Place de l’arrêt de travail dans le trouble anxiodépressif et la dépression
Publié dans : Arrêt de travail
18 juin 2024
Infographie du type « L’essentiel » Arrêt de travail et trouble anxiodépressif ou dépression
Comprendre
- L’arrêt de travail est une prescription de soins qui concourt à l’objectif thérapeutique.
- Déterminer le lien avec l’activité professionnelle, protecteur ou aggravant.
- Repérer les signes de gravité.
- Créer une alliance thérapeutique avec le patient.
Prescrire
- Arrêt de travail si nécessaire, de préférence de 1 à 2 semaines.
- Antidépresseur si besoin, pendant 6 mois minimum à compter de l’amélioration.
- Anxiolytique si besoin, sur une durée la plus courte possible.
Optimiser
- Mesures d’hygiène de vie en complément.
- Séances d’accompagnement psychologique, remboursées pour les troubles d’intensité légère à modérée.
- Réévaluer rapidement et régulièrement.
Accompagner
- Anticiper le retour à l’emploi en lien avec la médecine du travail.
- Prévenir la désinsertion professionnelle. 3646 service social.
- Temps partiel thérapeutique ou passage en invalidité. Contacter le médecin-conseil.
L’arrêt de travail est une prescription de soins qui concourt à l’objectif thérapeutique. Il permet au patient de mieux gérer ses difficultés ou situations de stress et de préparer sa reprise de travail. Cependant, sa prolongation excessive peut aggraver l’anxiété du patient face aux difficultés, favoriser l’apparition de troubles psychiatriques plus spécifiques et entraîner sa désocialisation.
Il faudra apprécier si le contexte de travail est un facteur aggravant ou apaisant.
Dans le cas où le travail est un facteur protecteur, le maintien en emploi peut être thérapeutique. Dans le cas de difficultés dans le cadre professionnel, l’arrêt de travail a plusieurs fonctions :
- prendre du recul sur la situation ;
- préparer la suite ;
- reconstituer ses ressources physiques et psychiques.
Retrouvez en vidéo un cas pratique sur la prise en charge du trouble anxiodépressif et une vidéo expert pour approfondir les dispositifs mobilisés.
Arrêt de travail et trajectoire professionnelle
Parmi les salariés du secteur privé ayant été arrêtés plus d’un mois dans l’année pour maladie, 15 % des femmes et 11 % des hommes sont au chômage ou inactifs l’année suivante (contre, respectivement, 7 % et 4 % des salariés qui n’ont pas eu d’arrêt maladie). Ce constat témoigne d’un effet pénalisant des arrêts maladie sur les trajectoires professionnelles. Cet effet est d’autant plus marqué que la période passée en arrêt maladie est longue (source : Les arrêts maladies de longue durée pénalisent les trajectoires professionnelles, Drees octobre 2015).
En 2022, la pathologie qui mobilise le plus grand nombre de journées d’arrêt de travail est le syndrome dépressif, les troubles anxiodépressifs mineurs arrivant en 4e position. Ces 2 pathologies représentent :
- 20,5 % des arrêts prescrits ;
- 38 millions de journées d’arrêt de travail ;
- 1,4 milliard d’euros.
(Source : Caisse nationale de l’Assurance Maladie)
L’arrêt de travail n’est pas systématique, il dépend de la sévérité des symptômes et du lien avec le travail.
2 options peuvent être envisagées pour la prescription de l’arrêt :
- un arrêt court de 1 à 2 semaines avec réévaluation programmée entre 3 et 7 jours (permet de réévaluer les critères de gravité). Ne pas hésiter à rassurer le patient qui présenterait une angoisse les jours précédant la reprise d’activité sur la possibilité de prolonger l’arrêt de travail ;
- ou un arrêt de 1 mois d’emblée avec réévaluations hebdomadaires au cours de l’arrêt.
