Une étude montre les liens entre précarité et prévalence des troubles mentaux chez les enfants
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- Études
Une étude publiée le 9 janvier 2024 par Santé publique France (SPF) et l'Assurance Maladie (1) compare, selon le niveau de désavantage social, les prévalences des affections de longue durée (ALD) ainsi que les diagnostics hospitaliers, dont ceux évitables. De nombreuses pathologies, notamment les troubles mentaux, sont plus fréquentes en présence d’un désavantage social, surtout financier.
Méthode de l’étude
L’étude observationnelle transversale parue le 9 janvier 2024, qui se fonde sur le Système national des données de santé (SNDS), a inclus tous les Français métropolitains âgés de moins de 18 ans fin 2018 et ayant bénéficié d’au moins un remboursement de soins par l’Assurance Maladie, soit plus de 13 millions d’enfants. Ils ont été suivis pendant un an afin de comparer les prévalences des ALD ainsi que les diagnostics d’hospitalisation au sein de cette population au regard de 2 critères de désavantage social :
- la présence ou non d’une couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C devenue « Complémentaire santé solidaire » en novembre 2019), attribuée au foyer avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté ;
- un désavantage géographique (de 1 à 5), estimé à partir de l’index FDep (indice de défavorisation), calculé par commune en fonction du revenu médian, du taux de bacheliers et de chômeurs.
Au total, 17,5 % des enfants inclus dans l’étude bénéficiaient de la CMU-C, leur âge médian était de 9 ans.
Observations de l’étude
Les affections de longue durée
Au total, 4 % des enfants présentaient au moins une ALD : 4,6 % des garçons et 3,3 % des filles. Parmi les 10 ALD les plus fréquentes, 6 correspondent à un trouble mental :
- troubles envahissants du développement (ou troubles du « spectre autistique ») (0,53 %) ;
- asthme (0,24 %) ;
- troubles spécifiques du développement de la parole et du langage (0,17 %) ;
- épilepsie (0,17 %) ;
- retard mental (0,16 %) ;
- diabète (0,15 %) ;
- scoliose (0,15 %) ;
- troubles spécifiques du développement des acquisitions scolaires (0,12 %) ;
- troubles mixtes des conduites et troubles émotionnels (0,10 %) ;
- troubles spécifiques mixtes du développement (0,9 %).
À l’exception de la scoliose, pour chacune de ces 10 ALD, leur fréquence était plus importante en présence d’un désavantage social. Certaines ALD d’ordre psychiatrique sont de 2 à près de 3 fois plus élevées parmi les bénéficiaires de la CMU-C. C’est le cas des troubles mixtes des conduites et troubles émotionnels, des troubles spécifiques mixtes du développement, des troubles envahissants du développement et du retard mental.
Les diagnostics d’hospitalisation
Au moins une hospitalisation en MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) a été observée pour 8,8 % des enfants (1 157 701). Ce taux était plus élevé pour les enfants les plus défavorisés. Parmi les écarts les plus importants, étaient concernées les hospitalisations pour troubles mentaux et du comportement : près de 2 fois plus d’hospitalisations parmi les bénéficiaires de la CMU-C.
Les hospitalisations évitables (2) représentent plus d’un quart des hospitalisations des enfants de 0 à 10 ans (25,8 %). Les plus fréquentes sont les déshydratations et gastroentérites, la bronchiolite, les otites et l’asthme. Elles ont été globalement plus fréquentes avec la défavorisation, notamment celles pour constipation, carences nutritionnelles et pathologies dentaires.
(1) Pathologies et désavantage social des moins de 18 ans en France métropolitaine, en 2018, à partir des données du SNDS - Philippe Tuppin, Jeanne Pergeline, Thomas Lesuffleur, Sylvie Rey, Jeanne Fresson, Antoine Rachas, Gonzague Debeugny.
(2) L’étude précise : « Il n’existe pas de consensus sur la définition des hospitalisations potentiellement évitables chez l’enfant. Toutefois, surtout pour les adultes, des listes de diagnostics ont été proposées. Ce sont ceux dont une prise en charge plus efficace des patients en ville réduirait les risques d’hospitalisation, en dehors de comorbidités et complications. »