Tabagisme : l’interruption de la baisse de la prévalence s’est confirmée en 2021
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Après une baisse du tabagisme d’ampleur inédite en France entre 2014 et 2019, les dernières données du Baromètre de Santé publique France (1) confirment la stabilisation de la prévalence observée en 2020. Les estimations publiées le 13 décembre 2022 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire montrent même une hausse du tabagisme quotidien chez les femmes et les personnes les moins diplômées entre 2019 et 2021. Un impact de la crise du Covid-19 pourrait expliquer en partie la hausse observée dans ces groupes et l’interruption de la baisse de la prévalence du tabagisme.
Hausse du tabagisme quotidien chez les femmes et les moins diplômés
En 2021 en France métropolitaine, plus de 3 personnes sur 10 âgées de 18 à 75 ans ont déclaré fumer (31,9 %). Cette prévalence est stable par rapport à 2020, mais en hausse de 1,5 point par rapport à 2019 (30,4 %). La proportion de fumeurs quotidiens (un quart) est stable par rapport à 2019.
En revanche, chez les femmes entre 18 et 75 ans, le tabagisme quotidien a augmenté, passant de 20,7 % en 2019 à 23 % en 2021.
Les inégalités sociales restent par ailleurs très marquées puisque la prévalence du tabagisme quotidien a également augmenté parmi les moins diplômés (niveau inférieur au baccalauréat) en passant de 29 à 32 % entre 2019 et 2021. Un écart de 15 points est observé entre les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat et celles titulaires d’un diplôme supérieur.
L’augmentation du tabagisme parmi les femmes et les moins diplômés pourrait être en partie liée à un impact plus fort de la crise du Covid-19 chez ces populations, avec une utilisation de la cigarette comme outil de gestion du stress, notamment en raison d’une augmentation de la charge mentale et d’une dégradation des conditions de travail chez les femmes.
Des inégalités territoriales marquées
En 2021, le tabagisme quotidien parmi les 18-75 ans variait de 22 à 29 % selon les régions de France métropolitaine : l’Île-de-France et les Pays de la Loire ont une prévalence moins élevée que le reste du territoire (22 %), tandis que l’Occitanie et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se distinguent par une prévalence plus élevée (respectivement 28 et 29 %).
Dans les départements et région d’Outre-mer, la prévalence est inférieure à celle observée en France métropolitaine et notamment en baisse significative par rapport à 2014 à La Réunion, en Martinique et en Guyane.
Poursuivre la lutte contre le tabac pour réamorcer une tendance à la baisse
Le tabac demeure la première cause de mortalité évitable dans le pays qui compte 15 millions de fumeurs, dont 12 millions de fumeurs quotidiens (2).
Certains résultats sont néanmoins encourageants. En effet, une baisse du tabagisme a été observée en 2021 chez les hommes âgés de 18 à 24 ans et en novembre 2022, pour l’opération Mois sans tabac, 162 000 participants étaient inscrits contre 110 000 l’an dernier.
Pour favoriser un retour à la baisse, il est capital de continuer à sensibiliser les fumeurs, c’est pourquoi Santé publique France, en partenariat avec le ministère de la Santé et de la prévention et l’Assurance Maladie, relancera en février 2023 une campagne d’incitation à l’arrêt du tabac déjà diffusée entre février et mars 2022, notamment à destination des personnes les plus fragiles sur le plan socio-économique.
Cette campagne valorise la diversité des solutions d’arrêt et le rôle du professionnel de santé dans l’information aux patients sur la prise en charge du sevrage tabagique et leur accompagnement.
(1) Enquête téléphonique réalisée entre février et décembre 2021 à partir d’un échantillon aléatoire de la population des 18-85 ans résidant en France (24 514 personnes en métropole et 6 519 personnes dans les DROM).
(2) Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Drogues et addictions, chiffres clés 2022. Paris : OFDT ; 2022. 8 p.