Prévention du cancer colorectal

Le dépistage organisé du cancer colorectal s’adresse aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans. Depuis 2015, il repose sur un test immunologique, plus simple et plus sensible, de recherche de saignement occulte dans les selles.

Le dépistage organisé du cancer colorectal

Épidémiologie du cancer colorectal

Le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent en France, après celui de la prostate et du sein, avec 43 336 nouveaux cas estimés en 2018. Son incidence a augmenté jusqu'en 2000, s'est stabilisée jusqu'à 2005 et diminue depuis.

C'est un cancer grave, avec 17 117 décès estimés en 2018, il est la deuxième cause de mortalité par cancer après celui du poumon. Malgré tout, la mortalité diminue chaque année, depuis 1980, grâce notamment à l'accès au dépistage ainsi qu'aux avancées médicales dans l'exérèse de lésions précancéreuses (1).

Le cancer colorectal se développe lentement, souvent sans signe apparent et sans symptôme. Il touche aussi bien les femmes que les hommes et apparaît dans 95 % des cas après 50 ans.

Le diagnostic précoce du cancer colorectal, grâce au dépistage, permettrait de guérir 9 cancers sur 10 (2).

Le dépistage organisé pour lutter contre le cancer colorectal

Le dépistage organisé du cancer colorectal est proposé sur invitation, tous les deux ans, aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans.

Ces invitations sont assurées par les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (3) dont dépend votre patient, le sollicitant à retirer un kit de dépistage lors d'une consultation auprès de vous. Le médecin traitant est donc au centre de ce dépistage dans son rôle de conseiller en prévention (voir la brochure Le dépistage du cancer colorectal : dès 50 ans, un test à faire chez soi tous les 2 ans (PDF)).

Ce dépistage repose sur la réalisation d'un test de recherche de sang occulte dans les selles, permettant de déceler très tôt des signes de lésions suspectes, la présence de polypes ou encore des cancers en stade précoce. Ainsi, dans 9 cas sur 10, la détection précoce permet d'éliminer les cellules précancéreuses mais aussi de mieux traiter les cancers, et ce avec moins de traitements lourds et invasifs, pour une survie à 5 ans de 90 % (1).

Le test immunologique simple et indolore est rapide à réaliser, du fait d'un unique prélèvement d'échantillon de selles, et se déroule en toute tranquillité chez soi (voir la fiche pratique Dépistage du cancer colorectal : mode d'emploi du test immunologique (PDF)).

La fourniture et la lecture des kits de dépistage est assurée par le groupement Cerba / Daklapack (l'entreprise Daklapack pour la mise à disposition des kits, le laboratoire Cerba pour leur analyse) qui a été reconduit début 2020 pour les 5 prochaines années.

Vous pouvez commander sur ameli.fr, via amelipro, l'espace des professionnels de santé de l'Assurance Maladie, les kits de dépistage pour les remettre à vos patients.

Le coût des kits et la solution d'analyse de ce dépistage sont pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie.

Le dépistage en pratique

Le dépistage organisé s’effectue en plusieurs temps :

