Apnée du sommeil

Publié dans : Prise en charge selon la pathologie

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (Sahos) est défini par l’association de symptômes cliniques – somnolence notamment – et de troubles respiratoires du sommeil, objectivé par la mesure de l’indice d’apnées-hypopnées (IAH).

Le traitement de référence est la ventilation nasale par pression positive continue (PPC). Le traitement alternatif est représenté par les orthèses d’avancée mandibulaire (OAM). Des mesures hygiénodiététiques sont toujours recommandées, une intervention chirurgicale peut être utile. D’autres dispositifs médicaux sont en développement.

L'apnée du sommeil est appelée le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (Sahos), auparavant dénommé le syndrome des apnées obstructives du sommeil (Saos).

Ce syndrome se caractérise par la survenue d’épisodes anormalement fréquents d’interruptions – apnées - ou de réductions – hypopnées - de la respiration durant le sommeil.

Ces pauses de respiration durent de 10 à 30 secondes, voire plus, se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil et peuvent se répéter une centaine de fois par nuit.

Elles sont dues à des obstructions répétées complètes ou partielles des conduits respiratoires de l'arrière-gorge (voies aériennes supérieures) survenant au cours du sommeil.

Cette réduction ou interruption de la ventilation pendant le sommeil provoque un manque en oxygène. Le cerveau réagit et la personne se réveille pour reprendre sa respiration. Ces éveils sont de courte durée : on parle de « micro-éveils » dont la personne n'a pas conscience.

Ce syndrome est associé à un ronflement nocturne et à une somnolence diurne, conséquence d'un sommeil très perturbé, saccadé et de mauvaise qualité.

En France, le Sahos ou syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil touche 4 % de la population.

Agenda du sommeil, échelles d’appréciation et examen ORL

Lors de la consultation médicale, le médecin fait préciser au patient les troubles qu'il ressent ou que son entourage a observés. Il lui propose éventuellement de tenir un agenda du sommeil dans lequel il précisera les horaires des perturbations nocturnes et diurnes.

Afin de poser son diagnostic de somnolence diurne, le médecin dispose de plusieurs échelles d’appréciation, dont l'Échelle de somnolence d'Epworth (PDF) (site reseau-morphee.fr).

Un examen ORL (otorhinolaryngologique) est nécessaire. Il recherche un obstacle sur les voies aériennes : langue, ou amygdales volumineuses, nez bouché, mandibule trop petite par rapport au maxillaire supérieur...

Le médecin recherche des facteurs de risque cardiovasculaire souvent associés à l'apnée du sommeil, en particulier une hypertension artérielle et un surpoids par le calcul de l'indice de masse corporelle (IMC) et la mesure du tour de taille.

Le bilan du sommeil et les enregistrements réalisés

Si l'apnée du sommeil est suspectée, le médecin demande un avis médical spécialisé et des examens complémentaires, notamment un bilan du sommeil. Il est souvent pratiqué dans des unités du sommeil, où l’on réalise diverses mesures objectives.

Pour connaître l’adresse du centre du sommeil le plus proche de chez vous, vous pouvez consulter le site de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).

Les enregistrements du sommeil peuvent être réalisés selon 2 techniques différentes.

L’apnée du sommeil, de légère à sévère

L'importance du syndrome d'apnées du sommeil se mesure au nombre d'apnées/hypopnées par heure de sommeil : IAH ou indice d'apnées/hypopnées.

  • Si cet indice se situe entre 5 et 15, l'apnée du sommeil est légère.
  • S’il se situe entre 16 et 30, l'apnée du sommeil est modérée.
  • S’il est supérieur à 30, l'apnée du sommeil est sévère.

La polygraphie ventilatoire nocturne enregistre sur une durée d'au moins 6 heures : l'électrocardiogramme, les mouvements respiratoires et le débit d'air entrant et sortant par les narines.

Un capteur placé au niveau d'un doigt permet d'analyser la saturation du sang en oxygène et donc de détecter des baisses de saturation lors des apnées et des hypopnées.

La polysomnographie, plus complète que la polygraphie, est un examen complexe qui n'est pas systématiquement prescrit.
La polysomnographie est un enregistrement du sommeil réalisé soit sur une nuit, soit sur une nuit et une journée. Il peut se faire durant une hospitalisation nocturne.

Cet examen permet d’étudier :

  • l'activité cérébrale (par électro-encéphalogramme) ;
  • l’activité musculaire du menton et des jambes (électromyogramme) ;
  • les mouvements oculaires (électro-oculogramme).

La polysomnographie confirme le diagnostic d'apnées du sommeil, en évalue la gravité - nombre, durée et gravité des apnées et hypopnées - et analyse leur retentissement sur le sommeil.

Le choix du traitement de l’apnée du sommeil est défini par l'équipe médicale en fonction des symptômes ressentis par le patient et de la sévérité de la maladie. Les mesures hygiénodiététiques sont toujours indispensables.

Les mesures hygiénodiététiques en cas d’apnée du sommeil

Le suivi de mesures hygiénodiététiques constitue un premier traitement indispensable de l'apnée du sommeil. Dans les formes légères, cela peut suffire.

Ces mesures consistent à :

  • perdre du poids en cas de surpoids ou d'obésité ;
  • adopter une activité physique régulière ;
  • arrêter la consommation de tabac ;
  • réduire sa consommation d’alcool surtout le soir, car l'alcool diminue le tonus des muscles des voies aériennes supérieures ;
  • adopter des horaires réguliers de sommeil et modifier sa position pour dormir. En cas d'apnée du sommeil modérée, le fait de dormir sur le côté, et non sur le dos, peut réduire de moitié le nombre d'obstructions pendant la nuit. Si le patient n'y arrive pas, il existe des dispositifs (comme des mousses à placer dans le dos).

