Sobriété médicamenteuse : comment accompagner des patients pour limiter la surconsommation ?
Publié dans : Santé et prévention
11 novembre 2024
En France, près de 8 consultations médicales sur 10 se terminent par une prescription de médicaments. C’est plus que dans la majorité des pays européens. Malgré une prise de conscience des professionnels de santé, l’usage raisonné des médicaments reste un enjeu de santé publique majeur. Le rôle du pharmacien est important pour lutter contre cette surconsommation, qu’il s’agisse de vigilance et d’accompagnement du patient, ou d’alerte vis-à-vis du médecin.
La prévention et la lutte contre la surconsommation de médicaments répond à des enjeux multiples, liés à la santé des individus, à l’accès aux soins ou aux questions environnementales :
- un défi pour la santé publique. En France, la surconsommation de médicaments serait à l’origine de plus de 200 000 hospitalisations et de 10 000 décès prématurés par an. L’antibiorésistance serait responsable de 125 000 infections et 5 500 décès chaque année (1) (2).
- un enjeu d’accès aux soins et ce, alors que le nombre de signalements de ruptures de stock a atteint des niveaux inédits en 2023 ;
- un enjeu environnemental, le secteur de la santé étant à l’origine de plus de 8 % des émissions de gaz à effet de serre nationales (près de 49 millions de tonnes équivalent CO2). Les secteurs des médicaments et des dispositifs médicaux concentrent à eux deux 50 % des émissions (3).
(1) Source : Drees - « Un médecin généraliste sur deux est confronté à des problèmes d’antibiorésistance » - Études et résultats n° 1217 – Janvier 2022.
(2) Source : site sante.gouv.fr - « L’antibiorésistance : pourquoi est-ce si grave ? ».
(3) Rapport The Shift Project – 2023.
Si les Français sont encore nombreux à être en attente d’une prescription de médicament à l’issue d’une consultation, une évolution semble se profiler. Les Français se disent de plus en plus ouverts à l'idée de consommer moins de médicaments, à condition d'être bien informés et accompagnés (1)). Selon une étude récente, 87 % d’entre eux préfèrent que leur médecin leur donne des conseils pour soulager leurs symptômes plutôt que de leur prescrire des médicaments. Ce résultat illustre une réelle volonté de comprendre les mécanismes de guérison et de privilégier des solutions plus naturelles lorsqu’elles sont appropriées.
Toutefois, cette prédisposition des patients à la sobriété médicamenteuse se heurte à des habitudes encore bien ancrées et à une forme de déni de leur propre consommation. Dans les faits, ils sont encore 50 % à attendre en priorité une prescription de médicaments à l’issue d’une consultation. Et seulement 22 % des Français ont l’impression de consommer trop de médicaments, alors qu’ils sont 4 sur 10 à en prendre quotidiennement.
Le rôle pédagogique crucial du pharmacien
Le pharmacien joue un rôle important de conseil et de pédagogie auprès du patient, notamment pour les pathologies qui ne nécessitent pas forcément une prescription médicamenteuse et pour lesquelles des alternatives thérapeutiques peuvent être proposées.
Voici quelques exemples concrets où des solutions non médicamenteuses se révèlent efficaces :
- les maladies respiratoires comme le rhume : des remèdes simples comme une bonne hydratation et/ou des lavages de nez réguliers suffisent pour soulager les symptômes. Pour rappel, un rhume dure en moyenne 7 à 10 jours, que l’on prenne des médicaments ou non.
- les lombalgies : pour les maux de dos, notamment les lombalgies, des solutions comme la kinésithérapie, le yoga, les étirements réguliers ou la marche active sont souvent plus bénéfiques que la prise d'anti-inflammatoires. Le mouvement et l’activité physique jouent un rôle clé dans la guérison. Lire l’article « Lombalgie aiguë, les messages clés pour vos patients » sur ameli.fr.
- les troubles du sommeil : 15 à 20 % de la population française souffre d’insomnies et environ 2,5 millions d’adultes prennent des somnifères (2). Pourtant, ces médicaments peuvent entraîner une dépendance, affecter les capacités cognitives à long terme et entraîner un risque accru de chutes en particulier chez les personnes âgées. L’activité physique, une bonne hygiène du sommeil (horaires réguliers de coucher et de lever, limitation des écrans) ainsi que si besoin l’accompagnement psychologique sont des solutions efficaces et durables. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter dans l’espace assuré les articles « Insomnies : que faire au quotidien pour mieux dormir ? » et « L'activité physique et sportive : un atout essentiel pour le bien-être ».
- la dépression : en France, la dépression concerne environ 3 millions de personnes. La psychothérapie de soutien est un traitement de première intention dans les épisodes dépressifs légers, en amont d’une prise en charge médicamenteuse. De même, l’activité physique peut apporter aussi une réponse reconnue, notamment pour réduire le risque de rechute. Pour aller plus loin, lire l’article « Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte » publié dans l’espace médecin d’ameli.fr
(1) BVA - Étude quantitative auprès d’un échantillon représentatif de la population française - Août 2024.
(2) Source : inserm.fr
« Le bon traitement, c’est pas forcément un médicament », c’est ainsi que l’Assurance Maladie entend frapper les esprits avec une campagne de sensibilisation vers le grand public diffusée à partir du 10 novembre 2024 en TV, radio et affichage digital.
Afin d’accompagner les professionnels de santé dans cette démarche de sobriété médicamenteuse, plusieurs dispositifs et ressources sont à votre disposition :
- en matière d’alternatives thérapeutiques, retrouvez plus d’information sur les dispositifs suivants :
- Mon bilan prévention est un temps d’échange dédié à la prévention aux âges-clé de la vie ;
- Mon soutien psy (article publié dans l’espace médecin d’ameli.fr) propose jusqu’à 12 séances remboursées par an, pour des patients atteints de troubles légers à modérés.
- En direction des patients âgés polymédiqués, le bilan partagé de médication est une offre d’accompagnement portée par le pharmacien, permettant d’évaluer l’observance et la tolérance du traitement, d’identifier les interactions médicamenteuses et de vérifier les conditions de prise et le bon usage des médicaments.
Cet article fait partie du dossier : Santé et prévention
- DMP et Mon espace santé
- Vaccinations
- Mon bilan prévention, un temps d’échange dédié à la prévention
- Remise du kit de dépistage du cancer colorectal en officine : mode d'emploi
- Réalisation du test rapide d’orientation diagnostique (Trod) angine à l’officine
- Dépistage des cystites simples à l’officine
- Paracétamol : sécurisation de la dispensation
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