  1. Votre patient reçoit un courrier d'information sur le dépistage du cancer colorectal, l'invitant à en parler avec vous au cours d'une prochaine consultation.
    Cette invitation est adressée à votre patient tous les deux ans par le centre régional de coordination des dépistages des cancers dont il dépend. Ce centre est une instance opérationnelle assurant l'organisation locale des dépistages organisés des cancers. Les coordonnées de tous les centres sont disponibles sur le site internet de l'Institut National du Cancer.
  2. Lors de cette consultation, vous déterminez si le test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles est approprié à votre patient.
    Afin de déterminer la meilleure modalité de dépistage pour votre patient, vous déterminez son niveau de risque de développer un cancer colorectal, et vérifiez notamment qu'il ne relève pas d'une autre stratégie de prise en charge (coloscopie, suivi spécifique) au regard d'une éventuelle symptomatologie ou d'antécédents personnels et/ou familiaux.
    Selon votre appréciation, vous pourrez conseiller votre patient sur les comportements de prévention à adopter, lui remettre le kit de dépistage et/ou l'orienter vers un spécialiste pour une prise en charge plus surveillée (voir le guide Cancer colorectal : dépistage par test immunologique et autres modalités (PDF) disponible en téléchargement).
  3. Si vous estimez que le test est approprié à votre patient, vous le lui remettez.
    Vous lui expliquez le mode d'emploi et, s'il n'a pas reçu d'invitation avec une étiquette pré-remplie, vous lui indiquez la façon de renseigner la fiche d'identification.
    Un guide Cancer colorectal : dépistage par test immunologique et autres modalités (PDF) est à votre disposition en téléchargement ainsi que sur le site internet de l'Institut National du Cancer.
    Vous informez également votre patient sur la conduite à tenir selon les résultats qui lui seront adressés par le laboratoire Cerba, en même temps qu'à vous et à la structure de gestion de son département.
    Si le test est négatif (96 % des cas), cela signifie qu'aucun saignement n'a été détecté. Mais il peut arriver que certains polypes ou cancer ne soient pas identifiés par le test s'ils ne saignent pas au moment des prélèvements. Il est donc important de faire régulièrement le test dans les deux ans (les lésions évoluant lentement) et de surveiller tout symptôme et signe d'alerte dans l'intervalle.
    Si le test est positif (4 % des cas), cela signifie que du sang a été détecté dans les selles. Il faudra donc pratiquer un examen complémentaire, une coloscopie, pour en déterminer l'origine :
    • dans 60 % des cas, aucune anomalie n'est détectée ;
    • dans 30 % à 40 % des cas un polype est détecté. Il peut être retiré durant la coloscopie, évitant ainsi qu'il ne se transforme en cancer ;
    • dans 8 % des cas, on détecte un cancer qu'on traite d'autant mieux qu'il est découvert tôt.
  4. Votre patient réalise le test chez lui.
    Le patient recueille un seul et unique échantillon de selles selon le mode d'emploi, puis l'envoie par voie postale dans les 24 heures directement au laboratoire Cerba, le centre de lecture agréé pour le dépistage organisé.
    Tout le matériel nécessaire, le test et la fiche d'identification, y compris une enveloppe retour préaffranchie, est fourni dans le kit de dépistage que vous lui avez remis (voir la fiche pratique Dépistage du cancer colorectal : mode d'emploi du test immunologique (PDF) disponible en téléchargement).
  5. Les résultats du test vous sont adressés ainsi qu'à votre patient.
    Pour tout test analysé par le laboratoire Cerba, un courrier de résultat vous est envoyé ainsi qu'à votre patient et à la structure de gestion du département.
    En cas de test positif, vous en êtes informé en amont de votre patient, dans les plus brefs délais.
    Dans le cas où le test de votre patient n'a pu être analysé (date de prélèvement dépassée, tube périmé, fiche d'identification manquante...) un courrier explicatif du motif de non analyse lui est transmis, ainsi qu'à vous et à la structure de gestion du département.
    Un kit de dépistage lui sera directement renvoyé à domicile, par Daklapack, dans un intervalle de temps d'un minimum d'un mois, afin qu'il puisse réaliser à nouveau un test.

À noter : vous pouvez remettre le test de recherche de sang occulte dans les selles à tout patient éligible au dépistage organisé, même s'il n'a pas reçu de lettre d'invitation.

Le test et sa lecture sont pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie.

La consultation au cours de laquelle vous remettez le test à votre patient est prise en charge dans les conditions habituelles, de même que la coloscopie que vous pourrez, éventuellement, lui prescrire.

Votre rôle est central

Vous êtes l'interlocuteur central et privilégié de vos patients, tant pour les inciter au dépistage que pour leur remettre le test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles, lors d'une consultation au cours de laquelle :

  • vous évaluez la conduite à tenir en fonction du niveau de risque de votre patient ;
  • vous remettez le test à votre patient s'il est éligible au dépistage organisé ;
  • vous lui expliquez la finalité du test, son mode d'emploi et la signification du résultat.

L'Assurance Maladie encourage votre participation active au dépistage organisé.

Depuis 2018, afin de soutenir votre participation active au dépistage organisé du cancer colorectal, vous êtes rémunéré au titre de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp). L’indicateur « part des patients MT de 50 à 74 ans pour lesquels un dépistage du cancer colorectal a été réalisé au cours des deux dernières années », dont l’objectif cible est supérieur ou égal à 70 %, a été introduit dans la convention médicale 2016-2021.

(1) Les cancers en France, collection Les Données, Institut national du cancer (INCa), édition 2015.

(2) INCa. Dépistage du cancer du cancer colorectal. Site internet e-cancer.fr (consulté le 28 juillet 2016).

(3) Instance opérationnelle assurant l'organisation locale des dépistages organisés des cancers à l'échelle de la région. Les coordonnées de tous les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers sont disponibles sur le site internet de l'Institut national du cancer.

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