Troubles du neurodéveloppement : généralités et points communs

Publié dans : Enfants (4 à 9 ans)

Dans le cadre de la prise en charge de l’enfant, il est nécessaire de continuer à rechercher des troubles du développement pour pouvoir intervenir le plus tôt possible.

Les troubles du neurodéveloppement (TND) sont définis par les 4 critères suivants :

  • présence d’un déficit dans l’un des domaines du développement (langage, motricité, habiletés sociales…) ;
  • retentissement fonctionnel dans différents contextes (familial, scolaire, social…) ;
  • début des troubles précoce dans l’enfance mais difficultés durables dans le temps ;
  • spécificité : pas mieux expliqué par un autre trouble notamment neurologique (épilepsie par exemple) ou un déficit sensoriel (surdité par exemple) ou un environnement peu stimulant.

Le diagnostic d’un TND s’effectue en 2 temps :

  1. Il s’agit de distinguer d’abord une simple variante du développement ordinaire d’un trouble du neurodéveloppement (intérêt d’une réévaluation à 6 mois pour confirmer).
  2. Puis il convient de préciser le type exact de trouble du neurodéveloppement (attention plusieurs TND peuvent coexister).

Les TND regroupent différents diagnostics :

Ces troubles du neurodéveloppement peuvent être fréquemment associés entre eux (près de 2/3 des cas).

De plus, chez les enfants présentant des TND, les autres troubles psychiatriques (troubles anxieux, troubles de l’humeur et troubles du comportement) sont plus fréquents qu’en population générale (mais émergent pour les troubles anxieux et les troubles de l’humeur plutôt après l’âge de 10-12 ans). 

Les signes d’appel de TND peuvent être repérés par :

  • le médecin traitant : existence d’un décalage dans les acquisitions par rapport à la population générale (grilles d’acquisition du carnet de santé) ou non-progression des acquisitions ou régression des acquisitions ;
  • les parents : il faut prendre au sérieux les doutes des parents et ne pas rassurer à tort ;
  • tout professionnel connaissant bien l’enfant : enseignant, médecin scolaire, soignant de la protection maternelle et infantiles (PMI).

En cas de signe d’appel, le médecin généraliste peut planifier une consultation de 1re ligne : il s’agit d’une consultation longue, dédiée à explorer ces signes d’appel et ainsi que tous les autres champs du développement de l’enfant (cotation longue CTE : Consultation de repérage des troubles de l’enfant, au tarif de 60 € en métropole, et de 72 en Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte).

À cette occasion, le médecin peut suivre les étapes suivantes :

  • instaurer une relation de confiance avec les parents ;
  • recueillir les informations (environnement, mode de vie…) et les antécédents médicaux et psychiatriques (familiaux et personnels), le déroulement de la grossesse et de l’accouchement, les principales étapes du développement de l’enfant (langagier, social, psychomoteur…), le parcours préscolaire et scolaire (mode de garde, crèche, garderie, école maternelle) ;
  • noter les inquiétudes parentales et les difficultés de l’enfant ainsi que les évaluations ou prises en charge déjà entreprises dans ce sens-là ;
  • tenir compte des spécificités culturelles et linguistiques de l’enfant et de sa famille dans l’évaluation (sans mésestimer les inquiétudes parentales).
  • procéder à l’examen somatique complet, avec une attention particulière aux signes neurologiques et morphologiques : périmètre crânien ++, examen cutané, abdominal, et aux troubles auditifs ou visuels associés, en utilisant les repères du carnet de santé ;
  • rechercher des éléments pouvant entraîner des retraits autistiques: douleurs somatiques sévères (crises vaso-occlusives dans le cadre de la drépanocytose), exposition à de la maltraitance (intra ou extra-familiale) ;
  • apprécier le développement psychomoteur dans 5 domaines du développement par rapport à l’âge en utilisant les repères du carnet de santé :
    • motricité globale ;
    • motricité fine ;
    • langage expressif (production) ;
    • langage réceptif (compréhension) ;
    • socialisation / réciprocité sociale.
  • rechercher également des :
    • facteurs de haut risque de TND (notamment les antécédents familiaux de TND notamment au 1e degré, la prématurité) ;
    • difficultés au niveau des fonctions instinctuelles (alimentation, sommeil, propreté) - les difficultés de sommeil sont le plus souvent la première plainte parentale (refus des siestes par exemple) ;
    • particularités sensorielles (comme une hypersensibilité aux bruits) ou comportementales (comme des centres d’intérêt inhabituels ou envahissants) ;
    • difficultés émotionnelles (intolérance à la frustration, labilité émotionnelle, irritabilité, crises de colère…).
  • repérer et valoriser les compétences de l’enfant ;
  • informer et écouter les parents, reconnaît leurs compétences, et leur connaissance de leur enfant pour qu’ils comprennent l’enjeu d’une aide précoce et qu’ils acquièrent une confiance suffisante en leur capacité à s’occuper d’un enfant différent.

Cette démarche permettra d’identifier des signes d’alerte.

