Cancer du sein et travail : quelques données chiffrées

Publié dans : Cancer du sein et reprise du travail

Le cancer du sein est un cancer fréquent, dont l’incidence a doublé en 30 ans. Il touche aujourd’hui près d’une femme sur 8. 

Si l’âge médian lors du diagnostic est 64 ans, une étude de l’Assurance Maladie, réalisée en 2023, fait apparaître que l’âge médian des femmes en arrêt de travail maladie pour cancer du sein est de 50 ans.

Le cancer du sein est globalement de bon pronostic avec une survie nette standardisée à 5 ans à 88 %, en amélioration depuis plusieurs années. 

Cette amélioration est obtenue grâce au progrès de la prise en charge thérapeutique mais au prix d’effets secondaires parfois durables des chimiothérapies ou des traitements qui se prolongent dans le temps (hormonothérapie prescrite pour 5 ans voire plus, thérapies ciblées prolongées pour des formes métastatiques).

L’objectif de cette rubrique est de rendre visible : 

  • des interventions souvent non médicamenteuses (que vous pourrez prescrire pour orienter vos patientes et qui peuvent permettre d’agir sur les effets des traitements) ;
  • des dispositifs facilitateurs pour le maintien ou le retour en activité.

Il reste le sujet parfois délicat du moment opportun pour parler de la reprise du travail et pour la reprise effective. 

S’il existe un consensus pour dire que le bon moment pour aborder le sujet du retour au travail est le plus tôt possible, il est à distinguer du moment pour le retour effectif au travail. En effet, si la durée moyenne constatée d’arrêt de travail pour un cancer du sein est de 11 mois, les situations cliniques et les schémas thérapeutiques sont si variés qu’il ne peut être raisonnablement donné des préconisations en terme de durée d’arrêt de travail. 

Néanmoins, il est nécessaire d’aider le médecin généraliste à accompagner au mieux sa patiente pour établir avec les autres acteurs de la prévention de la désinsertion professionnelle le bon moment et les modalités du retour en activité (lire la fiche « Maintien et retour à l’emploi pendant et après un cancer » (CMG février 2023). 

 

2 études sur la réinsertion professionnelle après un cancer

Étude 1. L’impact, notamment professionnel, des traitements a été objectivé par une étude de cohorte nationale (déployée par l’Institut Gustave Roussy) portant sur le cancer du sein « CANTO (CANcer TOxicities) » qui suit 12 000 patientes depuis 2012. 

L’analyse d’une sous-population de 1 900 femmes de plus de 57 ans en emploi au moment du diagnostic et sans récidive de la maladie a montré que 2 ans après le diagnostic d’un cancer du sein, 20 % des femmes n’avaient pas repris d’activité professionnelle pour les raisons suivantes : 

  • 73,5 % étaient en arrêt maladie ;
  • 9 % recherchaient un emploi ;
  • 6,5 % étaient à la retraite ;
  • 5,5 % étaient sans emploi ;
  • 5,5 % se trouvaient dans une autre situation.

Sur les 80 % ayant repris leur emploi, 24 % étaient à temps partiel alors qu’elles travaillaient à temps plein avant leur cancer.

3 principaux facteurs de non-retour à l’emploi sont identifiés : 

  • la coexistence de troubles dépressifs et anxieux ; 
  • la pénibilité du travail ;
  • l’impact de certains types de traitement.

Étude 2. L’observatoire sociétal des cancers, publié par la Ligue nationale contre le cancer, s’appuyant sur une enquête menée par Ipsos en 2021 auprès de 7 709 personnes soignées ou ayant été soignées pour un cancer (tout type et localisation confondus), met en avant les éléments suivants : 

  • 84 % ressentent toujours une conséquence physique ou psychologique ;
  • 37 % expriment des craintes par rapport à l’impact de la maladie sur l’emploi, leur budget et leur parcours de vie en général ;
  • 24 % n’ont pas été orientés vers des soins de support (1) ;
  • 51% n’ont pas été orientés vers un médecin du travail, un professionnel médicosocial ou de conseil ou un assistant de service social ;
  • 90 % des participants qui se sont vu recommander un professionnel de soins de support sont allés le consulter.

(1) Soins de support : l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades pendant et après la maladie, en complément du traitement. Ils se font en association avec les traitements spécifiques contre le cancer lorsqu’ils sont mis en place (Inca ; Ligue nationale contre le cancer).

Les échanges avec des associations de patientes montrent qu’il existe des difficultés pour le maintien ou le retour en activité, même lorsque cela correspond à une démarche volontaire de la patiente alors même que le maintien ou le retour en activité peuvent faire partie du chemin vers le rétablissement.

Ces difficultés sont de 2 ordres : 

  • les effets secondaires liés au traitement ;
  • d’importants obstacles d’ordre médicosocial et organisationnel (doute du corps médical sur la capacité à reprendre une activité professionnelle, faible visibilité des dispositifs facilitant, méconnaissance des différents acteurs et de leurs rôles, méconnaissance par le monde de l’entreprise des modalités d’accueil et des différentes possibilités d’organiser et d’adapter le travail pour une personne ayant eu un cancer ou en cours de traitement d’un cancer).
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