Progestatifs et risque de méningiome : publication d’une nouvelle étude Epi-Phare

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Dans le cadre de la surveillance renforcée des progestatifs utilisés pour certaines pathologies gynécologiques, pour des traitements hormonaux substitutifs ou encore en obstétrique, le Groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare (GIS Epi-Phare) a conduit une nouvelle étude de pharmaco-épidémiologie afin d’évaluer le risque de méningiome opéré associé à cette classe de médicaments. Les résultats, présentés le 12 juin 2023, confirment un surrisque significatif de méningiome avec 3 nouvelles substances mais montrent que l’usage d’un dispositif intra-utérin (DIU) délivrant des progestatifs ne présente pas d’augmentation de ce risque.

Contexte, objectif et méthode

Entre 2018 et 2020, plusieurs études ont démontré un risque de méningiome pour 3 progestatifs : cyprotérone (Androcur et générique), nomégestrol (Lutenyl et génériques) et chlormadinone (Lutéran et génériques).

Des recommandations ont dès lors été mises en place par l’Assurance Maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour limiter ce risque (modération des prescriptions d’initiation, de la durée et de la dose du traitement, meilleur suivi par imagerie…).

La dernière étude d’Epi-Phare à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) a été menée en vue de vérifier l’existence du même risque de méningiome intracrânien opéré avec d’autres progestatifs : progestérone, médrogestone, médroxyprogestérone, dydrogestérone, promégestone, diénogest et stérilet au lévonorgestrel. Elle a suivi 18 000 femmes opérées d’un méningiome entre 2009 et 2018 et 90 000 femmes témoins.

Principaux résultats

Surrisque significatif avec 3 progestatifs

L’étude révèle une association entre le risque de méningiome intracrânien nécessitant un traitement chirurgical et l’utilisation prolongée, c’est-à-dire supérieure ou égale à 1 an, de 3 progestatifs :

  • acétate de médroxyprogestérone (Depo Provera 150 mg / 3 ml) ;
  • médrogestone (Colprone 5 mg) ;
  • et promégestone (Surgestone 0,5 mg, médicament qui n’est plus commercialisé depuis 2020).

Le risque augmente avec la durée du traitement. Pour une utilisation du médicament de plus de 1 an :

  • acétate de médroxyprogestérone: risque multiplié par 5,6 ;
  • médrogestone : risque multiplié par 4,1 ;
  • promégestone : risque multiplié par 2,7 .

Des mesures pour limiter ces risques seront mises en place dans le cadre du Comité scientifique temporaire de l’ANSM et communiquées prochainement aux professionnels de santé.

Androcur, Lutényl et Lutéran

Risque de chirurgie du méningiome avec une utilisation de plus de 1 an :

Pas de risque de méningiome associé au dispositif intra-utérin

Le stérilet délivrant du lévonorgestrel (13,5 et 52 mg), dispositif de contraception utilisé par plus de 500 000 femmes en France, ne présente pas de surrisque de ménigiome.

Les expositions à la progestérone par voie orale, intra-vaginale ou cutanée (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston) n’ont pas été associées à un surrisque de chirurgie de méningiome intracrânien.

Enfin, le diénogest (Visanne, médicament actuellement en arrêt de commercialisation) n’a pas été prescrit en quantité suffisante entre 2009 et 2018 pour obtenir des résultats fiables statistiquement dans le cadre de cette étude.

Lire l’étude Epi-Phare « Utilisation de progestatifs et risque de méningiome intracrânien : une étude cas-témoins à partir des données du système national des données de santé (SNDS) – 22 juin 2023 »

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