé 2021 ?
En 2021, près de 25 000 personnes en métropole et outre-mer, âgées de 18 à 85 ans, ont été interrogées pour cette étude. Les évolutions ont été réalisées par rapport aux Baromètres santé 2005, 2010 et 2017 dont la méthodologie était comparable. À l'occasion de l'édition 2021, le baromètre a pu évaluer la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés en France dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19, qui a eu un impact important sur la santé mentale des populations.
C’est la seule enquête nationale représentative à fournir depuis 2005, avec la même méthodologie, la prévalence annuelle des épisodes dépressifs en population générale adulte.
D’autres enquêtes nationales (enquête Coviprev, données du réseau Oscour…) et internationales (publiées dans la rue The Lancet en octobre 2021 par exemple) ont produit des résultats similaires.
Voir les résultats complets du Baromètre santé 2021 : Prévalence des épisodes dépressifs en France chez les 18-85 ans (Léon C, du Roscoät E, Beck F.).
(1) Baromètre santé 2021 : Prévalence des épisodes dépressifs en France chez les 18-85 ans
(2) Selon le Composite international diagnostic interview-short form (CDI-SF)