Troubles des conduites alimentaires : anorexie mentale

Publié dans : Adolescents (10 à 19 ans)

L’anorexie mentale est un des troubles du comportement alimentaire (perturbation durable et significative des comportements alimentaires). Elle commence dans la majorité des cas entre 13 et 25 ans. Le sexe ratio est de 1 homme pour 8 femmes.

Elle s’accompagne d’un taux de mortalité élevé avec le taux de suicide le plus important de toutes les maladies psychiatriques.

Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.

Signes d’alerte chez l’adolescent

  • changements de couloir sur la courbe de croissance staturale ou la courbe de poids (courbe IMC en fonction de l’âge) ;
  • retard pubertaire ;
  • aménorrhée (primaire ou secondaire) ou des cycles irréguliers (spanioménorrhée) plus de 2 ans après ses premières règles ;
  • changement de comportement :
    • conduites de restriction alimentaire : comptage des calories, tri alimentaire, exclusions alimentaires, évitement des repas, dissimulation de nourriture ;
    • préoccupations nouvelles pour ce qui a trait à l’alimentation ;
    • préoccupations excessives autour de l’image du corps ;
    • hyperactivité physique ;
    • hyper-investissement intellectuel ;
    • conduites de purge : vomissements provoqués, recours aux laxatifs ou aux diurétiques (en général survient après quelques années d’évolution du trouble pour les plus jeunes ou d’emblée pour les adolescents plus âgés)

L’évaluation doit être psychiatrique et somatique recherchant :

  • une confirmation diagnostique avec les 3 critères diagnostiques du DSM5 :
    • restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins conduisant à un poids significativement bas ;
    • peur intense de prendre du poids et de devenir gros, malgré une insuffisance pondérale ;
    • altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps (dysmorphophobie), faible estime de soi (influencée excessivement par le poids ou la forme corporelle), ou manque de reconnaissance persistant de la gravité de la maigreur actuelle.
  • évaluation de la sévérité / évaluation pronostic :
    • examen clinique complet : poids, taille, IMC, signes de dénutrition, déshydratation, stade pubertaire de Tanner, trouble du rythme cardiaque et/ou insuffisance cardiaque, hypotension orthostatique, malaise, syncope, troubles du transit, douleurs articulaires ou osseuses, examen de la peau et des phanères, état bucco-dentaire.
    • examens paracliniques : ECG, bilan biologique avec NFS, ionogramme, calcémie, phosphatémie, glycémie, vit 25OH-D3, urée, créatinine, clairance de la créatinine, CRP, bilan hépatique complet, bilan d’hémostase.
  • élimination des diagnostics différentiels (pathologies endocriniennes, digestives, tumorales, pathologies psychiatriques, infection par le VIH, tuberculose).
  • recherche de comorbidités psychiatriques et somatiques ;
  • recherche des signes de gravité :
    • psychiatriques : idées suicidaires, tentative de suicide, association à d’autres troubles psychiatriques sévères ;
    • somatiques : aphagie totale, refus de boire, malaise, vomissements incoercibles, perte de poids de plus > 20 % en 3 mois, amyotrophie, hypotension artérielle, hypothermie, bradycardie, hypoglycémies, anomalie à l’ECG, troubles hydro-électrolytiques ou métaboliques sévères, insuffisance rénale, leucopénie ou neutropénie, trouble hépatique.

Il convient de rechercher les critères d’hospitalisation somatiques et psychiatriques. Pour vous aider,  vous pouvez télécharger les recommandations de bonnes pratiques de la HAS « Anorexie mentale : prise en charge ».

L’hospitalisation pourra se faire selon la gravité en hospitalisation de jour ou complète.

En l’absence d’indication à l’hospitalisation, la prise en charge se fera au mieux en ambulatoire et de façon pluridisciplinaire en établissant en accord avec le patient des objectifs pondéraux, nutritionnels et psychothérapeutiques.

Adolescent : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale

Télécharger ce tableau (2 pages) sous format PDF facilement imprimable en haute définition.

Les recommandations sur ce sujet sont à manier avec précautions compte-tenu de l’hyper-contrôle alimentaire et de l’hyperactivité physique. Néanmoins, selon le tableau clinique et l’évolution, vous pouvez délivrer les conseils suivants :

  • qualité et quantité de sommeil à préserver (article dans l'espace assuré) ;
  • pas de consommation d’alcool, du tabac et de drogues, limitation de la consommation de café ;
  • technique de relaxation, de gestion du stress à initier ;
  • lutte contre l’isolement social.

Il doit être proposée au patient comme à sa famille au mieux dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire spécialisée dans ce type de troubles.

La prise en charge psychologique doit être adaptée à l’état médical général, aux capacités et aux souhaits du patient.

Les psychothérapies envisageables (seules ou en association) sont :

  • les thérapies familiales systémiques et les thérapies cognitivo-comportementale (TCC) ont démontré leur efficacité dans ce trouble ;
  • l'éducation thérapeutique (ETP) et de sa famille est indispensable.

Il est recommandé que la psychothérapie choisie soit maintenue au moins 1 an après une amélioration clinique significative.

Le recours à des psychothérapies peut se faire :

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.

Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas de critères de gravité, d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration :

Le suivi psychiatrique se fait dans le cadre de la prise en charge globale multidisciplinaire conjointement avec :

  • un suivi somatique ;
  • un suivi nutritionnel ;
  • un suivi endocrinologique ;
  • un suivi psychologique ;
  • un suivi en éducation thérapeutique.

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.

Il convient de favoriser les prises en charges spécialisées.

Médicamenteux par psychotropes

Uniquement en cas de la présence d’une co morbidités psychiatriques. Attention à la prescription de psychotropes dans ce contexte de trouble ionique potentiel comme l’hypokaliémie par vomissement.

Travail diététique et nutritionnel

En fonction de la sévérité des manifestations et du retentissement sur la vie sociale et scolaire de l’adolescent, un contact pourra être établi avec la médecine scolaire (et après accord écrit des parents pour les mineurs) pour envisager une mise en place de projet d'appui à la scolarisation.

Pour vous aider, lire l'article « PPRE, PAI, PAP, PPS : en quoi consistent les différentes possibilités d'appui à la scolarisation ? » sur le site monparcourshandicap.gouv.

À noter

Il existe des possibilités d’hospitalisations soins-études. Renseignez-vous sur le site de la Fondation Santé des étudiants de France.

Pour trouver de l'aide la Fédération française anorexie boulimie (FFAB) regroupe des spécialistes du dépistage, du diagnostic, de la prise en charge, du traitement et de la recherche sur les troubles des conduites alimentaires (TCA), ainsi que des représentants des fédérations et associations de familles et d'usagers. Une plateforme téléphonique est dédiée à ces problématiques.

Il existe d'autres dispositifs d'écoute pour les adolescents en difficultés dont :

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