Limiter les risques de mésusage d’Ozempic, médicament réservé aux diabétiques de type 2

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[Mis à jour le 21 avril] Le médicament Ozempic (sémaglutide), commercialisé depuis avril 2019 pour le traitement du diabète de type 2 et disponible uniquement sur ordonnance, fait l’objet d’un usage détourné chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance Maladie ont mis en place une surveillance renforcée de l’utilisation d’Ozempic et alertent les professionnels de santé.

Estimation du mésusage d’Ozempic

Les données du Système national des données de santé (SDNS) extraites pour la période du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022 font état de 215 000 patients ayant eu recours à la spécialité Ozempic. Parmi eux, l’Assurance Maladie estime que 2 185 peuvent être considérés comme non diabétiques (1).
Ainsi, sur la base des seules données de remboursement, le mésusage potentiel pour la spécialité Ozempic est estimé à environ 1 %.

L'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAEPS) alerte quant à une recrudescence d'obtentions illicites, à l'aide de fausses prescriptions, de plusieurs produits de santé utilisés en diabétologie, parmi lesquels le médicement Ozempic.

Dispositif de surveillance renforcée

L’ANSM et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie ont mis en place une surveillance régulière active de l’utilisation d’Ozempic par le suivi :

  • des données de vente et de remboursement issues du SNDS ;
  • des signalements d’usage non conforme et des déclarations d’effets indésirables effectués auprès des centres régionaux de pharmacovigilance.

Ce suivi permettra d’évaluer si des mesures complémentaires doivent être mises en œuvre.

Limiter les risques d’usage détourné

Les médecins sont tenus de ne prescrire Ozempic qu’en cas de diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, conformément à l’indication de son autorisation de mise sur le marché (AMM).

Les pharmaciens appelés à la plus grande vigilance lors de la délivrance d’Ozempic afin de détecter d’éventuelles ordonnances falsifiées (ajout d'un médicament, fautes d'orthographe, anomalies, etc.) ou des prescriptions hors indication AMM.

En cas de doute ou de prescription hors AMM, ils sont autorisés à refuser de délivrer le médicament. Dans ce cas et si possible, le médecin à l’origine de la prescription doit être contacté.

Actions à mener en cas de suspicion de fausse ordonnance

  • Collecter les éléments permettant d'identifier et de retrouver la personne qui s'est présentée au comptoir, notamment :
    • en faisant une photocopie des documents présentés (ordonnance, attestation de l'Assurance Maladie ;
    • en conservant et en archivant immédiatement les images de vidéosurveillance ;
    • en gardant un éventuel numéro de téléphone portable qui aurait été communiqué.
  • Déposer plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie du secteur et lui indiquer de contacter l'OCLAEPS qui assure un suivi des ces affaires ([email protected])
  • Déclarer les ordonnances suspectes, y compris celles émanant d'une plateforme ou application de téléconsultation, auprès de l'agence régionale de santé dont la pharmacie dépend, ou refuser une délivrance en cas de doute.

Le détournement de ce médicament à des fins d’amincissement peut accentuer les tensions d’approvisionnement liées à l'accroissement de la demande mondiale d'Ozempic, et ainsi avoir un impact direct sur sa disponibilité pour les patients diabétiques pour lesquels ce traitement est essentiel.

Le mésusage d’Ozempic peut par ailleurs entraîner des effets indésirables potentiellement graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies.

(1) Les patients sont considérés comme non diabétiques lorsqu’ils ne bénéficient pas d’une exonération du ticket modérateur au titre de l’affection de longue durée diabète ou lorsqu’ils ont réalisés moins de 2 tests HbA1c sur la période étudiée.

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