Prévention du surpoids et de l'obésité de l’enfant
Publié dans : Surpoids et obésité infantile
20 juin 2024
La prévalence du surpoids et de l’obésité infantile reste encore trop élevée en France. Pour éviter une obésité persistante à l’âge adulte et ses complications, la HAS recommande de dépister tôt et de proposer une prise en charge précoce.
Malgré une stabilisation depuis 2006, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent reste trop élevée : 20 % des enfants de 6 à 17 ans étaient en surpoids dont 5,4 % en situation d’obésité en 2017 (cf. source 1).
Parmi les enfants en surcharge pondérale ou obèses à l’âge de 6 ans, près d’un enfant sur 2 le reste en troisième (cf. source 3).
À l’âge adulte, près d’un Français sur 2 est en surpoids : 54 % des hommes et 44 % des femmes. La prévalence de l’obésité s’élève à plus de 17 % sans différence entre les sexes (cf. source 2).
Les disparités sociales sont particulièrement nettes : dès la grande section de maternelle, les enfants d’ouvriers sont ainsi 4 fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadres. Si l’on constate une stabilisation des prévalences depuis 2006, cela masque une augmentation de ce gradient social qui tend à s’accroître au fil des années essentiellement du fait que l’on constate une amélioration dans les classes plus favorisées et non dans les groupes moins favorisés (cf. source 4).
L’obésité dans l’enfance est un élément prédictif de l’obésité à l’âge adulte : la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie selon les études de 20 % à 50 % avant la puberté, et de 50 % à 70 % après la puberté. Elle entraîne également un risque accru de décès prématuré à l’âge adulte (cf. sources 5 et 6).
L’obésité expose les personnes concernées à de nombreuses maladies notamment cardiovasculaires, métaboliques, articulaires, respiratoires, et accroissent le risque de survenue de certains cancers.
Outre les complications et comorbidités somatiques liées à l’obésité, l’obésité dès l’enfant peut contribuer à des difficultés émotionnelles et psychologiques avec une mauvaise estime de soi, des problèmes de stigmatisation et de mauvais résultats scolaires (cf. sources 5, 6, 7).
Ainsi, afin d’éviter la constitution d’une obésité persistante à l’âge adulte et la survenue de complications métaboliques, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de dépister tôt et de proposer une prise en charge précoce pour les enfants à risque d’obésité (cf. source 5).
Le rôle du médecin qui suit l’enfant est essentiel : grâce à un suivi régulier de l’indice de masse corporelle (IMC) et à l’analyse de l’évolution de la courbe de corpulence, on peut repérer précocement les enfants et adolescents à risque de développer un surpoids ou une obésité.
Il est recommandé de surveiller l’indice de masse corporelle (IMC) systématiquement chez tous les enfants et adolescents :
- quel que soit leur âge ;
- quelle que soit leur corpulence apparente ;
- quel que soit le motif de la consultation ;
- au minimum 2 ou 3 fois par an.
Il est recommandé d’être particulièrement attentif aux enfants présentant des facteurs de risque précoces de surpoids et d’obésité.
À l’aide des courbes de corpulence (courbes d’IMC) de référence en fonction de l’âge et du sexe :
- reporter les mesures poids, taille, IMC dans le carnet de santé ;
- tracer les 3 courbes dans le carnet de santé.
L’IMC se calcule avec un disque ou une calculette selon la formule :
IMC = Poids (kg) / taille au carré (m2)
Le surpoids ne se constate pas toujours visuellement chez les enfants et adolescents : seul le tracé de la courbe de corpulence permet d’identifier ceux en surpoids (IMC ≥ au seuil IOTF 25 ou au 97e percentile des courbes de corpulence française) ou obèses (IMC > au seuil IOTF - 30).
Le suivi régulier des courbes d’IMC des enfants jusqu’à 16 ans est l’un des indicateurs de la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp) du médecin traitant de l'enfant depuis le 1er janvier 2017. L’objectif à atteindre est de renseigner au moins une fois par an la corpulence dans le dossier médical, pour au moins 95 % des enfants pour lesquels ils sont déclaré médecin traitant.
Un rebond d’adiposité précoce. Il est défini comme précoce s’il survient avant l’âge 5 ans et particulièrement s'il intervient avant 3-4 ans. Plus le rebond est précoce, plus le risque de devenir obèse est élevé.
Une ascension continue de la courbe IMC depuis la naissance.
Un changement de « couloir » de percentile vers le haut constitue également un signe d’alerte.
Ce dispositif permet aux enfants de 3 à 12 ans à risque d’obésité, en surpoids ou en obésité non complexe, de bénéficier sur prescription médicale, d’une prise en charge précoce, pluridisciplinaire (diététique, psychologique, activité physique) remboursée à 100 % par l’Assurance Maladie (sans avance de frais ni dépassement d’honoraire).
La prise en charge est prescrite par le médecin de l’enfant selon les besoins de l’enfant et de sa famille, puis mise en œuvre par des professionnels de santé et psychologue exerçant au sein de centres de santé ou de maisons de santé pluriprofessionnelles référencés.
Pour en savoir en plus, lire l'article Mission : retrouve ton cap, un dispositif pour prévenir le surpoids et l’obésité infantile.
Depuis le 1er novembre 2017, une nouvelle tarification est proposée pour les consultations de suivi et de coordination de la prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité. Cette consultation spécifique, appelée consultation suivi de l’obésité inscrite dans la convention médicale de 2016, permet au médecin déclaré médecin traitant de l’enfant d’être rémunéré à hauteur de 46 €, au maximum 2 fois par an.
