Épisode dépressif caractérisé

La dépression est l'une des maladies les plus répandues en France. La prise en charge des épisodes dépressifs caractérisées d’intensité légère à modérée est essentiellement assurée par le médecin généraliste.

Ces consultations nécessitent de développer une alliance thérapeutique en développant une attitude de compréhension, d’empathie, de confiance, de soutien, d’écoute et d’information.

Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.

Diagnostic et outils

Chez le jeune, une première étape est d’évaluer le « mal-être » avec le questionnaire BITS puis de rechercher des arguments en faveur d’un état dépressif par le test ADRS.

Pour le jeune, les critères diagnostiques sont les mêmes que ceux de l’adulte mais adaptés à la vie des jeunes (par exemple impact sur les performances scolaires plutôt que professionnelles). Pour vous aider, lire l'article « Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte ».

Un des éléments importants chez le jeune est l’évaluation du risque suicidaire : le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-24 ans.

Le risque suicidaire doit être évalué via les 3 axes suivants :
Risques - Urgence - Dangerosité (RUD)

Évaluation via les axes Risques, Urgence, Dangerosité (RUD)
Facteurs de Risque Individuels/
personnels
les antécédents suicidaires personnels et familiaux
santé mentale : diagnostic de trouble mental (troubles affectifs, troubles de la personnalité, psychose), abus ou dépendance à l’alcool ou aux drogues
difficultés dans le développement : difficultés personnelles et sociales au cours de l’enfance et de l’adolescence
estime de soi : faible ou fortement ébranlée
tempérament et style cognitif : présence de comportements agressifs, impulsivité, rigidité de la pensée, difficultés à résoudre un problème et trouver des solutions
santé physique : problèmes de santé physique qui affectent la qualité de vie
Événements de vie : élément déclencheur : l’élément récent qui amène la personne en état de crise familiaux : antécédents de violence ou abus subis (physique ou sexuel), pertes et abandons précoces, négligence des parents, toxicomanie et alcoolisme des parents, antécédents suicidaires dans la famille, santé mentale des parents
situation économique : pauvreté économique
isolement social : le réseau social est inexistant ou pauvre
séparation ou perte récente qui affecte encore le patient
difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles, placement durant l’enfance/adolescence
contagion suite à un suicide : la personne est affectée par un suicide récent
difficultés avec la loi (infractions, délits)
pertes, échecs ou événements humiliants
Urgence   passage à l’acte imminent et planifié : dans les heures ou jours qui viennent : a pris des dispositions en vue d'un passage à l'acte, a communiqué intention à un tiers 
scénario élaboré (comment, où)
n’envisage pas d'alternative au suicide
Danger   accessibilité du moyen létal envisagé
létalité élevée du moyen envisagé

En soins primaires, le repérage des jeunes suicidaires repose sur une écoute active et un questionnement direct du patient. L‘‘Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) peut également être utilisé.

Cette évaluation se fait lors d’un entretien dans un endroit calme, en toute confidentialité et en face-à-face :

  • entretien avec le jeune seul ;
  • à compléter chaque fois que possible par un recueil d’information auprès d’un membre de la famille proche.

Les jeunes ayant fait une tentative de suicide récente, ou présentant un haut niveau d’urgence suicidaire doivent être orientés vers les urgences.

Ceux qui présentent un niveau d’urgence suicidaire moyen à faible doivent être orientés vers un suivi ambulatoire (suivi psychiatrique, suivi psychologique en libéral ou en centre médico-psychologique).

Il est possible en tant que professionnel de santé de contacter le 31 14 numéro national de prévention du suicide (24 h/24, 7 j/7) pour un avis spécialisé. Les réponses sont assurées par des professionnels spécifiquement formés (infirmiers ou psychologues) et le Samu en cas de risque vital.

Jeunes et étudiants : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale

Télécharger ce tableau (2 pages) sous format PDF facilement imprimable en haute définition. 

Adaptation des règles de vie

En dehors de l'urgence, l’adaptation des règles de vie suivantes sont conseillées :

  • qualité et quantité de sommeil à préserver (article dans l'espace assuré) ;
  • équilibre alimentaire à renforcer ;
  • arrêt de la consommation d’alcool, du tabac et de drogues ;
  • technique de relaxation, de gestion du stress à initier ;
  • pratique régulière de l’exercice physique (quotidienne ou pluri-hebdomadaire) ;
  • lutte contre l’isolement social ;
  • réduction de la consommation des écrans/réseaux sociaux.

Accompagnement psychologique

Une prise en charge psychologique est recommandée. Elle peut être la seule prise en charge dans les épisodes dépressifs caractérisés légers ou être associée à un médicament antidépresseur en cas d’intensité modérée à sévère.

Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique

Depuis avril 2022, les patients en souffrance psychique d’intensité légère à modérée peuvent bénéficier du dispositif Mon soutien psy : il s'agit de séances avec un psychologue conventionné, remboursées par l’Assurance Maladie, dans le cadre d’un parcours de soins sur adressage d’un médecin.

En fonction de l’état de santé du patient, et en accord avec lui, vous pouvez lui proposer de suivre des séances d’accompagnement psychologique (8 au maximum) avec un psychologue conventionné.

Consulter la liste des psychologues conventionnés.
Télécharger le courrier d’adressage.
Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné : le dispositif Mon soutien psy ».

Le recours à des psychothérapies peut également se faire :

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.

Recours au psychiatre

Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration :

Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.

Traitement médicamenteux

Un traitement par antidépresseur peut être envisagé d’emblée selon la sévérité clinique et l’âge du patient pour une durée minimum de 6 mois à partir de l’amélioration et à dose efficace. Une réévaluation régulière est nécessaire.

Si besoin, des anxiolytiques peuvent être une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription et les AMM en fonction de l’âge. Pour vous aider, lire l'article « Quelle place pour les benzodiazépines dans l’anxiété ? » publié sur le site de la Haute Autorité de santé (HAS).

Lien avec le milieu enseignant et du travail

En fonction de la sévérité des manifestations et du retentissement sur la vie étudiante ou professionnelle, un contact pourra être établi avec la médecine universitaire ou avec la médecine du travail.

À noter

Il existe des possibilités d’hospitalisations soins-études. Renseignez-vous sur le site de la Fondation Santé des étudiants de France.

Espaces d'écoute

Il existe plusieurs dispositifs d'écoute pour les jeunes en difficultés dont :

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