Le traitement de l'apnée du sommeil par orthèse d'avancée mandibulaire (OAM)

Les propulseurs mandibulaires (ou d'avancée mandibulaire) poussent la mâchoire inférieure en avant et empêchent la langue de se replier et de bloquer la voie aérienne. Ces appareils, constitué de 2 gouttières, augmentent l'espace compris entre la base de la langue et le pharynx.

Pour assurer son bon maintien, l'orthèse doit être réalisée sur mesure et ajustée ou thermoformée adaptée directement sur les arcades dentaires. Elle doit être portée toutes les nuits. La denture doit être en bon état.

Ces appareils conviennent surtout pour les apnées du sommeil de moyenne gravité (indice apnées-hypopnées ou IAH compris entre 15 et 30) en l'absence de maladie cardiovasculaire. Ils peuvent aussi être utilisés en cas d'apnée du sommeil sévère, après échec ou intolérance d'un traitement par pression positive continue.

Ces appareils sont parfois responsables de douleurs des articulations temporomaxillaires et de déplacements dentaires. Un contrôle tous les 6 mois est nécessaire.

La prise en charge est assurée après une demande d’accord préalable remplie par le médecin prescripteur, lors de la première prescription et à chaque renouvellement. Le remboursement du renouvellement est accepté au bout de 2 ans, après l'appareillage précédent, à condition que :

  • l'efficacité du traitement soit démontrée : amélioration des symptômes et diminution d'au moins 50 % de l'indice d'apnée/hypopnée ;
  • la prescription soit bien suivie.

La prise en charge d'une orthèse exclut la possibilité de la prise en charge d'un traitement par pression positive continue. En cas d'échec du traitement par orthèse, un traitement par pression positive continue peut être proposé.

Le traitement de l'apnée du sommeil par pression positive continue (PPC)

Ce traitement des apnées du sommeil consiste en l’utilisation d’un appareil qui, pendant la nuit, envoie l'air dans les voies respiratoires avec une légère surpression. On parle de PPC (pression positive continue) ou de CPAP (pour l’anglais Continuous Positive Airway Pressure, de même signification).

L'application d'une PPC dans les voies aériennes supérieures évite le blocage de l'inspiration et prévient la survenue de l'apnée. Le débit d'air est fourni par une machine, reliée à un masque nasal par un tuyau souple. Le masque est appliqué sur le visage par un système de harnais.

Il existe divers appareils, masques narinaires ou masques couvrant soit le nez, soit le nez et la bouche, et accessoires PPC. Le médecin et le fournisseur de matériel aident leur patient à trouver ceux qui lui conviennent le mieux et le matériel est installé à son domicile.

Ce traitement peut avoir des effets secondaires : irritation du visage par le masque, sécheresse du nez et de la bouche ou au contraire rhinite, inconfort digestif.

Ce traitement est contraignant, mais il permet d'obtenir d'excellents résultats en cas d'apnées du sommeil sévères. Malgré la contrainte, il est important que le patient ne se décourage pas. Avec l'aide du fournisseur de matériel, plusieurs ajustements peuvent être nécessaires pour trouver la solution la plus confortable.
Le bon suivi du traitement est indispensable pour minimiser les conséquences de l'apnée sur la qualité de vie et la santé. Il suffit d'une nuit sans PPC pour voir réapparaître la somnolence pendant la journée.

Ce traitement est recommandé :

  • si l’apnée est sévère, c’est-à-dire si l'indice d'apnées-hypopnées (IAH) est supérieur ou égal à 30 (plus de 30 apnées/hypopnées par heure d'enregistrement de sommeil) ;
  • si l'indice d'apnées-hypopnées (IAH) est compris entre 15 et 30 (15 à 30 apnées/hypopnées par heure d'enregistrement de sommeil) avec au moins 10 micro-éveils par heure de sommeil ou en présence d'une maladie cardiovasculaire grave associée :
    • hypertension artérielle (HTA) résistante,
    • fibrillation auriculaire récidivante,
    • insuffisance cardiaque sévère,
    • maladie coronarienne mal contrôlée
    • antécédent d’accident cardiovasculaire (AVC).

Le traitement est remboursable, le médecin prescripteur doit en faire la demande en établissant d’une demande d’accord préalable lors de la première prescription et à chaque renouvellement.
La prise en charge doit être renouvelée chaque année. Elle est acceptée si les 2 conditions suivantes sont respectées.

  • L'appareil doit être utilisé 3 heures minimum chaque nuit, sur une période de 24 heures.
  • Une efficacité du traitement par ventilation nocturne PPC doit être constatée.

Apnée du sommeil : le traitement chirurgical

Le traitement chirurgical n'est indiqué qu'en cas d'échec des autres traitements de l'apnée du sommeil et il est surtout réservé à des cas particuliers, liés à des anomalies anatomiques de la sphère ORL ou maxillofaciale. Son but est de lever un obstacle ORL qui gêne le passage de l'air.

L'intervention peut porter sur le voile du palais, les végétations, les amygdales, le maxillaire inférieur (chirurgie d'avancée maxillo-mandibulaire) ou la structure du nez.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Le champ avec astérisque (*) est obligatoire.

Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?