Il est possible de s’appuyer sur :

  • le site dédié au handicap du gouvernement, qui met à disposition de la documentation d’aide au repérage précoce :
    • « Repérer un développement inhabituel chez les enfants de moins de 7 ans » ;
    • « Repérage autisme et TND-enfants de 7 à 12 ans volet médecin » : en effet, certains TND comme les troubles DYS (qui rassemblent notamment la dyslexie, ou la dyspraxie) ou le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ne sont pas détectés avant 6 ans. C’est pourquoi le champ d’intervention des plateformes (dispositifs de repérage et d’intervention précoce, prise en charge des frais a été étendu jusqu’aux enfants de 12 ans).
  • l’outil de repérage des TND en ligne pour les enfants jusqu’à l’âge de 7 ans.

Enfant : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale 

Télécharger ce tableau (3 pages) sous format PDF facilement imprimable en haute définition.

Les mesures suivantes à conseiller sont :

La prise en charge des enfants ayant un TND est pluridisciplinaire et adaptée aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS).

Selon le type de TND et le tableau clinique, il est nécessaire de mettre en place :

  • des prises en charge rééducatives avec des orthophonistes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychomotriciens, neuropsychologues, ou orthoptistes ;
  • en cas de points d’appel, des évaluations avec un ophtalmologue, un ORL, un neuropédiatre ou un pédopsychiatre connaissant bien le développement de l’enfant aux âges précoces.

Et ce dès la détection de signes d’alerte, sans attendre la certitude diagnostique pour permettre un enrichissement de son environnement, une stimulation.

Mobilisation pluridisciplinaire
Trouble du tonus et du développement de la motricité ou de la posture kinésithérapie, ergothérapie, psychomotricité
Trouble de l'oralité alimentaire et verbale orthophonie, kinésithérapie, psychomotricité, ergothérapie
Trouble de la communication et du langage orthophonie, ORL
Trouble visuel orthoptie, ophtalmologie
Trouble du comportement : anxiété, inhibition, agitation, troubles de la régulation émotionnelle et des conduites psychomotricité, éducation spécialisée, psychologie ou pédopsychiatrie
Trouble de la coordination isolée (maladresse) ergothérapie, psychomotricité
Trouble de la motricité fine ergothérapie, psychomotricité en fonction de l'âge
Difficultés graphiques, environnementales et besoin d'installation ergothérapie, psychomotricité
Décalage globale des acquisitions (suspicion de trouble du développement intellectuel - TDI) < à 4 ans : orthophonie, psychomotricité
> à 4 ans : orthophonie, psychomotricité puis si possible neuropsychologie
Trouble de l'attention et des fonctions exécutives neuropsychologie, ergothérapie, orthophonie, psychomotricité

Ces orientations se feront selon l'âge de l'enfant et en fonction du maillage territorial et de l'expertise en neurodéveloppement pédiatrique des différents professionnels disponibles.

Les professions surlignées en gras sont à prioriser.

Dès la mise en évidence de signes d'alerte, selon le type de TND, le médecin en soins primaires adresse vers une consultation spécialisée en neurodéveloppement (pédopsychiatre ou neuropédiatre) ou vers une plateforme de coordination et d'orientation (PCO) des TND qui assurent la coordination du parcours de soins et la mise en place d’interventions précoces. Retrouvez les coordonnées des PCO sur www.sante.fr.

Le recours à ces plateformes permet de lever un doute, ou de progresser dans le diagnostic. Il permet également de mettre en place une intervention précoce même dans l’attente du diagnostic.

La demande est validée par le médecin coordonnateur de la PCO dans les 15 jours puis il propose un parcours adapté aux besoins de l’enfant de moins de 7 ans et aux constatations cliniques du médecin traitant.

Les prises de rendez-vous sont assurées par la PCO : auprès de professionnels de structures sanitaires ou médicosociales compétentes, ou de professionnels libéraux conventionnés et non conventionnés ayant contractualisés avec la plateforme, afin que les bilans et interventions se fassent le plus rapidement possible et au plus près du domicile.

Les parents sont accompagnés psychologiquement et dans les démarches administratives si besoin.

Les interventions des professionnels libéraux non conventionnés sont financées par l’Assurance maladie : ces derniers sont rémunérés directement par la plateforme via un forfait d’interventions précoces. Ainsi il n’y a pas d’avance de frais quand le parcours est validé par la PCO.

Il est prévu un renvoi des comptes rendus du premier diagnostic au médecin prescripteur.

Aucun traitement médicament ne doit être initié pour cette tranche d’âge en dehors de l’insomnie dans le cadre de l’autisme et du syndrome de Smith Magenis. En pratique, le Slenyto® (mélatonine) est indiqué pour le traitement de l'insomnie chez les enfants et les adolescents de 2 à 18 ans, présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) et/ou un syndrome de Smith-Magenis, lorsque les mesures d'hygiène du sommeil ont été insuffisantes.

En fonction de la sévérité des manifestations et du retentissement sur la vie sociale, un contact pourra être établi avec la médecine scolaire en amont du début de la scolarité, avec si besoin mise en place de projet d'appui à la scolarisation, voire contact avec la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

Lire aussi l'article « PPS, PAP, PAI, PPRE, GEVASCO : comment préparer la rentrée scolaire ? » sur le site CléPsy.

Il existe plusieurs dispositifs d’écoute dont :

  • les lieux d’accueil enfants-parents (LAEP) : vous trouverez les coordonnées sur le site de la caisse d’allocations familiales (Caf) ;
  • l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), trouver une structure ;
  • la maison de l’autisme.
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