Insuffisance cardiaque : sensibiliser le patient aux règles de bonnes pratiques « EPON »

Publié dans : Insuffisance cardiaque

En France, plus d’1,5 million de patients souffrent d’une insuffisance cardiaque. La prise en charge de cette maladie nécessite l’instauration de nouvelles habitudes de vie, ce qui n’est pas toujours facile. Il est important d’en parler avec ses patients pour les accompagner et les rassurer.

Afin de limiter l’aggravation de la maladie et son impact sur la qualité de vie, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque repose sur 3 piliers fondamentaux : le diagnostic précoce, le suivi clinique et thérapeutique coordonné entre les professionnels de santé et l’instauration dans son quotidien des 4 règles de bonnes pratiques regroupées sous l’acronyme « EPON » :

  • exercice physique quotidien ;
  • pesée régulière ;
  • observance aux traitements et aux rendez-vous de suivi ;
  • ne pas trop saler son alimentation.
Image expliquant les 4 bons gestes EPON en cas d'insuffisance cardiaque - description complète dans la page

En plus des traitements médicamenteux, il est nécessaire pour le patient, en lien avec son entourage et les professionnels de santé, d’adopter ces 4 réflexes EPON au quotidien pour éviter que la maladie ne s’aggrave.

Ces nouvelles habitudes de vie ne sont pas toujours faciles à mettre en place pour le patient qui peut avoir besoin d’être accompagné et rassuré.

L’insuffisance cardiaque en France

En France, plus d’1,5 million de patients souffrent d’une insuffisance cardiaque. Avec plus de 170 000 séjours annuels, cette maladie est la 1re cause d’hospitalisation après 65 ans.
L’insuffisance cardiaque est une maladie pouvant engager le pronostic vital des patients.

En vidéo : pourquoi et comment sensibiliser les patients aux 4 bonnes pratiques à appliquer (EPON) ?

Vidéo - au cœur de votre Pratique – l’interview
Insuffisance cardiaque : Pourquoi et comment sensibiliser les patients aux 4 bonnes pratiques à appliquer (EPON) ? – Regards croisés

Dr Fabien Besançon – Médecin généraliste (collège de la médecine générale)
Valérie Jourdain-Muller – Représentante des patients (Ex-vice-présidente de l’association SIC)

Quelles sont les 4 règles que les patients atteints d’insuffisance cardiaque doivent connaître et appliquer au quotidien ?

L'insuffisance cardiaque est une maladie sévère, avec des signes de décompensation qu'il faut savoir reconnaître précocement et des bonnes pratiques à appliquer par le patient au quotidien, pour le protéger contre de nouveaux épisodes de décompensation.
 
Les 4 mesures que les patients atteints d'insuffisance cardiaque doivent appliquer au quotidien sont la pratique d'un exercice physique régulier, la mesure du poids pour un meilleur suivi, l'observance des traitements et sur le versant nutritionnel, c'est la vigilance sur la quantité de sel apportée par l'alimentation.

Comment ces règles sont-elles accueillies et perçues par le patient ?

Les 4 règles EPON sont souvent perçues par le patient comme étant contraignantes parce que dès l'annonce de la maladie le patient est dans une phase le plus souvent de sidération, il ne comprend pas ce qui se passe il n'a pas eu le temps de s'approprier sa pathologie.

Comment sensibiliser les patients à l’importance de ces bonnes pratiques et optimiser leur mise en application ?

Pour optimiser la mise en application de ces 4 mesures qui sont toutes aussi importantes les unes que les autres, il va falloir adapter en fonction du patient et c'est vrai que chaque patient est différent et pour certains patients, l'exercice physique, ça va être plus facilement applicable que l'adaptation de la quantité de sel dans l'alimentation. A l'inverse, pour un autre patient, l'exercice physique ça va être quelque chose qui va être très compliqué à mettre en place sur le long terme et on va plutôt se concentrer sur le suivi des médicaments et tout l'enjeu, ça va être de voir pour ce patient-là, qu'est-ce qui pour lui a le plus de chances de fonctionner, là rapidement, pour servir de biais motivationnel, de levier motivationnel et faire en sorte que derrière on renforce son adhésion à la stratégie qui lui est proposée.

Une fois que le patient a bien compris en fait les règles, la difficulté c'est justement, c'est de les mettre en pratique donc l'accompagnement, il nous semble en tous les cas qu'il doit être individuel. Chaque patient est différent, il a ses forces et ses faiblesses  et donc il faut inciter le patient, en fait dans la trajectoire qui lui est proposée, d'une part de ne pas être seule face à l'effort qui est à fournir, d'être entouré donc ça peut être entouré par un proche aidant par une association qui sur le terrain va lui proposer des actions précises.

Un dernier mot en conclusion ?

Il y a énormément d'idées reçues autour de l'insuffisance cardiaque parmi nos patients et c'est important d'explorer les représentations de chaque patient pour justement pouvoir aller détricoter ces représentations parce que c'est un vrai frein, soit l'observance, soit à l'application des mesures qui vont être importantes pour éviter les rechutes et les nouvelles hospitalisations

Les 4 règles sont les mêmes pour tous les patients mais pour autant finalement la façon dont chaque patient s'empare de ces règles, ça peut être totalement différent c'est-à-dire que l'environnement familial, les difficultés du patient dans son quotidien vont faire que d'un patient à un autre finalement, la trajectoire va pas être la même chez certains patients, l'accompagnement psychologique il peut être parfois nécessaire parce qu’on peut constater des troubles qui sont liés en fait à la sidération, à l'entrée dans la maladie qui est quand même très violente et donc il est très important finalement de proposer aux patients un accompagnement psychologique qui va peut-être lui permettre d'arriver à dénouer l'origine de ces troubles et leurs conséquences dans le dans le quotidien.

