Dépression d'intensité moyenne
Publié dans : Adultes
18 juin 2024
La dépression est l'une des maladies les plus répandues en France. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), une personne sur 5 connaîtra un épisode dépressif dans sa vie, souvent d’intensité légère à modérée.
La prise en charge des épisodes dépressifs est essentiellement assurée par le médecin généraliste, le plus souvent seul. Ces consultations nécessitent de développer une alliance thérapeutique en adoptant une alliance thérapeutique en développant une attitude de compréhension, d’empathie, de confiance, de soutien, d’écoute et d’information.
Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.
Pour tout savoir sur la prise en charge de cette pathologie, lire l’article « Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte ».
Échelles et questionnaires : l’échelle PHQ9 (PDF) peut vous aider pour le diagnostic et/ou pour évaluer la sévérité de l’épisode dépressif.
Le risque suicidaire doit être évalué via les 3 axes suivants :
Risques - Urgence - Dangerosité (RUD)
Facteurs de Risque | Individuels/ personnels |
les antécédents suicidaires personnels et familiaux |
santé mentale : diagnostic de trouble mental (troubles affectifs, troubles de la personnalité, psychose), abus ou dépendance à l’alcool ou aux drogues | ||
difficultés dans le développement : difficultés personnelles et sociales au cours de l’enfance et de l’adolescence | ||
estime de soi : faible ou fortement ébranlée | ||
tempérament et style cognitif : présence de comportements agressifs, impulsivité, rigidité de la pensée, difficultés à résoudre un problème et trouver des solutions | ||
santé physique : problèmes de santé physique qui affectent la qualité de vie | ||
Événements de vie : élément déclencheur : l’élément récent qui amène la personne en état de crise | familiaux : antécédents de violence ou abus subis (physique ou sexuel), pertes et abandons précoces, négligence des parents, toxicomanie et alcoolisme des parents, antécédents suicidaires dans la famille, santé mentale des parents | |
situation économique : pauvreté économique | ||
isolement social : le réseau social est inexistant ou pauvre | ||
séparation ou perte récente qui affecte encore le patient | ||
difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles, placement durant l’enfance/adolescence | ||
contagion suite à un suicide : la personne est affectée par un suicide récent | ||
difficultés avec la loi (infractions, délits) | ||
Urgence | pertes, échecs ou événements humiliants | |
passage à l’acte imminent et planifié : dans les heures ou jours qui viennent : a pris des dispositions en vue d'un passage à l'acte, a communiqué intention à un tiers | ||
scénario élaboré (comment, où) | ||
Danger | n'envisage pas d'alternative au suicide | |
accessibilité du moyen létal envisagé |
Il est possible en tant que professionnel de santé de contacter le 3114, le numéro national de prévention du suicide (24 h/24, 7j/7) pour un avis spécialisé. Les réponses sont assurées par des professionnels spécifiquement formés (infirmiers ou psychologues) et le Samu en cas de risque vital.
Adulte : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale
Télécharger ce tableau sous format PDF facilement imprimable en haute définition.
Les mesures hygiéno-diététiques suivantes à conseiller à vos patients sont :
- une quantité de sommeil suffisante à respecter : vous avez à votre disposition le mémo « J'apprends à bien dormir : quelques conseils simples et naturels pour un sommeil de qualité (PDF) destiné à vos patients et des ressources dans la rubrique « Insomnie chez l’adulte » publiée dans l’espace assuré d’ameli.fr ;
- un bon équilibre alimentaire ;
- une tempérance ou abstinence vis-à-vis de l’alcool, du café, du tabac et de drogues ;
- des techniques de relaxation, de gestion du stress ;
- une pratique régulière de l’exercice physique ;
- la lutte contre isolement.
La psychothérapie est recommandée, quelle que soit la sévérité de l’épisode dépressif caractérisé. Elle peut être la seule prise en charge dans les épisodes dépressifs caractérisés légers à modérés, ou être associée à un médicament antidépresseur dans les formes plus graves de dépression.
Pour aller plus loin, lire l’article « Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte », en particulier le paragraphe dédié à la prise en charge thérapeutique et le suivi.
Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique
Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.
En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.
Consulter la liste des psychologues conventionnés.
Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné : le dispositif Mon soutien psy ».
Le recours à des psychologues peut également se faire :
- en libéral sur www.sante.fr ;
- au sein de centres médico-psychologiques (CMP).
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
La thérapie de soutien
Il s'agit d'une thérapie non codifiée dans sa technique, car non directive. Elle est basée sur l'empathie, la confiance, le soutien. Elle comprend une dimension de conseil, d'information et d'explications, permettant une compréhension partagée de la problématique du patient.
Une écoute active facilitant l'expression du patient peut en faire un outil thérapeutique à part entière vers un changement comportemental, affectif ou émotionnel.
