Insuffisance cardiaque : un diagnostic précoce indispensable
Publié dans : Insuffisance cardiaque
18 septembre 2024
L’insuffisance cardiaque, ses signes et symptômes d’alerte sont peu connus du grand public. Pourtant, c’est une pathologie chronique fréquente, sévère, avec des conséquences graves pour les patients et un impact significatif sur le système de santé. Parlez-en avec vos patients.
L’insuffisance cardiaque, ses signes et symptômes d’alerte sont peu connus du grand public. Pourtant, il s’agit d’une pathologie chronique fréquente, sévère, avec des conséquences graves pour les patients et un impact significatif sur le système de santé.
Le diagnostic précoce, la réponse clinique rapide dès la reconnaissance des premiers signes de décompensation de la maladie et la prise en charge optimale de l’insuffisance cardiaque stable relèvent d’un enjeu de santé publique majeur. C’est pourquoi les médecins et plus largement les professionnels de santé de premier recours jouent un rôle prépondérant, notamment sur le volet du dépistage, par la détection au plus tôt les symptômes de la maladie.
Pour favoriser la détection précoce, l’Assurance Maladie lance une campagne nationale de sensibilisation (espace institutionnel) afin de faire connaître l’insuffisance cardiaque ainsi que les signaux d’alerte qui doivent inciter les patients à consulter leur médecin.
L’insuffisance cardiaque en France
1,5 million de patients diagnostiqués.
120 000 nouveaux cas chaque année.
Une prévalence plus importante chez les patients âgés, fragiles ou atteints de comorbidités.
Essoufflement à l’effort, prise de poids rapide, œdèmes des membres inférieurs et fatigue excessive sont les 4 signes qui indiquent que le cœur perd sa force musculaire et ne remplit plus correctement son rôle. Bien que clairement définis, de nombreuses études soulignent les difficultés de perception par la population, y compris les patients diagnostiqués, des signes évocateurs d’une insuffisance cardiaque en voie de décompensation. Ceci entraîne des retards de diagnostic et de prise en charge des patients, affectant considérablement leur qualité de vie.
Ainsi, sur 5 000 Français âgés de 18 à 75 ans interrogés sur les maladies cardiovasculaires, 44 % n’identifient pas l'essoufflement comme un signe d’alerte de l’insuffisance cardiaque. Pour les autres signes et symptômes, tels que la prise de poids ou les œdèmes, seulement 6 % d'entre eux les attribuent à cette pathologie (source 1). Et seulement 1 Français sur 4 associe également la « fatigue sans raison » à l’insuffisance cardiaque (source 1).
Au total, près de 2 patients nouvellement diagnostiqués sur 3 ont une évaluation inadaptée des symptômes (source 2).
L’insuffisance cardiaque : une gravité des symptômes sous-estimée par les patients
14 jours entre l’aggravation des symptômes et la consultation pour la moitié des patients
En cas d’hospitalisation :
- près d’1 patient sur 2 avait présenté des signes ou symptômes dans les 15 jours précédents ;
- seuls 40 % des patients avaient consulté leur médecin au cours du mois précédent ;
- 1 patient sortant sur 3 n’a pas conscience d’être insuffisant cardiaque.
Source 3. Reeder K et al. Symptom perceptions and self-care behaviors in patients who self-manage heart failure. J Cardiovasc Nurs 2015; 30(1):E1-7.
Source 4. Beauvais F et al. First symptoms and health care pathways in hospitalized patients with acute heart failure: ICPS2 survey. A report from the Heart Failure Working Group (GICC) of the French Society of Cardiology. Clin Cardiol 2021 ; 44(8):1144-1150.
Il est estimé qu’entre 400 000 et 700 000 personnes ne sont pas diagnostiquées, ce qui a des conséquences en termes d’hospitalisations évitables pour décompensation cardiaque, de qualité de vie pour ces patients - majoritairement âgés - et de décès (source 5).
Car lorsque la maladie n’est pas traitée, en particulier dès la survenue de ses symptômes, les capacités physiques des patients se dégradent. Ils rencontrent des difficultés à réaliser les activités élémentaires de la vie quotidienne, comme se promener, monter les escaliers, transporter des objets légers, etc.L’insuffisance cardiaque est un réel enjeu de santé publique car elle est la 1re cause d’hospitalisation après 65 ans et est à l’origine de 70 000 décès par an. Il existe par ailleurs une « période de vulnérabilité clinique » au décours d’un épisode de décompensation de l’insuffisance cardiaque, notamment lorsqu’elle a nécessité une hospitalisation, exposant le patient à une résurgence symptomatique.
Après une hospitalisation, près de la moitié des patients seront réhospitalisés dans l’année et près d’1 patient sur 3 décèdera (source 5).
La coordination des acteurs de soins et l’encadrement optimal du patient constituent donc des éléments clés pour prévenir ce risque de décompensation itérative.
