Troubles anxieux et troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Les troubles anxieux d’intensité légère à modérée concentrent la majorité des patients et sont pris en charge essentiellement par vous, en médecine générale.
Ces consultations sont consommatrices de temps car elles nécessitent de mettre en place une alliance thérapeutique en développant dans la confiance, une attitude d’écoute, de compréhension, d’empathie et de soutien.
Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.
Diagnostic et outils
L’anxiété, c’est-à-dire la crainte d’un danger, est présente chez tous les individus. C’est une émotion fréquente. Une manifestation d’anxiété n’est pas forcément pathologique. Cependant il faut s’interroger sur l’importance des signes et leur durée. L’impact de l’anxiété est à apprécier avec recherche de conduite d’évitement.
Lorsque ces manifestations sont trop intenses ou envahissantes, on parle de troubles anxieux.
Les troubles anxieux peuvent s’inscrire dans 2 cadres différents.
- En tant que diagnostic spécifique :
- trouble anxieux généralisé
- trouble panique ;
- agoraphobie ;
- phobies spécifiques ;
- phobie sociale ;
- En tant que symptômes associés dans presque tous les tableaux psychiatriques dont il faudra rechercher des signes.
À ces âges, les troubles anxieux peuvent prendre des aspects détournés avec des plaintes floues ou déclencher des comportements à risque.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ne sont plus classés dans les troubles anxieux depuis le DSM-5
Focus sur certains troubles anxieux
Elles se définissent par une crainte irraisonnée ou incontrôlable d’un objet (animal, sang, élément naturel comme l’eau, le vide, les tunnels...) ou une situation bien définie. Cette crainte apparaît comme disproportionnée par rapport à la menace réelle. Là encore le jeune présente :
- anxiété anticipatoire ;
- évitement et état de sidération en présence de l’élément déclencheur.
Lire aussi l’article « Mon enfant souffre d’une phobie : il a peur de certains petits ou grands animaux, de l’orage, des lieux clos ou de la foule, de l’eau, ou encore du sang ou des piqûres. De quoi s’agit-il ? » sur le site CléPsy.
Elles sont peu diagnostiquées avant 15 ans. Mais elles incluent souvent une dimension scolaire sous la forme d’une anxiété de performance qui impacte la trajectoire scolaire ou les activités extrascolaires. Elles peuvent freiner l’engagement du jeune dans ses études ou son activité professionnelle.
Le trouble anxieux généralisé (TAG) est caractérisé par des inquiétudes difficilement contrôlables, qui impactent différents registres de la vie du jeune, et qui durent généralement plus de 6 mois. Parfois les jeunes décrivent de véritables attaques de paniques qui surviennent dans différents contextes. Durant les phases intercritiques, l’anxiété reste élevée et apparaît excessive (non justifiée par des éléments réels).
Focus sur les TOC
Les TOC débutent en général à l’adolescence. Le diagnostic repose sur la présence d’obsessions et/ou de compulsions avec un impact sur le fonctionnement du jeune.
Les obsessions sont des pensées, des pulsions, des images mentales, récurrentes et persistantes, ressenties comme intrusives et inappropriées par le patient et sources d’anxiété ou d’inconfort, le patient luttant pour ignorer ou réprimer ces pensées/pulsions/images.
Les compulsions sont des comportements répétitifs (se laver, ranger, vérifier…) ou des actes mentaux (compter, répéter des mots, etc..) que le patient se sent forcé d’accomplir en réponse à des obsessions. Ces compulsions apparaissent destinées à neutraliser ou diminuer le sentiment de détresse ou à empêcher un événement ou une situation redoutée. Quand les compulsions sont très précises et stéréotypées, on parle de rituels.
Chez le jeune, l’entourage familial peut être mis à contribution dans la réalisation des compulsions. L’interruption des compulsions peut se manifester par des troubles du comportement (agressivité, irritabilité).