Pour aller plus loin, consultez la fiche « Arrêts de travail en lien avec la pathologie mentale » sur le site du Collège de médecine générale (CMG).
Préparer le retour à l’emploi
L’arrêt de travail présente des effets secondaires : l’isolement d’abord, puis le risque de chronicisation et de désinsertion professionnelle lorsque l’arrêt se répète ou se prolonge. Il est conseillé de définir dès le début, un objectif partagé avec le patient de retour à l’emploi.
Pour prévenir ce risque, plusieurs solutions peuvent être mises en place :
- orienter votre patient vers son médecin du travail pour une visite médicale ou une visite de préreprise. Celle-ci a pour objectif d’évaluer les capacités de reprise du patient et les conditions de celles-ci (adaptation du poste, reconversion au sein de l’entreprise, temps partiel thérapeutique, reconnaissance MDPH, inaptitude…). Si une reprise ne semble pas souhaitable ou possible, une concertation doit être programmée, éventuellement avec l’aide d’assistants sociaux et/ou de services spécialisés de retour à l’emploi. Il peut être envisagé une reconversion professionnelle, une reconnaissance MDPH, une invalidité ;
- prendre contact avec le médecin-conseil via la messagerie sécurisée d’amelipro pour échanger sur la situation et les dispositifs mobilisables : temps partiel thérapeutique, action de remobilisation pendant l’arrêt de travail, invalidité…
- orienter votre patient vers le service social de l’Assurance Maladie via le 3646 (service gratuit + prix d'un appel local). Le service social propose des solutions et un accompagnement pour remédier aux conséquences économiques, sociales et psychosociales engendrées par l’état de santé du patient.
En complément, lire aussi l’article « Accompagner la reprise du travail ».
L’accompagnement psychologique est le traitement de première intention seul ou en association avec un traitement médicamenteux selon la sévérité.
Le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique d’intensité légère à modérée, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie. Il existe depuis 2022 et a évolué au 15 juin 2024.
En effet, les patients peuvent désormais prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné avec l’Assurance Maladie et partenaire du dispositif Mon soutien psy. Ils peuvent également choisir de consulter d’abord un professionnel de santé dans le cadre de leur parcours de soin, avant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Par ailleurs, le nombre et le tarif des séances ont été augmentés. En accord avec le psychologue, au total 12 séances peuvent être prise en charge par l’Assurance maladie par année civile et par patient, au tarif unique de 50 €.
Consultez l’annuaire des psychologues conventionnés.
Pour en savoir plus :
Le recours au psychiatre peut être nécessaire en cas de critères de sévérité ou en l’absence d’amélioration.
Pour trouver les coordonnées d’un psychiatre exerçant en libéral ou celles d’un CMP, consulter le site sante.fr.
Un traitement par antidépresseur peut être envisagé d’emblée selon l’impression clinique du médecin ou le choix du patient pour une durée minimum de 6 mois à partir de l’amélioration et à dose efficace.
Une réévaluation régulière est nécessaire : pour surveiller l’évolution et à 4-8 semaines pour apprécier l’efficacité du traitement médicamenteux.
Si besoin, des hypnotiques et des anxiolytiques peuvent être d’une aide temporaire en respectant les durées maximales de prescription si le tableau clinique le nécessite. Consulter les recommandations de la Haute Autorité de santé « HAS) « Anxiété – Les benzodiazépines, uniquement pour une courte période ».
- Instaurer la confiance en développant une attitude empathique, de soutien et d’écoute.
- Informer le patient sur la nature des troubles, les effets bénéfiques de la prise en charge.
- Créer une alliance thérapeutique avec le patient pour éviter les ruptures dans le suivi.
- Encourager une attitude positive et active vis-à-vis de sa pathologie.
- Informer l’entourage si nécessaire et après accord du patient.
- Programmer des rendez-vous de consultations dédiées.
- Rechercher régulièrement des signes de gravité et de non-mobilisation.
Cet article fait partie du dossier : Arrêt de travail
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