Le rôle du médecin généraliste est central pour le repérage, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque et l’adressage au bon moment du patient au cardiologue. La consultation est une étape primordiale pour le diagnostic. Suivant l’anamnèse (description des symptômes ressentis et signes observés par le patient) et l’examen clinique, le médecin pourra :
- réaliser un électrocardiogramme (ECG) ;
- prescrire des examens complémentaires (analyses biologiques) ;
- adresser le patient vers le cardiologue pour confirmer le diagnostic ;
- réaliser une échocardiographie dopler ;
- initier ou adapter la prise en charge thérapeutique.
L’insuffisance cardiaque : reconnaître les 4 signes d’alerte (EPOF)
La présence d’un ou plusieurs de ces symptômes chez un patient doit faire penser à une insuffisance cardiaque, notamment s’il est âgé de 60 ans et plus.
- Essoufflement inhabituel à l’effort puis au repos
- Prise de poids rapide + 2 à 3 kg en moins d’une semaine
- Œdèmes des membres inférieurs
- Fatigue excessive récemment accrue lors des activités de la vie quotidienne
Important : parler des 4 signaux d’alerte avec les patients à risques pour les faire connaître et les repérer pourra contribuer à favoriser un diagnostic précoce de l’insuffisance cardiaque.
Le médecin généraliste joue également un rôle crucial dans la surveillance de l’évolution de l’insuffisance cardiaque.
Les consultations répétées (entre 2 et 12 fois par an selon la gravité de l’insuffisance cardiaque) permettront de repérer une limitation des activités physiques (rapportée chez 1 patient sur 2) et une survenue de symptômes non détectés par le patient (sources 6 et 7) qui peuvent être des signes d’une décompensation de la maladie.
En lien avec le Conseil national professionnel cardiovasculaire (CNPCV), le Collège de la médecine générale (CMG), la Haute Autorité de santé (HAS) et les associations de patients, l’Assurance Maladie poursuit et intensifie son engagement en faveur d’une prise en charge optimale de l’insuffisance cardiaque et de sa détection précoce.
Pour accompagner les professionnels de santé dans le diagnostic précoce de l’insuffisance cardiaque, l’Assurance Maladie a lancé en 2022 une campagne nationale de sensibilisation à l’insuffisance cardiaque et à ses signes d’alerte. Il s’agit d’une campagne pluriannuelle de communication en télévision, en radio et en presse à destination du grand public, pour faire changer les comportements, et des professionnels de santé avec la mise à disposition d’outils d’aide à la pratique et à la détection. Le deuxième volet de cette campagne sera axé sur les bons réflexes à adopter pour les patients insuffisants cardiaques.
Depuis plusieurs années, l’Assurance Maladie a identifié le défi que représente également le suivi ambulatoire de l’insuffisance cardiaque. C’est pourquoi, dès 2013, en lien avec la HAS et la Société française de cardiologie, elle a déployé le service Prado dans l’insuffisance cardiaque avec pour objectif de fluidifier le parcours hôpital-ville des patients. Elle accompagne aussi les structures de santé qui souhaitent intégrer la thématique de l’insuffisance cardiaque dans leur projet de suivi (communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), centres de santé (CDS)) et la structuration des filières spécialisées en ville permettant d’optimiser l’accès aux cardiologues par la création d’équipes de soins spécialisés (ESS) en cardiologie.
En 2021, elle a conçu un outil de diagnostic territorial permettant aux professionnels de santé d’identifier, sur leur territoire, les atypies du parcours de soin des insuffisants cardiaques pour que les équipes soignantes puissent mettre en place des actions correctives.
Autre action mise en place par l’Assurance Maladie pour favoriser la prise en charge de l’insuffisance cardiaque : l’évolution du parcours de soins dans le cadre du virage numérique en santé avec la démocratisation de la télémédecine (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance) permettant un recours rapide aux spécialistes ainsi qu’une concertation entre le médecin généraliste et le cardiologue, mais aussi une surveillance à distance pour les patients présentant une insuffisance cardiaque sévère.
Source 1 : Quotidien du médecin. Insuffisance cardiaque : trop de symptômes ignorés par les Français. 2018.
Source 2 : Okada A et al. Symptom Perception, Evaluation, Response to Symptom, and Delayed Care Seeking in Patients With Acute Heart Failure: An Observational Study. J Cardiovasc Nurs 2019 ; 34 (1):36-43.
Source 3 : Reeder K et al. Symptom perceptions and self-care behaviors in patients who self-manage heart failure. J Cardiovasc Nurs 2015; 30(1):E1-7.
Source 4 : Beauvais F et al. First symptoms and health care pathways in hospitalized patients with acute heart failure: ICPS2 survey. A report from the Heart Failure Working Group (GICC) of the French Society of Cardiology. Clin Cardiol 2021 ; 44(8):1144-1150.
Source 5 : Livre blanc de l’insuffisance cardiaque, septembre 2021.
Source 6 : De Peretti C et al. Prévalences et statut fonctionnel des cardiopathies ischémiques et de l’insuffisance cardiaque dans la population adulte en France : apports des enquêtes déclaratives « Handicap-Santé ». BEH 2014.
Source 7 : HAS. Guide du parcours de soins. Insuffisance cardiaque. Juin 2014.