Au cœur de votre pratique, l’interview

Le baromètre handifaction

Dr Démaret – Médecin Généraliste

Mme Sordot – Coordinatrice accueil santé

Quels sont les points les plus importants dans la prise en charge des patients en situation de handicap ?

Tout médecin a les clés par sa pratique clinique pour aborder n'importe quelle situation. Revenir quand on a peur d'une situation, quand on n'est pas familier avec une situation à sa pratique clinique la plus élémentaire… Donc la personne on l'examine, on va rechercher des problèmes de douleurs, on va rechercher des problèmes de déficience sensorielle qui peuvent l'altérer et/ou l'affecter. Quelqu'un qui voit moins bien, qui entend moins bien, qui a mal et bien ça peut entraîner des troubles du comportement par exemple etc. 

Peut-être que pour nous médecins, il y a une réalité importante, c'est apprendre à simplifier notre langage et nos explications et ça c'est un grand exercice. Donc le fameux FALC (le français facile à lire et à comprendre) est un outil mais c'est de façon générale, ça veut dire qu'il faut apprendre à utiliser des phrases simples, des phrases avec une seule idée par phrase.

Comment prépare-t-on le patient à la consultation ?

Au fond c'est prendre en compte, en amont de la consultation, les inquiétudes et la peur de la personne. Moi, j'aime bien utiliser en amont l'outil santé BD qui va permettre de présenter la situation, par exemple de passer un électrocardiogramme, une prise de sang, une radio et donc de la rassurer, en en visualisant la situation en amont. 

Ce que je fais pour accompagner une personne à un rendez-vous, c'est qu’en amont on la prépare, c'est-à-dire qu'on utilise des supports (comme par exemple la santé BD) qui montrent bien toutes les étapes d'une consultation. Par exemple : un scanner, une radio ou un rendez-vous chez le dentiste. Donc à partir de là, je m'assure qu'il a compris ce qu'on va faire.

Comment appréhender le rôle de l’accompagnant ?

Pour moi, qui travaille essentiellement avec des personnes ayant un déficit intellectuel, j'ai besoin de travailler avec un accompagnant. Il va y avoir un enjeu de contextualisation de la vie de la personne au quotidien donc au fond, parfois, pour des personnes qui ne parlent pas c'est elle qui va m'expliquer quelle est la plainte première, qu'est-ce qui se passe, quel changement de comportement, qu’est-ce qui… Quelle est au fond la cause de la consultation ? Donc clairement, je ne peux pas travailler sans elle et en même temps il y a tout un enjeu que cette personne ne fasse pas trop écran avec la personne qui est avec le patient, avec la personne qui est venue en consultation. Donc pour moi c'est très important que malgré la présence de l'accompagnement, je regarde, je soigne, j'obtiens le consentement, j'obtiens l'adhésion de la personne et que au fond mon focus mon attention ça soit d'abord la personne accueillie, plutôt que son accompagnant.

Quelles insuffisances de prise en charge peuvent être améliorées ?

Je pensais à la difficulté que certains de mes patients peuvent avoir à obtenir des rendez-vous et certains suivis spécialisés. Il est parfois nécessaire d'appeler un spécialiste, d’appeler un correspondant, pour le rassurer, pour lui présenter la situation, au fond pour faire nous-mêmes un travail de tiers. 

Je pensais à la peur que peuvent avoir de toute façon les médecins par rapport à un univers auquel ils ont été peu confrontés durant leurs études. Il y a vraiment un travail de familiarisation, c'est plus facile pour un médecin qui a lui-même été confronté au monde du handicap dans ses réalités familiales d'être lui-même un médecin du handicap, mais il y a aussi un enjeu de formation initiale de confronter les étudiants en médecine le plus tôt possible à ce monde-là qui souvent est absent de la formation initiale.

En quoi le baromètre handifaction peut-il améliorer la prise en charge et favoriser l’accès aux soins, et comment encourager les patients à les remplir ?

Le baromètre handifaction peut améliorer la prise en charge des patients parce que toutes les données qui vont être recueillies vont ensuite permettre de mettre en place des éléments et des améliorations pour l'accessibilité aux soins. Il permet aussi aux médecins d'être sensibilisés et donc d'améliorer leurs pratiques. Il est important pour les patients de remplir le questionnaire handifaction pour que leur voix soit entendue, qu’ils puissent faire un retour direct sur leurs observations, les points positifs ou les manques qu'il y a eu lors de leur consultation avec un professionnel de santé. Ce questionnaire est accessible sur internet et c'est important que le médecin et l'accompagnant sensibilisent la personne à le compléter, ou l'aident si besoin.