Lire aussi l’article « Ressources pour les parents d’enfants et adolescents avec un Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) » du site CléPsy.
Des outils pour mieux repérer les troubles anxieux
Pour les troubles anxieux comme pour les TOC, un repérage plus ciblé par 4 questions peut être mis en œuvre avec le questionnaire BITS pour évaluer le « mal-être ». Un score à 3 et plus doit alerter.
La trame d’entretien HEEADSSS explore l’environnement psychosocial et permet de recueillir des informations pertinentes pouvant affecter la santé.
À noter : l’existence d’une comorbidité psychiatrique (dépression, addiction, autres) ou d'une chronicisation doit également attirer l’attention car le risque évolutif est alors sérieux en l'absence de traitement.
Le test ADRS permet d’aider à la détection d’un état dépressif associé et le test DEP-ADO permet d'évaluer la consommation de substances psycho-actives.
Enfin, le retentissement somatique (sommeil, appétit, poids, etc…), ainsi que sur la vie familiale, sociale et scolaire est à apprécier.
Jeunes et étudiants : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale
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Adaptation des règles de vie
L’adaptation des règles de vie suivantes sont conseillées :
- qualité et quantité de sommeil à préserver (article dans l'espace assuré) ;
- bon équilibre alimentaire à maintenir ;
- arrêt de l’alcool, du tabac et de drogues, limitation de la consommation de café ;
- technique de relaxation, de gestion du stress à initier ;
- pratique régulière de l’exercice physique (quotidienne ou pluri-hebdomadaire) ;
- lutte contre l’isolement social.
Accompagnement psychologique
La prise en charge psychologique, particulièrement les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), est le traitement de 1re intention en l’absence de signe de gravité.
Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique
Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.
En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.
Consulter la liste des psychologues conventionnés.
Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné ».
Le recours à des psychothérapies peut également se faire :
- avec le dispositif Santé psy étudiant qui permet 12 séances gratuites avec un psychologue, plus d'information sur le site santepsy.etudiant.gouv.fr ;
- en consultant l'annuaire et les aides sur www.nightline.fr/soutien-etudiant ;
- en libéral sur www.sante.fr ;
- au sein de centre médico-psychologiques enfant (CMP) ;
- au sein de bureau d’aide psychologique universitaire (BAPU) si ce sont des étudiants.
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Recours au psychiatre
Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration :
- en libéral : annuaires nationaux ;
- au sein de CMP ;
- au sein d'un bureau d’aide psychologique universitaire (BAPU) si ce sont des étudiants.
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Traitement médicamenteux
En l’absence de critères de gravité, le traitement médicamenteux n’est pas préconisé en 1re intention et, dans tous les cas, il doit être associé à une prise en charge psychologique spécialisée.
Si un traitement médicamenteux devait être prescrit :
- d’une manière générale pour les troubles anxieux, le traitement de fond s’appuie sur les antidépresseurs (ISRS) mais n’est pas envisagé de 1er intention sauf pour les formes modérées à sévères et pour les plus âgées ;
- pour les TOC modérés à sévères : la sertraline a l’AMM, le clomipramine a également l’AMM (mais est réservé aux centres spécialisés).
Si besoin, des anxiolytiques peuvent être une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription et les AMM en fonction de l’âge. Pour vous aider, lire l'article « Quelle place pour les benzodiazépines dans l’anxiété ? » publié sur le site de la Haute Autorité de santé (HAS).
Lien avec le milieu enseignant ou du travail
En fonction de la sévérité des manifestations et du retentissement sur la vie étudiante ou professionnelle, un contact pourra être établi avec la médecine universitaire ou avec la médecine du travail.
Espaces d’écoute
Il existe plusieurs dispositifs d'écoute pour les étudiants en difficultés dont :
- les espaces santé jeunes (ESJ) ;
- les points accueil et écoute jeunes (PAEJ) ;
- le service d’écoute nocturne tenu par des étudiants : Nightline.