La lombalgie, un enjeu de santé publique

Publié dans : Lombalgies : prévenir et accompagner

La lombalgie est caractérisée par la présence d’une douleur siégeant dans la partie basse de la colonne vertébrale. C’est un symptôme répandu : 4 personnes sur 5 souffriront de lombalgie commune au cours de leur vie.

La lombalgie est caractérisée par la présence d’une douleur siégeant dans la partie basse de la colonne vertébrale. La lombalgie dite commune (par opposition à la lombalgie symptomatique) correspond à des douleurs lombaires sans rapport avec une cause fracturaire (fracture liée à un traumatisme, tassement vertébral), tumorale ou inflammatoire, comme la spondylarthrite ankylosante.

En fonction de son évolution dans le temps, la lombalgie est dite :

  • aiguë, lorsqu’elle évolue jusqu’à 6 semaines ;
  • subaiguë, jusqu’à 12 semaines ;
  • chronique, au-delà de 12 semaines.

Les lombalgies représentent un enjeu de santé publique.

C’est un symptôme répandu : 4 personnes sur 5 souffriront de lombalgie commune au cours de leur vie, et plus de la moitié de la population française a eu au moins un épisode de mal de dos dans les douze derniers mois.

Ce symptôme est un motif de consultation fréquent, au 2e rang des motifs de consultation pour la lombalgie aiguë (moins de 4 semaines) et au 8e rang pour la lombalgie chronique (plus de 3 mois).

Une maladie chronique

Malgré une évolution favorable dans la majorité des cas, son évolution vers la chronicité peut altérer fortement la qualité de vie du patient et entrainer une désinsertion sociale et professionnelle.

Il existe par ailleurs une fausse croyance : « lombalgie = repos ». Or, en cohérence avec les recommandations, le maintien et/ou le retour rapide à une activité est fortement encouragé dès le début des douleurs, pour favoriser la guérison. De même, la réalisation d’examens d’imagerie avant 4 à 6 semaines n’est pas recommandée en l’absence de signes d’alerte.

Face à cet enjeu de santé publique, le diagnostic est essentiel. Pour la lombalgie commune aiguë, il s’agit avant tout d’un diagnostic d’élimination. Il donc nécessaire de rechercher en premier lieu les signes d’alerte (ou drapeaux rouges) permettant de réaliser celui-ci.

Dès la 2e semaine d’évolution ou d’emblée en cas de lombalgie récidivante, il convient d’évaluer les facteurs pronostiques, qui sont de deux ordres :

  • facteurs psychologiques et comportementaux (« drapeaux jaunes ») susceptibles d’influencer le passage vers la chronicité ;
  • facteurs socio-économiques et professionnels susceptibles d’avoir des répercussions sur le retour au travail et sur l’incapacité.

Ces signes ou drapeaux rouges, élaborés par la Société Française de Médecine du Travail en 2013 et validés par la HAS, sont au nombre de 12.

  1. Âge d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans.
  2. Traumatisme important récent.
  3. Douleur de type non mécanique : douleur d’aggravation progressive, présente au repos et en particulier durant la nuit.
  4. Douleur thoracique.
  5. Antécédent de cancer.
  6. Usage prolongé de corticoïdes.
  7. Usage de drogue intraveineuse, immunodépression.
  8. Altération de l’état général.
  9. Perte de poids inexpliquée.
  10. Symptôme neurologique étendu (déficit du contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice des membres inférieurs, troubles sensitifs du périnée).
  11. Déformation structurale importante de la colonne vertébrale.
  12. Fièvre.

En parallèle, il faut rechercher les indicateurs psychosociaux d’un risque accru de passage à la chronicité. Ces derniers, élaborés également par la Société Française de Médecine du Travail en 2013 et validés par la HAS, sont nommés drapeaux jaunes. Ils s’organisent en 4 points.

  1. Les attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos, telles que l'idée que la douleur représenterait un danger et qu'elle pourrait entraîner un handicap grave, ou un comportement passif avec attentes de solutions placées dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active.
  2. Les comportements inappropriés face à la douleur, en particulier d'évitement ou de réduction de l'activité, liés à la peur.
  3. Les problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile) ou problèmes liés à l’indemnisation (rente, invalidité).
  4. Les problèmes émotionnels tels que la dépression, l'anxiété, le stress, une tendance à une humeur dépressive et à l’isolement.

En présence de ces facteurs de risque ou dès la 4ème semaine d’arrêt de travail, il faut anticiper, préparer et accompagner la reprise du travail :

  • Exigences physiques du travail : rythme de travail soutenu, travail physique pénible, exigences physiques du travail supérieures aux capacités physiques de la personne.
  • Climat social au travail : faible soutien social, faible soutien hiérarchique, manque d’autonomie, contrat de travail précaire, conflits au travail, impossibilité de faire des pauses de sa propre initiative.
  • Perceptions de la douleur et du travail : insatisfaction au travail, travail monotone, stress au travail, croyance que le travail est dangereux pour sa santé, charge émotionnelle élevée au travail, croyance qu’il vaudrait mieux ne pas travailler avec la douleur, peur de la rechute, faible espoir de reprise du travail.
  • Gestion de l’incapacité au travail : compensation financière, antécédents de compensation financière, plainte de découragement, retard à la déclaration d’accident, retard à la prise en charge médicale, impossibilité de modifier le poste de travail ou de se reclasser.
  • Lombalgie commune : Maintenir les activités, objectifs clés de l’approche bio-psycho-sociale, Foltz V, Le Concours Médical, novembre 2014, 136 : 685-720.
  • Fassier, Jean-Baptiste. Prévalence, coûts et enjeux sociétaux de la lombalgie. Revue du Rhumatisme. 2011, 78; S38-S41.
  • Insee. Enquête Décennale de Santé 2002-2003. pp. 517–522.
  • Connaissances et attitudes vis-à-vis de la lombalgie. Enquête BVA pour l’Assurance Maladie, menée par internet du 23 au 30 juin 2017 sur un échantillon représentatif de la population française de 2 000 Français âgés de 18 ans et plus.
  • Henrotin Y., ESJ 2011.
  • Haute Autorité de santé (HAS). Label de la HAS - Surveillance médico-professionnelle du risque lombaire pour les travailleurs exposés à des manipulations de charges. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2013 [consulté le 24 octobre 2017]
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