Consultez et téléchargez les supports mis à votre disposition sur la prévention et la prise en charge du surpoids chez l'enfant et l'adolescent :
- le site Obéclic : ce site est destiné à aider les médecins au dépistage et au suivi de l’obésité commune de l’enfant. Cet outil permet d’accéder par différents onglets aux étapes de la prise en charge. Des fiches-conseils utilisables tout au long de l’accompagnement du patient sont également disponibles ;
- des vidéos de sensibilisation à destination des médecins sur :
- Dépistage précoce du surpoids de l'enfant (1/3) sur la chaîne Youtube RePPOP PréO ;
- Annonce du surpoids à l'enfant et sa famille (2/3) également sur la chaîne Youtube RePPOP PréO ;
- Initier la prise en charge d'un enfant en surpoids au cabinet (3/3) toujours sur la chaîne Youtube RePPOP PréO ;
- un webdocumentaire Surpoids de l'enfant, comment (re)trouver l'équilibre ? à consulter sur le site surpoids-enfant.fr : destiné au grand public, ce film interactif réalisé par des professionnels de santé présente des témoignages et des réponses aux questions que les parents d’enfants en surpoids peuvent se poser ;
- un logigramme de prise en charge du surpoids et de l'obésité de l'enfant (PDF).
Surpoids et obésité de l’enfant : les chiffres clés
Une prévalence élevée à tout âge
Près d’1 Français sur 2 concerné par le surpoids ou l’obésité
- Surpoids : près d’un adulte sur 2 est en surpoids :
- 54 % des hommes,
- 44 % des femmes.
- Obésité : 17 % des adultes sont obèses
- 17 % des hommes,
- 17 % des femmes.
En 2017
- Surpoids : 20 % des enfants de 6 à 17 ans
- Obésité : 5,4 % des enfants de 6 à 17 ans
Les conséquences du surpoids infantile
Complications et comorbidités somatique
- Difficultés respiratoires,
- troubles musculosquelettiques,
- risque accru de fractures,
- hypertension artérielle,
- maladies cardiovasculaires,
- résistance à l’insuline,
- risque d’obésité à l’âge adulte.
La proportion d’enfants obèses qui restent obèses à l’âge adulte est très importante :
- de 20 à 50 % si l’obésité intervient avant la puberté,
- de 50 à 70 % lorsqu’elle persiste après la puberté
À noter : Quand la mère est en situation d’obésité avant la grossesse, la probabilité d’avoir un enfant obèse est 2,5 fois plus élevée.
Problèmes psychologiques et émotionnels
- Mauvaise estime de soi, moins bonne image de son corps,
- moins d’activité physique,
- moqueries, harcèlement, stigmatisation, agression,
- mauvais résultats scolaires.
Des différences selon le groupe socioprofessionnel parental
2012-2013
Enfants en grande section de maternelle : en moyenne 11,9 % d’enfants en surpoids ou en obésité
- Enfants de cadres : 7,2 % en surpoids ou obésité,
- enfants d’employés : 14,3 % en surpoids ou obésité,
- enfants d’ouvriers : 15,6 % en surpoids ou obésité.
2014-2015
Enfants en CM2 : en moyenne 18,1 % d’enfants en surpoids ou en obésité
- Enfants cadres 12,7 % en surpoids ou obésité,
- enfants d’employés : 20,2 % en surpoids ou obésité,
- enfants d’ouvriers : 21,5 % en surpoids ou obésité.
Des différences territoriales
2012-2013
Enfants en grande section de maternelle : en moyenne 11,9 % d’enfants en surpoids ou en obésité et en détail par territoire :
- Nord : 11,1 %
- Est : 12,3 %
- Région parisienne : 13,4 %
- Ouest : 9,6 %
- Sud-Ouest : 10,2 %
- Centre-Est : 10 %
- Méditerranée : 14,1 %
- Drom : 12,7 %
2014-2015
Enfants en CM2 : en moyenne 18,1 % d’enfants en surpoids ou en obésité et en détail par territoire :
- Nord : 21 %
- Est : 17,3 %
- Région parisienne : 20,3 %
- Ouest : 13,8 %
- Sud-Ouest : 10,3 %
- Centre-Est : 18,6 %
- Méditerranée : 19,9 %
- Drom : 22,4 %
Sources :
- « Guide du parcours de soins : surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent(e) », Haute Autorité de santé (HAS), février 2022 ;
- « Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France », 24 avril 2023, Professeur Martine Laville ;
- Enquêtes nationales de santé en milieu scolaire (DREES-DGESCO) (études en grande section de maternelle en 2012-2013 et CM2 en 2014-2015).
- « Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France », 24 avril 2023, Professeur Martine Laville
- Corpulence des enfants et des adultes en France métropolitaine en 2015. Résultats de l’étude Esteban et évolution depuis 2006. BEH n°13 de juin 2017.
- De Peretti et Castetbon, 2004. Surpoids et obésité chez les adolescents scolarisés en classe de troisième. Drees.
- Drees – juin 2015 – Numéro 0920 : la santé des élèves de grande section de maternelle en 2013 : des inégalités sociales dès le plus jeune âge.
- Surpoids et obésité de l'enfant et de l'adolescent – HAS, 2011. Recommandations de bonnes pratiques
- Guide du parcours de soins : surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent(e) – février 2022.
- Pizzi MA, Vroman K. Childhood obesity: effects on children's participation, mental health, and psychosocial development. ccup Ther Health Care. 2013;27:99–112.
Cet article fait partie du dossier : Surpoids et obésité infantile