Bon usage des opioïdes à visée antalgique : publication des recommandations de la HAS

En 2015, près de 10 millions de Français (soit 17,1 % de la population) (1) ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes, un chiffre qui serait en hausse ces dernières années. Utiles pour soulager les douleurs, tous les opioïdes peuvent cependant induire une dépendance physique élevée. Un non-respect des règles de bon usage peut conduire à des effets indésirables graves liés souvent au surdosage, voire à la mort par arrêt cardiorespiratoire.
Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le nombre important de décès imputables à la consommation de ces médicaments est considéré comme une crise sanitaire majeure. En France, le nombre de décès est beaucoup plus faible, en partie grâce aux comportements de prescription des médecins français. Néanmoins, il est essentiel de sécuriser l’usage des opioïdes sans en restreindre l’accès pour les patients qui en ont besoin. Et ce, alors que la population vieillit et que la fréquence des maladies chroniques augmente (cancers, maladies de l’appareil ostéoarticulaire, etc.), ces dernières étant souvent accompagnées de symptômes douloureux.

Un usage des opioïdes défini pour chaque situation

C’est dans ce contexte que la Haute Autorité de santé (HAS) a élaboré des recommandations détaillées pour chaque situation où des opioïdes peuvent être prescrits : traitement de la douleur chronique non cancéreuse, de la douleur aiguë, de celle liée au cancer ou encore chez la femme enceinte et allaitante. L’objectif est de recommander, en fonction des connaissances validées de la science médicale, des bonnes pratiques, tant en matière d’indications, d’instauration du traitement, de modalités d’utilisation, de durée de la prescription, de suivi et d’arrêt que de la prévention des effets indésirables et du risque de surdosage. L’information délivrée au patient n’a pas été oubliée, ni la prise en charge des patients présentant une dépendance à ces substances.

Ce qu’il faut retenir

La place de ces traitements doit être reconsidérée au regard des autres possibilités thérapeutiques. Il est indispensable de maintenir la mobilisation des professionnels de santé pour une juste prescription.
Une des clés pour sécuriser davantage la prescription d’opioïdes est de ne pas en banaliser le recours.
En cas de douleur aiguë sévère, la prescription d’un antalgique opioïde peut être justifiée. Elle doit être courte, inférieure à 14 jours, et doit être réévaluée au 7e jour.
En cas de douleurs chroniques non cancéreuses, les antalgiques opioïdes ne doivent être envisagés que lorsque l’ensemble des autres propositions thérapeutiques, médicamenteuses ou non médicamenteuses ont été essayées et se sont révélées inefficaces.
La principale indication des antalgiques opioïdes reste le traitement de la douleur liée au cancer qui ne cède pas aux antalgiques usuels.
Quand la prescription d’opioïdes est nécessaire, il est recommandé d’instaurer le traitement de façon progressive, avec des réévaluations régulières en début de traitement afin d’ajuster la posologie et de surveiller l’apparition d’effets indésirables. Au-delà de 6 mois de traitement continu, ce qui doit être exceptionnel, la HAS recommande de diminuer progressivement le traitement voire de l’arrêter complètement, afin de vérifier si le traitement est toujours justifié ou si une dose inférieure suffit. En effet, ce qui compte pour apprécier le risque, c’est la durée de prescription et la quantité prescrite : quel que soit le type de médicament opioïde, une quantité prescrite trop importante peut se révéler rapidement problématique.

Retrouver tous les détails de ces recommandations sur le bon usage des médicaments opioïdes sur le site de la HAS

(1) Source : Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Rapport « État des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et leurs usages problématiques, février 2019.

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