Elle peut être réalisée par un médecin généraliste formé ou un psychiatre ou un psychologue clinicien, ou un psychothérapeute.
Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration.
En libéral : consulter la liste des professionnels et des offres de soins proche du lieu de domicile de vos patients (lire le dernier paragraphe de l’article « Près de chez vous »).
Il existe aussi l’annuaire du site sante.fr qui permet de rechercher un psychiatre près du lieu de domicile du patient. Autre ressource possible à fournir à vos patients : la liste des centres médico-psychologiques (CMP).
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Un traitement par antidépresseur peut être envisagé d’emblée selon l’impression clinique du médecin ou le choix du patient pour une durée minimum de 6 mois à partir de l’amélioration et à dose efficace.
Une réévaluation à 4 à 8 semaines est nécessaire.
Si besoin des hypnotiques et des anxiolytiques peuvent être d’une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription si le tableau clinique le nécessite.
Pour vous aider, consultez :
- la fiche de la HAS sur le bon usage des médicaments intitulée « Quelle place pour les benzodiazépines dans l’anxiété ? » ;
- la fiche de la HAS « Épisode dépressif caractérisé de l’adulte : prise en charge en premier recours ».
Il convient d’évaluer si le contexte de travail est un facteur aggravant ou apaisant.
Dans le cas où le travail est un facteur protecteur, le maintien en emploi peut être thérapeutique. Dans le cas de difficultés dans le cadre professionnel, l’arrêt de travail a plusieurs fonctions : prendre du recul sur la situation, préparer la suite, reconstituer ses ressources physiques et psychiques.
2 options pour la prescription de l’arrêt :
- un arrêt court de 1 à 2 semaines avec réévaluations programmées entre 3 et 7 jours (permet de réévaluer les critères de gravité) ;
- ou un arrêt de 1 mois d’emblée avec réévaluations hebdomadaires au cours de l’arrêt.
Cette stratégie implique de rassurer le patient en lui expliquant que l’arrêt de travail sera prolongé si cela est nécessaire, car il faut éviter de générer une angoisse d’anticipation d’une reprise.
Pour vous aider, vous pouvez :
- consulter le mémo du Collège de médecine générale (CMG) ;
- lire l'article « Place de l’arrêt de travail dans le trouble anxiodépressif et la dépression ».
Arrêt de travail : prévenir, prescrire, accompagner la reprise - EDC d'intensité moyenne (vidéo)
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Arrêt de travail : prévenir, prescrire, accompagner la reprise
Épisode dépressif caractérisé d’intensité moyenne : homme 41 ans - Agent de sécurité
[La scène se passe dans un bureau dans une entreprise]
[Un médecin généraliste appelé Maxime est en train d’écrire à son bureau et est rejoint par sa consœur Julia, également médecin généraliste]
La consœur médecin généraliste luit dit : Ah ! Je suis contente. Je viens de voir un patient qui a fait une dépression. On peut dire qu’il m’aura bien inquiété celui-là.
Le confrère médecin généraliste répond : Il va mieux ?
Elle lui répond : Ouais ! Il remonte la pente. Il vient enfin de reprendre le travail à temps plein, après 4 mois d’arrêt.
L’homme : Ah ouais ! 4 mois, c’est long !
La femme : Ah ! Pas dans son cas ! Quand sa femme l’a quitté, il était vraiment mal au début.
Alors heureusement pas d’idées suicidaires. Mais il avait quand même perdu 5 kg. Il ne sortait pas de chez lui.
Il passait tous les week-ends chez ses parents pour assurer la garde de ses enfants.
Il a même failli démissionner de son poste d’agent de sécurité tellement il ne sentait plus à la hauteur.
L’homme : Ah ouais ! Je vois. Et comment tu lui as dit ?
La femme : Déjà en lui faisant accepter l’arrêt de travail et puis on a convenu que je le vois une fois par semaine en thérapie de soutien.
L’homme : Ah oui, c’est vrai que t’as fait une formation à la psychothérapie !
Moi, je t’avoue que j’ai un peu de mal avec les pathologies mentales.
La femme : Faut absolument que je te donne les coordonnées d’une très bonne psychologue.
C’est elle que je conseille à tous mes patients quand je n’ai pas le temps de les suivre en thérapie.
L’homme : Je veux bien, merci. Et pour en revenir à ton patient, la thérapie à fonctionnée ?
La femme : Ouais, j’ai réussi à établir une bonne relation avec lui, mais j’ai quand même dû lui prescrire un antidépresseur après quelques séances.
L’homme : Ah bon ! Insomnie, anxiété, rumination !
La femme : Insomnie surtout ! Et puis, il ne reprenait pas assez de poids !
