Exposition aux perturbateurs endocriniens : focus sur les phtalates et les 1 000 premiers jours
Publié dans : Santé et prévention
17 juin 2025
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle qui, même à petite dose, peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et entraîner des effets néfastes sur la santé.
Utilisés comme plastifiants, fixateurs de parfum, imperméabilisants, ignifugeants, agents conservateurs, etc. ils sont présents dans de très nombreux produits du quotidien et pénètrent dans l’organisme par ingestion, contact cutané et inhalation. Ils passent également la barrière placentaire.
L’étude PEPS’PE (Priorisation des effets sanitaires à surveiller dans le cadre du programme de surveillance lié aux PE) de Santé publique France, publiée en 2024, a listé les différents troubles et pathologies dans la survenance desquelles les perturbateurs endocriniens jouent un rôle.
Parmi les pathologies pour lesquels le niveau de preuve scientifique est jugé « suffisant », on retrouve notamment :
- des cancers hormonodépendants (sein, prostate) ;
- des malformations génitales ;
- des troubles de la reproduction ;
- de l’asthme ;
- le développement de troubles cognitifs ou du comportement chez l’enfant.
Les pathologies chroniques sont le plus souvent d’origine multifactorielle, et les PE ne sont qu’un facteur parmi d’autres (génétiques, comportementaux…). Néanmoins limiter l’exposition vise à réduire la pression exercée sur l’organisme et à prévenir la survenance des pathologies.
La demi-vie des phtalates dans l’organisme est courte : les métabolites sont éliminés en 24 à 48 heures par les urines, le sébum ou la sueur.
En prévenant les expositions à la source, il est donc possible de réduire significativement et rapidement le taux d’imprégnation de l’organisme.
Principales sources d’exposition
Les sources principales d’exposition sont les :
- sols en PVC ;
- emballages alimentaires ;
- jouets en plastique ;
- cosmétiques ;
- produits d’entretien ou de bricolage.
Durant la vie in utero et la petite enfance, l’organisme est particulièrement vulnérable face aux PE, et l’exposition à des contaminants sur cette période peut avoir des effets délétères sur le déroulement de la grossesse, le développement fœtal et participer au développement de pathologies chroniques dès l’enfance et à l’âge adulte.
Le risque d’exposition aux PE est également plus élevé lorsque le système hormonal est particulièrement actif (puberté, grossesse, ménopause).
La période des 1 000 premiers jours, qui s’étend de la conception de l’enfant jusqu’à ses 2 ans, est alors cruciale à double titre pour la femme enceinte et pour l’enfant en développement.
S’agissant de l’air intérieur du domicile, il convient :
- de finaliser les travaux et bricolage au moins 3 mois avant l’arrivée de l’enfant, et ne pas les réaliser lorsqu’on est enceinte ;
- d’aérer régulièrement les pièces (2 fois 10 minutes par jour) ;
- de favoriser les produits simples pour nettoyer le logement (vinaigre blanc, savon noir…).
S’agissant de l’alimentation, il convient de :
- privilégier autant que possible les aliments bio ;
- privilégier les plats faits maison, laver et éplucher les légumes non bio… ;
- favoriser des ustensiles de cuisson sûrs pour la santé (verre, inox...) ;
- éviter les plastiques pour la cuisson et la conservation.
S’agissant des textiles et jeux, penser à :
- laver les textiles et jouets neufs ;
- privilégier les produits de seconde main (sauf pour les jouets en plastique fabriqués avant 2005).
S’agissant de l’hygiène et des produits cosmétiques, il convient de :
- privilégier les produits cosmétiques avec une liste courte de composants ;
- limiter les colorations capillaires, les vernis à ongles, les parfums, les lingettes.
Les professionnels de santé sont invités à dispenser ces recommandations en marge de sujets de prévention abordés habituellement (alimentation, addiction, prévention…).
Il n’est pas nécessaire de réserver un moment dédié pendant la consultation. Il convient en revanche de ne pas désolidariser ces messages des autres recommandations importantes, et de respecter la hiérarchie des risques (vaccination, addiction…) ;
À chaque fois que c’est possible, il est préconisé de sensibiliser également le père ou coparent, et l’entourage proche des femmes enceintes et des jeunes enfants.
La consultation peut être un moment propice pour encourager vos patients à commencer par ce qui leur semble le plus simple et valoriser les actions déjà mises en place pour éviter de créer du découragement ou de la culpabilité.
Enfin, il est possible de souligner que ce n’est pas forcément plus coûteux en utilisant des exemples mentionnés dans le paragraphe précédent : aération, seconde main, fait maison…
Retrouvez toutes ces informations et des ressources à partager avec vos patients dans le mémo « Exposition aux perturbateurs endocriniens : focus sur les phtalates et la période des 1 000 premiers jours » téléchargeable au format PDF. Dans l’espace assuré d’ameli.fr, rubrique Perturbateurs endocriniens et santé, vous pouvez consulter des ressources spécialement conçues pour vos patients.
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