Troubles anxieux ou syndrome dépressif durant la grossesse

Publié dans : Maternité et périnatalité

La prévalence des troubles de l’humeur et des troubles anxieux en période périnatale est proche de la prévalence en dehors de la grossesse.

Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patientes.

Les visites de suivi de la grossesse : 7 consultations prénatales programmées du 3e au 9e mois, auxquelles s’ajoute à partir du 4e mois l’entretien prénatal précoce (EPP), sont des occasions de rechercher des troubles anxieux ou dépressifs.

Pour en savoir plus, lire l'article « Suivi et accompagnement de la femme pendant la grossesse et après l’accouchement ».

Les stratégies diagnostiques selon l’intensité des troubles pendant la grossesse sont identiques à celles de la femme non enceinte. Consultez la rubrique « adulte troubles anxieux et dépressifs ».

Maternité, périnatalité : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale

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Les mesures hygiéno-diététiques suivantes sont conseillées :

  • préservation du sommeil : les troubles du sommeil durant la grossesse gagnent à faire l’objet d’une évaluation spécifique (agenda du sommeil par exemple) pour permettre de caractériser les troubles et de proposer des mesures hygiéno-diététiques en 1re intention avant de prescrire toute molécule.
  • bon équilibre alimentaire et zéro alcool, lire la rubrique « Grossesse et alimentation », publié dans l’espace assuré d’ameli.fr ;
  •  pas de tabac, ni de drogue, lire l'article « Tabac, drogues et grossesse », publié dans l’espace assuré d’ameli.fr ;
  • technique de relaxation, de gestion du stress ;
  • pratique régulière d’une activité physique adaptée, lire la rubrique  « Grossesse et activité physique  » publié dans l’espace assuré d’ameli.fr ;
  • lutte contre isolement.

La psychothérapie est le traitement de référence de 1ere intention en l’absence de signe de gravité.

Les psychothérapies (individuelles, familiales ou de groupe) les plus usuelles et ayant fait leur preuve d’efficacité sont :

  • la thérapie de soutien ;
  • les psychothérapies structurées :
    • thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ;
    • psychothérapies psychodynamiques ou d’inspiration analytique ;
    • thérapies systémiques ou familiales ;
    • thérapies interpersonnelles (TIP).

Le choix entre ces différentes thérapies est fait selon les symptômes et les préférences du patient.

La thérapie de soutien

Il s'agit d'une thérapie non codifiée dans sa technique, car non directive. Elle est basée sur l'empathie, la confiance, le soutien. Elle comprend une dimension de conseil, d'information et d'explications, permettant une compréhension partagée de la problématique du patient.

Une écoute active facilitant l'expression du patient peut en faire un outil thérapeutique à part entière vers un changement comportemental, affectif ou émotionnel.

Elle peut être réalisée par un médecin généraliste formé ou un psychiatre ou un psychologue clinicien, ou un psychothérapeute.

Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique

Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.

En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.

Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.

Consulter la liste des psychologues conventionnés.

Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné : le dispositif Mon soutien psy ».

Le recours à des psychologues peut également se faire :

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article. 

Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration.


Il existe aussi l’annuaire du site sante.fr qui permet de rechercher un psychiatre près du lieu de domicile du patient. Autre ressource possible à fournir à vos patients : la liste des centres médico-psychologiques (CMP).

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.

Le traitement médicamenteux est à réserver aux situations où la prise en charge non médicamenteuse ne suffit pas et doit être adapté à la grossesse. L’équipe obstétricale doit être tenue informée de l’instauration d’un traitement médicamenteux.

En prénatal

Pour une action anxiolytique, les molécules à privilégier sont :

  • l’oxazepam (ponctuellement, dose efficace la plus faible) ;
  • l’hydroxyzine (dose inférieure à 100 mg).

Pour une action hypnotique :

  • la molécule à proposer en 1ere intention est la doxylamine ;
  • l’utilisation du zopiclone et du zolpidem ne présente pas de risque malformatif mais à limiter à une utilisation ponctuelle.

Ces molécules n’induisent pas de risque malformatif mais leurs effets sur le fœtus se concentrent en fin de grossesse (risque d’imprégnation en néonatal et risque de syndrome de sevrage) : il est conseillé de diminuer ces traitements en fin de grossesse si l’état de la patiente le permet et d’informer la maternité pour adapter la prise en charge du nouveau-né.

En fonction du niveau de sévérité, s’il est strictement nécessaire, un traitement par antidépresseur peut être mis en place. Les antidépresseurs suivants peuvent être utilisés quel que soit le terme :

  • pour les ISRS : fluoxétine, sertraline, paroxétine, citalopram, escitalopram ;
  • pour les IRSN : venlafaxine ;
  • pour les imipraminiques : clomipramine, amitriptyline, imipramine.

Au moindre doute sur la prescription de traitement durant la grossesse, consulter le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT).

L’équipe obstétricale doit être informée du traitement antidépresseur de la femme enceinte.

La diminution des posologies pour éviter chez le nouveau-né les effets anticholinergiques (cognitifs, cardiaques et digestifs) des antidépresseurs imipraminiques à fortes doses et le syndrome d’arrêt des antidépresseurs est à mettre en balance avec les risques de rechute ou de récidive chez la mère.

Une surveillance néonatale est instaurée dans les jours qui suivent l’accouchement.

L’indication d’allaitement chez une femme traitée par antidépresseurs durant la grossesse doit être discutée en fonction du rapport bénéfices/risques pour la mère et l’enfant.

Pour aller plus loin, consulter les recommandations de bonnes pratiques de la HAS (à partir de la page 24).

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