Améliorer le bon usage des antibiotiques pour lutter efficacement contre l’antibiorésistance

Malgré une baisse continue depuis 10 ans de la consommation d’antibiotiques en ville, la France reste le 4e pays européen le plus consommateur derrière la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie (1).

La résistance aux antibiotiques représente une menace importante pour la santé mondiale et leur surconsommation et/ou mauvais usage accélèrent le développement de bactéries résistantes.

En France, l’antibiorésistance est responsable de 5 500 décès annuels et de 139 000 hospitalisations par an.

Plus que jamais, il est nécessaire d’intensifier les efforts pour améliorer le bon usage des médicaments.

Une campagne de prévention de Santé publique France

Dans ce contexte, Santé publique France a lancé début octobre une campagne pédagogique à la radio et sur les réseaux sociaux à destination du grand public, portée par le slogan « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ».

En complément de cette campagne de prévention, l’agence met à disposition des professionnels de santé, dont les médecins :

  • 3 affiches visant à préparer les patients, en amont de leur consultation, à la possibilité d’une non-prescription d’antibiotiques ;
  • un marque-page à remettre aux patients, qui renvoie notamment vers le site www.antibiomalin.fr, site pédagogiques sur le bon usage des antibiotiques et de l’information sur l’antibiorésistance.

Commander ou télécharger les outils pédagogiques dédiés aux patients : mode d’emploi

Pour se procurer ces documents gratuitement, il est possible de les :

Contribuer à réduire le mésusage des antibiotiques

Parce que les professionnels de santé notamment les médecins sont des acteurs essentiels de santé publique, leur soutien est essentiel pour contribuer à réduire le mésusage des antibiotiques. En affichant et en diffusant ces messages, ils contribuent à la lutte contre l’antibiorésistance.

Optimiser sa pratique médicale, un levier essentiel pour lutter contre l’antibiorésistance

Recourir davantage au TROD angine

Utiliser les antibiotiques de manière ciblée, c'est préserver leur efficacité. Le test rapide d'orientation diagnostique (TROD) angine permet de réserver les antibiotiques aux angines à streptocoque bêta hémolytique du groupe A (SGA) et évite ainsi de prescrire ces médicaments inutilement.

L'Assurance Maladie se mobilise à travers différentes actions pour préserver l'efficacité des antibiotiques et lutter contre l’antibiorésistance. Concrètement, elle met gratuitement des TROD angine à la disposition des médecins libéraux généralistes, pédiatres et oto-rhino-laryngologistes (ORL).

Pour appuyer cette démarche, des délégués de l’Assurance Maladie (DAM) viennent à la rencontre des médecins généralistes, l’occasion aussi de leur présenter l’outil Dataviz antibiotique. Cet outil numérique dresse le profil prescripteur du médecin avec ses données générales en termes de volume et de fréquence de prescription, et de profils de patients.

Consulter le site Antibioclic.com

https://antibioclic.com/ est un outil indépendant d'aide à la décision thérapeutique en antibiothérapie. Ce site est destiné aux professionnels de santé. Son contenu suit les dernières recommandations françaises en vigueur. À noter : le contenu du site ne se substitue pas à la responsabilité de prescription du médecin.

Pour aller plus loin sur l’antibiorésistance

 

Partie 1. La France encore trop consommatrice d’antibiotiques

1. Les chiffres clés

  • La France est le 4e pays en Europe le plus consommateur d’antibiotiques derrière la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie en 2020.
  • Néanmoins, la consommation d’antibiotiques diminue régulièrement depuis 2011 en France.
  • Une chute importante a été observée en 2020, année marquée par l’épidémie de Covid-19.
  • En 2021, la consommation d’antibiotiques a repris parallèlement :
    • à l’abandon progressif des mesures barrières ;
    • la reprise de la circulation des infections hivernales courantes ;
    • à l’augmentation des consultations médicales.

Pourtant, les infections hivernales courantes justifient rarement une prescription d’antibiotiques.

  • En 2021 :
    • + de 700 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants, soit une augmentation de 6 % par rapport à 2020 ;
    • + forte hausse : prescriptions d’antibiotiques pour les enfants de 0 à 4 ans (retour presque au même niveau qu’en 2019, avant la pandémie de Covid-19).

2. Focus sur la prescription d’antibiotiques en Ehpad

Depuis 2015, la consommation d'antibiotiques dans les Ehpad sans pharmacie à usage intérieur (PUI) est orientée à la baisse.

Comme dans le secteur de ville, une très forte diminution a été observée en 2020, conséquence des mesures de contrôle de l’épidémie de Covid-19.

En 2021, les prescriptions d’antibiotiques ont continué de diminuer : 9,6 %

3. Focus sur les prescripteurs d’antibiotiques et les molécules les plus prescrites

Principaux prescripteurs en 2021

  • 72,4 % des prescriptions ont été effectuées par des médecins généralistes ;
  • 14,3 % des prescriptions ont été effectuées par des chirurgiens-dentistes ;
  • 2,1 % des prescriptions ont été effectuées par des pédiatres.

Principales molécules prescrites

La reprise des prescriptions concerne particulièrement l’amoxicilline : + 12 % par rapport à 2020

De façon plus préoccupante, elle concerne aussi :

  • l’association amoxicilline + acide clavulanique : + 7 % par rapport à 2020
  • les céphalosporines : + 3 % par rapport à 2020

Ces 2 antibiotiques sont fortement générateurs de résistances et leur prescription est à restreindre.

À l’opposé, les prescriptions de fluoroquinolones continuent de diminuer, en lien avec les recommandations pour préserver leur efficacité.

4. Les conséquences de l’antibiorésistance en France

Par an, l’antibiorésistance est responsable de :

  • 5 500 décès ;
  • 139 000 hospitalisations.

Partie 2. Les leviers pour lutter contre l’antibiorésistance

1. L’accompagnement des praticiens par l’Assurance Maladie

Dans le cadre de la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance, l’Assurance Maladie déploie notamment des actions pour :

  • promouvoir l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour l’angine afin de diminuer les prescriptions d’antibiotique inutiles dans l’angine d’origine virale ;
  • informer les pharmaciens de leur nouveau rôle dans le dépistage des infections urinaires ;
  • inciter la dispensation à l’unité des antibiotiques.

Focus sur le recours au TROD angine

Chez l’adulte et chez l’enfant à partir de 3 ans, la prescription d’antibiotiques en cas d’angine est notamment conditionnée au résultat positif d’un TROD.

Le TROD angine est fourni gratuitement par l’Assurance Maladie (commande via amelipro)

La rémunération de son utilisation est incluse dans le tarif de la consultation.

En 2021, les médecins généralistes ont commandé 1,2 million de TROD.

Au regard des 9 millions d’angines annuelles, les chiffres de commande sont insuffisants.

Les angines sont d’origine virale dans :

  • 75 à 90 % des cas chez l’adulte ;
  • 60 à 75 % chez l’enfant.

2. Des outils pédagogiques pour dialoguer avec les patients

Santé publique France met à la disposition des médecins :

  • 3 affiches à destination des patients pour les préparer en amont de leur consultation à la possibilité d’une non-prescription d’antibiotiques ;
  • un marque-page à remettre aux patients, qui renvoie notamment vers le site www.antibiomalin.fr, site pédagogiques sur le bon usage des antibiotiques et délivrant de l’information sur l’antibiorésistance.

Sources : Santé publique France et Assurance Maladie.

(1) Source : Santé publique France, « La France encore trop consommatrice d’antibiotiques ».

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