Épisode dépressif caractérisé
Publié dans : Jeunes et étudiants (20 à 25 ans)
18 juin 2024
La dépression est l'une des maladies les plus répandues en France. La prise en charge des épisodes dépressifs caractérisées d’intensité légère à modérée est essentiellement assurée par le médecin généraliste.
Ces consultations nécessitent de développer une alliance thérapeutique en développant une attitude de compréhension, d’empathie, de confiance, de soutien, d’écoute et d’information.
Voici quelques éléments pour vous accompagner dans la prise en charge de vos patients.
Chez le jeune, une première étape est d’évaluer le « mal-être » avec le questionnaire BITS puis de rechercher des arguments en faveur d’un état dépressif par le test ADRS.
Pour le jeune, les critères diagnostiques sont les mêmes que ceux de l’adulte mais adaptés à la vie des jeunes (par exemple impact sur les performances scolaires plutôt que professionnelles). Pour vous aider, lire l'article « Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte ».
Un des éléments importants chez le jeune est l’évaluation du risque suicidaire : le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-24 ans.
Le risque suicidaire doit être évalué via les 3 axes suivants :
Risques - Urgence - Dangerosité (RUD)
Facteurs de Risque | Individuels/ personnels |
les antécédents suicidaires personnels et familiaux |
santé mentale : diagnostic de trouble mental (troubles affectifs, troubles de la personnalité, psychose), abus ou dépendance à l’alcool ou aux drogues | ||
difficultés dans le développement : difficultés personnelles et sociales au cours de l’enfance et de l’adolescence | ||
estime de soi : faible ou fortement ébranlée | ||
tempérament et style cognitif : présence de comportements agressifs, impulsivité, rigidité de la pensée, difficultés à résoudre un problème et trouver des solutions | ||
santé physique : problèmes de santé physique qui affectent la qualité de vie | ||
Événements de vie : élément déclencheur : l’élément récent qui amène la personne en état de crise | familiaux : antécédents de violence ou abus subis (physique ou sexuel), pertes et abandons précoces, négligence des parents, toxicomanie et alcoolisme des parents, antécédents suicidaires dans la famille, santé mentale des parents | |
situation économique : pauvreté économique | ||
isolement social : le réseau social est inexistant ou pauvre | ||
séparation ou perte récente qui affecte encore le patient | ||
difficultés dans le développement : difficultés scolaires ou professionnelles, placement durant l’enfance/adolescence | ||
contagion suite à un suicide : la personne est affectée par un suicide récent | ||
difficultés avec la loi (infractions, délits) | ||
pertes, échecs ou événements humiliants | ||
Urgence | passage à l’acte imminent et planifié : dans les heures ou jours qui viennent : a pris des dispositions en vue d'un passage à l'acte, a communiqué intention à un tiers | |
scénario élaboré (comment, où) | ||
n’envisage pas d'alternative au suicide | ||
Danger | accessibilité du moyen létal envisagé | |
létalité élevée du moyen envisagé |
En soins primaires, le repérage des jeunes suicidaires repose sur une écoute active et un questionnement direct du patient. L‘‘Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) peut également être utilisé.
Cette évaluation se fait lors d’un entretien dans un endroit calme, en toute confidentialité et en face-à-face :
- entretien avec le jeune seul ;
- à compléter chaque fois que possible par un recueil d’information auprès d’un membre de la famille proche.
Les jeunes ayant fait une tentative de suicide récente, ou présentant un haut niveau d’urgence suicidaire doivent être orientés vers les urgences.
Ceux qui présentent un niveau d’urgence suicidaire moyen à faible doivent être orientés vers un suivi ambulatoire (suivi psychiatrique, suivi psychologique en libéral ou en centre médico-psychologique).
Il est possible en tant que professionnel de santé de contacter le 31 14 numéro national de prévention du suicide (24 h/24, 7 j/7) pour un avis spécialisé. Les réponses sont assurées par des professionnels spécifiquement formés (infirmiers ou psychologues) et le Samu en cas de risque vital.
Jeunes et étudiants : tableau synthétique de l’approche thérapeutique en santé mentale
Télécharger ce tableau (2 pages) sous format PDF facilement imprimable en haute définition.
En dehors de l'urgence, l’adaptation des règles de vie suivantes sont conseillées :
- qualité et quantité de sommeil à préserver (article dans l'espace assuré) ;
- équilibre alimentaire à renforcer ;
- arrêt de la consommation d’alcool, du tabac et de drogues ;
- technique de relaxation, de gestion du stress à initier ;
- pratique régulière de l’exercice physique (quotidienne ou pluri-hebdomadaire) ;
- lutte contre l’isolement social ;
- réduction de la consommation des écrans/réseaux sociaux.
Une prise en charge psychologique est recommandée. Elle peut être la seule prise en charge dans les épisodes dépressifs caractérisés légers ou être associée à un médicament antidépresseur en cas d’intensité modérée à sévère.
Le dispositif Mon soutien psy, les séances d’accompagnement psychologique
Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.
En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.
Consulter la liste des psychologues conventionnés.
Pour en savoir plus lire l’article « Accompagnement avec un psychologue conventionné : le dispositif Mon soutien psy ».
Le recours à des psychothérapies peut également se faire :
- avec le dispositif Santé psy étudiant qui permet 8 séances gratuites avec un psychologue, plus d'information sur le site santepsy.etudiant.gouv.fr ;
- en consultant l'annuaire et les aides sur www.nightline.fr/soutien-etudiant ;
- en libéral : annuaires nationaux ;
- au sein de CMP ;
- au sein de bureau d’aide psychologique universitaire (BAPU) si ce sont des étudiants.
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Le recours au psychiatre peut devenir nécessaire en cas d’évolution péjorative ou en l’absence d’amélioration :
- en libéral : annuaires nationaux ;
- au sein de CMP adulte ;
- au sein de bureau d’aide psychologique universitaire (BAPU) si ce sont des étudiants.
Il peut aussi exister des professionnels et des offres de soins près du domicile de votre patient, voir la rubrique « Près de chez vous » (en cours de construction) en bas de cet article.
Un traitement par antidépresseur peut être envisagé d’emblée selon la sévérité clinique et l’âge du patient pour une durée minimum de 6 mois à partir de l’amélioration et à dose efficace. Une réévaluation régulière est nécessaire.
Si besoin, des anxiolytiques peuvent être une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription et les AMM en fonction de l’âge. Pour vous aider, lire l'article « Quelle place pour les benzodiazépines dans l’anxiété ? » publié sur le site de la Haute Autorité de santé (HAS).
En fonction de la sévérité des manifestations et du retentissement sur la vie étudiante ou professionnelle, un contact pourra être établi avec la médecine universitaire ou avec la médecine du travail.
À noter
Il existe des possibilités d’hospitalisations soins-études. Renseignez-vous sur le site de la Fondation Santé des étudiants de France.
Il existe plusieurs dispositifs d'écoute pour les jeunes en difficultés dont :
- les espaces santé jeunes (ESJ) ;
- les points accueil et écoute jeunes (PAEJ) ;
- le service d’écoute nocturne tenu par des étudiants : Nightline.
Cet article fait partie du dossier : Jeunes et étudiants (20 à 25 ans)