Reflux gastro-œsophagien de l’enfant de moins d’un an : dans quels cas traiter par IPP ?

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La consommation des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) augmente chez les jeunes enfants en France et dans la plupart des pays à revenus élevés, de même que le risque global d’infections bactériennes ou virales en cas d’exposition à ce traitement (1). Or la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de ne pas recourir aux IPP pour traiter des signes isolés de reflux de type régurgitations, même accompagnés de pleurs ou d’irritabilité, chez un enfant dont le développement est normal et de proposer des IPP uniquement sur une courte durée, en cas de reflux gastro-œsophagien (RGO) pathologique.

Comment différencier les types de reflux gastro-œsophagien de l’enfant et les traiter ?

Pour la pratique au quotidien, la HAS a élaboré une fiche pertinence sur le RGO de l’enfant de moins d’un an, avec en annexe un logigramme de prise en charge des régurgitations simples du nourrisson et un arbre décisionnel pour la prise en charge du RGO du nourrisson de moins d’un an. Télécharger la fiche pertinence (PDF).

Les régurgitations simples touchent jusqu’à 70 % des nourrissons de 4 mois et peuvent être difficiles à distinguer d’un reflux gastro-œsophagien (RGO) pathologique.
Elles peuvent être pluriquotidiennes, mais elles sont de courte durée et spontanées. Elles peuvent également entraîner des pleurs qui témoignent surtout de la gêne de l’enfant mais ne traduisent pas l’existence de douleurs. Les régurgitations simples sont dans la majorité des cas sans gravité et n’ont pas de retentissement sur la croissance staturopondérale. Elles sont de résolution spontanée vers l’âge d’un an du fait de la maturation du système anti-reflux entre l’estomac et l’œsophage, de la diversification de l’alimentation, de l’orthostatisme et de la diversification alimentaire.

Comment traiter les régurgitations simples ? La réassurance parentale et des mesures diététiques et posturales sont généralement suffisantes pour la prise en charge des régurgitations simples. Le RGO est un motif fréquent d’inquiétude chez les parents. Pour aider le médecin à les rassurer, la HAS a mis à leur disposition une fiche d’information (PDF) qui explique le mécanisme du reflux du nourrisson et les gestes simples à suivre pour le limiter et une affiche pour la salle d’attente (PDF).

Le RGO est considéré comme pathologique lorsque le reflux provoque des symptômes gênants ou des complications : refus de s’alimenter, troubles du sommeil, retard de croissance, etc.

Comment traiter le RGO pathologique ? Les antiacides (comme l’association alginate de sodium + bicarbonate de sodium, en suspension buvable en flacon)) sont indiqués dans le traitement symptomatique du RGO. Ils sont conçus pour neutraliser l’acidité gastrique. Ils doivent être administrés après chaque repas et à distance de toute autre prise médicamenteuse sur une courte durée, 1 à 2 semaines maximum.
En cas d’amélioration des symptômes, l’indication du traitement devra être réévaluée régulièrement pour éviter une utilisation prolongée.

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ne sont pas indiqués en première intention.

Quand prescrire un traitement par IPP ?

Chez l’enfant âgé de moins d’un an, le recours à un traitement par IPP relève d’une prescription hors autorisation de mise sur le marché (AMM) et il est réservé à certaines situations très particulières :

  • pour le traitement de l’œsophagite par reflux authentifiée par endoscopie œsogastroduodénale ;
  • pour le traitement du reflux gastro-œsophagien pathologique attesté par pH-métrie.

Un traitement de 4 à 8 semaines sera envisagé à la posologie la plus faible possible dans un premier temps puis reconsidéré par le spécialiste.

Sur ce sujet, consulter aussi l’article : Reflux gastro-œsophagien (RGO) de l'enfant de moins d'un an : définition et prise en charge.

Traitement par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) : quelques chiffres

En France, en 2019, 6,1 % des enfants de moins de 2 ans prenaient des IPP, contre 3,6 % en 2010.

La prévalence de l’utilisation des IPP au cours de la première année de vie est passée de 2,4 % à 5,2 % entre 2005 et 2012 en Nouvelle-Zélande, tandis que les taux de prescription d’IPP en 2020 étaient de 1,9 % en Suède, de 2,3 % en Norvège et de 4,6 % au Danemark, soit 3 à 5 fois plus qu’en 2000 (1).

(1) Proton Pump Inhibitor Use and Risk of Serious Infections in Young Children. Marion Lassalle, PharmD, PhD; Mahmoud Zureik, MD, PhD; Rosemary Dray-Spira, MD, PhD, JAMA Pediatr. doi:10.1001/jamapediatrics.2023.2900 Published online August 14, 2023.

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