Il a quand même fallu plus d’un mois avant que je commence à voir des améliorations.
Puis progressivement, il s’est mis à sortir un peu plus, à s’occuper tous seul de ses enfants.
Et il y a un mois, il est même sorti avec des collègues.
L’homme : Ben ça, c'est un bon signal en général.
La femme : Ouais, il remonte la pente. Pendant cette période, je me suis entretenue avec le Médecin-conseil et on a jugé qu’il était prêt pour une visite de pré-reprise chez le médecin du travail pour organiser sa reprise.
Alors au début, mon patient était un peu réticent, il avait peur d'être stigmatisé, mais j'ai réussi à le convaincre que c’était dans son intérêt.
L’homme : Et vous avez mis en place un temps partiel thérapeutique ?
La femme : Ouais tout à fait ! Sur une période de 15 jours pour qu'il reprenne le rythme et le médecin du travail a aussi jugé qu'il fallait qu'il passe en horaires de jour parce que son sommeil était trop fragile.
L’homme : Ça doit lui faire du bien de retourner au boulot ! Moins de cogitation, plus de sujets de réflexion.
La femme : Ah ben écoute, j’espère. En tout cas, aujourd’hui, ça fait une semaine qu’il a repris à temps plein, j’ai l’impression que ça se passe bien.
Je l’ai trouvé plus dynamique. Mais je vais quand même continuer à le suivre sur plusieurs mois pour éviter une rechute.
[Affichage d’une synthèse de la prise en charge du patient]
[Remerciements à Elian Bimbocci (Maxime) et Sonia Imbert (Julia)]
[Logo : Nell & ASSOCIÉS] [logo : Assurance Maladie]
L’arrêt de travail présente des effets secondaires : l’isolement d’abord, puis le risque de chronicisation et de désinsertion professionnelle lorsque l’arrêt se répète ou se prolonge. Il est conseillé d’avoir dès le début un objectif partagé avec le patient de retour à l’emploi.
Pour prévenir ce risque, plusieurs solutions existent :
- orienter votre patient vers son médecin de santé du travail pour une visite médicale ou une visite de préreprise ;
- prendre contact avec le médecin-conseil via la messagerie sécurisée de votre espace amelipro pour échanger sur la situation et les dispositifs mobilisables : temps partiel thérapeutique, action de remobilisation pendant l’arrêt de travail, invalidité… ;
- orienter votre patient vers le service social de l’Assurance Maladie via le 3646 (service gratuit + prix de l’appel).
Pour aller plus loin, lire l’article « Accompagner la reprise du travail ».
Réagir face à une suspicion de dépression.
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[au cœur de votre pratique - LE DECRYPTAGE]
[Dépression : quelle prise en charge ?]
[Réagir face à une suspicion de dépression]
[Un homme fait la présentation du thème de cette vidéo]
Comment réagir, lorsque vous suspectez une dépression chez un de vos patients ?
[Apparition d’une bulle : Diagnostic clinique initial]
Commencez par établir le diagnostic clinique initial.
Cela vous permettra de confirmer s’il s’agit bien d’une dépression et d’évaluer sa gravité.
[Apparition d’une bulle : Les questionnaires de diagnostic]
Pour cela appuyez sur les questionnaires de diagnostic.
Le traitement de référence repose sur la psychothérapie seule dans les états dépressifs caractérisés d’intensité légère, associée à des antidépresseurs pour les états dépressifs d’intensité moyenne, avec risques suicidaires et/ou auto-dévalorisation, et/ou ralentissement idéomoteur marqué.
La prescription initial d’un arrêt de travail doit être raisonnée.
Évitez de considérer l’arrêt de travail comme l’unique traitement
[Apparition d’une bulle : Un suivi rapproché]
et mettez en place un suivi rapproché.
Il convient ainsi d’établir un projet thérapeutique incluant la programmation de la reprise du travail.
[Apparition d’une bulle : Le travail Facteur aggravant ou protecteur]
Déterminez si le travail est un facteur aggravant ou protecteur pour votre patient.
Dans le cas où le travail est un facteur protecteur, le maintien en emploi peut être thérapeutique.
Dans le cas où le travail est un facteur aggravant, il convient d’orienter le patient vers une visite de pré-reprise avec le médecin du travail, afin d’évaluer sa capacité de reprise et d’organiser les conditions de son retour.
Enfin, quand vous prescrivez des antidépresseurs, veillez à la bonne observance du traitement jusqu’à son terme.
La prescription d’antidépresseur doit couvrir une période de 6 mois minimum.
Les états dépressifs caractérisés d’intensité sévère nécessitent une prise en charge spécialisée, en raison du risque suicidaire élevé.
[Logo : Nell & ASSOCIÉS] [logo : Assurance Maladie]