État dépressif caractérisé (EDC) du sujet âgé
Publié dans : Seniors
18 juin 2024
Chez le sujet âgé les intrications sont fortes entre troubles somatiques et psychiques, d’autre part la polypathologie est fréquente.
Une prise en charge globale et pluridisciplinaire est donc indispensable :
- évaluation gériatrique ;
- recherche d’affection organique sous-jacente ;
- recherche de troubles neurocognitifs associés, d’addictions, d’iatrogénie.
Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.
Pour vous aider dans la prise en charge de vos patients, consultez l'article « Prise en charge de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) chez le sujet âgé de 65 à 75 ans ».
Le risque suicidaire est très élevé pour cette tranche d’âge, il faut l’évaluer avec des questions du type :
- Pensez-vous au suicide ?
- Avez-vous pensé à des moyens pour le faire ?
- Avez-vous pensé à quel moment le faire ?
Le risque suicidaire doit être évalué via les 3 axes suivants : Risques - Urgence - Dangerosité (RUD)
Facteurs de risque | Individuels/ personnels |
les antécédents suicidaires personnels et familiaux |
santé mentale : diagnostic de trouble mental (troubles affectifs, troubles de la personnalité, psychose), abus ou dépendance à l’alcool ou aux drogues | ||
difficultés dans le développement : difficultés personnelles et sociales au cours de l’enfance et de l’adolescence | ||
estime de soi : faible ou fortement ébranlée | ||
tempérament et style cognitif : présence de comportements agressifs, impulsivité, rigidité de la pensée, difficultés à résoudre un problème et trouver des solutions | ||
santé physique : problèmes de santé physique qui affectent la qualité de vie | ||
familiaux : antécédents de violence ou abus subis (physique ou sexuel), pertes et abandons précoces, négligence des parents, toxicomanie et alcoolisme des parents, antécédents suicidaires dans la famille, santé mentale des parents | ||
Événements de vie : élément déclencheur : l’élément récent qui amène la personne en état de crise | situation économique : pauvreté économique | |
isolement social : le réseau social est inexistant ou pauvre | ||
séparation ou perte récente qui affecte encore le patient | ||
difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles, placement durant l’enfance/adolescence | ||
contagion suite à un suicide : la personne est affectée par un suicide récent | ||
difficultés avec la loi (infractions, délits) | ||
pertes, échecs ou événements humiliants | ||
Urgence | passage à l’acte imminent et planifié : dans les heures ou jours qui viennent : a pris des dispositions en vue d'un passage à l'acte, a communiqué intention à un tiers | |
scénario élaboré (comment, où) | ||
n'envisage pas d'alternative au suicide | ||
Danger | accessibilité du moyen létal envisagé | |
létalité élevé du moyen envisagé |
Des questionnaires existent pour aider au repérage de la dépression tels que le Geriatric Depression Scale (GDS) ou mini GDS, en cas de troubles cognitifs associés il s'agit du Cornell Scale for Depression in Dementia (CSDD).
Il existe également des questionnaires permettant de rechercher des troubles neurocognitifs associés tel que le General Practitioner-Cognition (GP-Cog) et d’apprécier l’autonomie fonctionnelle (échelles IADL et ADL).
Diagnostics différentiels non psychiatriques de l’épisode dépressif caractérisé :
- l’usage, l’abus, la dépendance, le sevrage de certains médicaments, ainsi que la polymédication chez le sujet âgé ;
- l’usage, l’abus, la dépendance, le sevrage de substances psychoactives (incluant le sevrage du tabac) ;
- d’autres maladies somatiques, notamment : hypothyroïdie, maladies neurodégénératives (Parkinson, encéphalopathie hypertensive par exemple).
Personnes âgées : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale
Télécharger ce tableau sous format PDF facilement imprimable en haute définition.
Les mesures hygiéno-diététiques suivantes à conseiller à vos patients sont :
- une quantité de sommeil suffisante à respecter : vous avez à votre disposition le mémo « J'apprends à bien dormir : quelques conseils simples et naturels pour un sommeil de qualité (PDF) destiné à vos patients ;
- bon équilibre alimentaire ;
- tempérance ou abstinence vis-à-vis de l’alcool, du café, du tabac et de drogues ;
- technique de relaxation, de gestion du stress ;
- pratique d’une activité physique adaptée ;
- lutte contre isolement ;
- implication familiale et des aidants ;
- poursuite des activités vécues comme intéressantes ou plaisantes.
La psychothérapie est le traitement de référence de 1re intention en l’absence de signe de gravité.
Les psychothérapies (individuelles, familiales ou de groupe) les plus usuelles et ayant fait leur preuve d’efficacité sont :
- la thérapie de soutien ;
- les psychothérapies structurées :
- les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ;
- les psychothérapies psychodynamiques ou d’inspiration analytique ;
- les thérapies systémiques ou familiales ;
- les thérapies interpersonnelles (TIP).
Le choix entre ces différentes thérapies est fait selon les symptômes et les préférences du patient.
La thérapie de soutien
Il s'agit d'une thérapie non codifiée dans sa technique, car non directive. Elle est basée sur l'empathie, la confiance, le soutien. Elle comprend une dimension de conseil, d'information et d'explications, permettant une compréhension partagée de la problématique du patient.
Une écoute active facilitant l'expression du patient peut en faire un outil thérapeutique à part entière vers un changement comportemental, affectif ou émotionnel.
Elle peut être réalisée par un médecin généraliste formé ou un psychiatre ou un psychologue clinicien, ou un psychothérapeute.
Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique
Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.
En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.
Consulter la liste des psychologues conventionnés.
Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné ».
Le recours à des psychologues peut également se faire :
- en libéral sur www.sante.fr ;
- au sein de centres médico-psychologiques (CMP).
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration;
En libéral : consulter la liste des professionnels et des offres de soins proche du lieu de domicile de vos patients (lire le dernier paragraphe de l’article « Près de chez vous »).
Il existe aussi l’annuaire du site sante.fr qui permet de rechercher un psychiatre près du lieu de domicile du patient. Autre ressource possible à fournir à vos patients : la liste des centres médico-psychologiques (CMP).
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Il convient d’avoir une vigilance accrue du fait des comorbidités fréquentes, du risque d’interactions médicamenteuses et d’effets secondaires. Il faut systématiquement penser iatrogénie vis-à-vis des molécules à effet anticholinergiques : risque de chute, d’épisode de confusion.
Un traitement par antidépresseur doit être envisagé si épisode dépressif modéré à sévère pour une durée minimale de 12 mois après amélioration (la réponse aux antidépresseur est plus lente) et le traitement doit être instauré de manière progressive.
Lire l’article « Prise en charge de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) chez le sujet âgé de 65 à 75 ans ».
Si besoin, les hypnotiques et anxiolytiques peuvent être d’une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription, préférer les molécules à demi-vie courte.
Lire l’article sur les benzodiazépines.