 

Des bons gestes peu suivis par les patients

Si les règles EPON sont bien connues et transmises par les professionnels de santé, elles ne sont pas suffisamment appliquées par les patients : à peine 1 patient sur 2 se pèse régulièrement par exemple.
L’accompagnement des patients reste nécessaire afin d’améliorer la compréhension de ces règles et leur mise en œuvre. En effet, l’impact de la maladie et les éventuelles difficultés d’installation de ces nouvelles habitudes ne sont pas toujours abordés spontanément par le patient.

Image expliquant le suivi de l’insuffisance cardiaque : des règles de bonnes pratiques peu suivies par les patients (description complète ci-après
  • Faible activité physique accentuée par l’âge et l’isolement des patients
  • Observance inadaptée pour 1 patient sur 2
  • Suivi du poids irrégulier : à peine plus d’un patient sur 2 se pèse régulièrement
  • Fardeau du régime « peu salé » : ressenti par la majorité des patients

Le rôle central du professionnel de santé pour accompagner le patient dans l’adhésion aux bons gestes

L’infirmier est un acteur essentiel du suivi du patient insuffisant cardiaque, notamment après une hospitalisation pour un épisode de décompensation de la maladie. Il voit très régulièrement le patient, ce qui lui permet de l’accompagner au quotidien dans la mise en application des règles de bonnes pratiques.

C’est en effet l’association du traitement médicamenteux et du suivi des règles EPON qui va permettre au patient :

  • d’améliorer sa qualité de vie,
  • de prévenir les épisodes de décompensation,
  • de réduire le nombre et la durée des hospitalisations,
  • de ralentir la progression de la maladie,
  • de réduire la mortalité.

Pour accompagner les professionnels de santé dans l’impulsion d’une dynamique d’acculturation aux bons réflexes EPON, l’Assurance Maladie lance une campagne d’accompagnement au changement en direction des patients insuffisants cardiaques, à partir du 17 septembre.

Pour soutenir les professionnels de santé dans le travail de pédagogie et de conviction, l’Assurance Maladie met à leur disposition un document qui s’appuie sur les idées reçues des patients pour formaliser les éléments de réponse pouvant être apportés (PDF).

Du côté des patients, différents supports ont été développés dans l’objectif de les sensibiliser aux règles de bonnes pratiques EPON et de faciliter leur mise en application au quotidien :

Pour que les patients puissent s’approprier les règles EPON, il est toujours pertinent de leur expliquer la raison de chacune d’entre elles et ce qu’elles apportent pour lutter contre la maladie ou pour la qualité de vie.
Apporter des conseils et des astuces peut également être utile pour faciliter leur mise en application.

L’accompagnement sur l’observance est fondamental et s’inscrit sur plusieurs niveaux : l’observance médicamenteuse d’une part, qui protège le patient d’événement clinique grave ; et l’observance dans le suivi médical, en incitant le patient à bien réaliser les examens prescrits et à se rendre à ses rendez-vous médicaux.

Le suivi régulier du poids visant à détecter une prise de poids rapide, signe d’une décompensation de la maladie, est un point sur lequel il est aussi primordial de faire de la pédagogie. Pour que ce suivi soit correctement effectué, le patient doit en connaître les bonnes pratiques : se peser 2 fois par semaine dans les mêmes conditions (le matin au réveil par exemple) en notant les résultats dans un carnet.

Il est également important de vérifier l’adhésion du patient :

  • à la pratique d’une activité physique, en lui rappelant par exemple que certaines activités quotidiennes permettent de rester actifs : faire ses courses à pied, bricoler, jardiner, faire le ménage… ;
  • à l’adoption d’un régime pauvre en sel, en lui expliquant le lien sel/fonctionnement du cœur et en lui donnant quelques conseils, par exemple de ne pas saler lors de la cuisson.

Pour aller plus loin consulter un document qui s’appuie sur les idées reçues des patients pour formaliser les éléments de réponse pouvant être apportés (PDF).

La consommation de sel de potassium ou de sel de régime n'est pas sans risque

Quand un patient est atteint d'une maladie cardiaque, la consommation de sel de potassium peut aggraver une situation d’hyperkaliémie (excès de potassium), avec des risques potentiellement élevés pour la santé. Un taux trop élevé de potassium peut en effet entraîner des troubles du rythme cardiaque, des paralysies musculaires...
Les personnes les plus à risque d’hyperkaliémie en cas d’utilisation inappropriée de sels de potassium sont les patients insuffisants cardiaques, insuffisants rénaux, diabétiques, hypertendus, âgés. Il est donc important d’en discuter avec son patient, qui peut être tenté par ces sels de substitution.

L’insuffisance cardiaque : des recommandations à s’approprier et des signes et symptômes à connaître

En France, entre 400 000 et 700 000 personnes vivent avec une insuffisance cardiaque sans le savoir. En tant que professionnel de santé de premier recours, le pharmacien tient un rôle important dans le dépistage de l’insuffisance cardiaque par la reconnaissance des signes d’alerte « EPOF ».
Reconnaître les 4 signes d’alertes et contribuer au suivi de l’insuffisance cardiaque.

Visuel du mime de la campagne Assurance Maladie sur l'insuffisance cardiaque qui ne semble pas allait bien, avec la phrase : essoufflement inhabituel
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