Virus Monkeypox : les recommandations sur la prise en charge et la vaccination
Les médecins peuvent être amenés à recevoir des patients présentant des symptômes évocateurs d’une infection par le virus Monkeypox (ou variole du singe) ou ayant été en contact avec une personne infectée par ce virus.
Au 4 août 2022, plus de 2 400 cas ont été confirmés en France (source : Santé publique France). La majorité des cas concerne pour le moment des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Cependant, au 4 août, parmi l’ensemble des cas confirmés, 20 cas adultes féminins et 2 enfants ont été recensés.
Vaccination contre le Monkeypox
Le 11 juillet, le ministère de la Santé et de la prévention a élargi la campagne de vaccination de manière préventive, suivant l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS). La vaccination était proposée jusque-là aux adultes ayant eu un contact à risque avec une personne infectée.
La vaccination est recommandée de manière préventive :
- aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et aux personnes trans multipartenaires ;
- aux professionnels des lieux de consommation sexuelle ;
- aux personnes en situation de prostitution.
La vaccination préventive pour les professionnels de santé qui n'ont pas été en contact avec un malade n'est pour l'instant pas recommandée. Elle peut être envisagée au cas par cas, selon l'exposition, l'existence de facteurs de risque individuels ou à leur demande, selon la HAS.
2 vaccins, dits de 3e génération, sont utilisés pour la variole du singe : Imvanex et Jynneos. Le schéma de vaccination comporte 2 doses. Les 2 doses doivent être espacées de 28 jours pour les personnes immunodéprimées. Pour les autres cette durée peut être allongée (DGS-Urgent du 5 août 2022). Les personnes qui auraient déjà été vaccinées contre la variole dans leur enfance ne doivent recevoir qu'une seule dose, les personnes immunodéprimées, 3 doses.
Qui peut vacciner ?
Pour accompagner l’effort de vaccination en cette période estivale, en plus des médecins et des infirmiers sur prescription médicale, les professionnels suivants peuvent aussi vacciner (arrêté du 26 juillet 2022 modifiant l'arrêté du 9 juillet 2022 relatif à la vaccination contre le virus Monkeypox) :
- les médecins retraités, qui peuvent prescrire et administrer les vaccins contre le virus Monkeypox ;
- les infirmiers retraités, qui peuvent administrer sur prescription médicale ;
- certains étudiants en santé ayant bénéficié des formations spécifiques sur la vaccination peuvent administrer les vaccins en présence d'un médecin ou d'un infirmier.
Trouver un lieu de vaccination
Les ARS actualisent régulièrement sur leur site internet les coordonnées de contact des lieux de vaccination. Ces coordonnées sont également accessibles depuis www.sante.fr/monkeypox
Reconnaître un cas de Monkeypox et le diagnostiquer
Cette maladie infectieuse est transmissible par :
- contact direct avec les lésions cutanées ;
- les muqueuses (buccales, génitales, conjonctivales) ;
- gouttelettes respiratoires lors d’un contact prolongé ;
- partage de linge, de lit, de vaisselle, etc.
Les personnes infectées sont contagieuses dès l’apparition des premiers symptômes, jusqu’à la cicatrisation complète des lésions et la chute des croûtes (3 semaines environ).
Les symptômes sont polymorphes. La présentation clinique la plus souvent rapportée est une éruption cutanée préférentielle mais non exclusive en région ano-génitale ou au niveau de la muqueuse buccale, isolée, précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée (> 38°C), de syndromes grippaux, d’adénopathies ou d’une odynophagie.
La plupart des personnes présentent des symptômes légers. L’infection est spontanément résolutive.
Dépistage de la variole du singe
La HAS rappelle que le diagnostic d’infection par le virus Monkeypox repose en première intention sur l’examen clinique et l’interrogatoire du patient. Le test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) pour détecter l’infection par le virus Monkeypox n’intervient que pour confirmer ou non l’infection par le virus, lorsque le tableau clinique n’est pas suffisamment explicite. Depuis le 27 juillet le test pour détecter l’infection par le virus Monkeypox est remboursé par l’Assurance Maladie.
Quelle est la conduite à tenir devant un cas confirmé, probable ou possible d’infection à Monkeypox ?
Le médecin doit :
- se protéger avec un masque FFP2 (pas de masque chirurgical), des gants en latex, une sur-blouse et des lunettes de protection en cas de contact avec les lésions ;
- effectuer la déclaration obligatoire sans délai à l’agence régionale de santé (ARS) ;
- réaliser ou prescrire un prélèvement sur lésion (en fonction de la situation) ;
- inciter le patient infecté à s’isoler dès que possible et pour une durée de 21 jours (jusqu’à cicatrisation complète des lésions) ;
- inciter le patient à ne pas avoir de relations sexuelles pendant sa convalescence et à limiter ses interactions sociales ;
- prescrire un traitement symptomatique reposant sur la prévention de la surinfection, du traitement de la douleur et de la prévention des cicatrices inesthétiques ;
- réaliser un dépistage des infections sexuellement transmissibles en cas de rapports sexuels non protégés ;
- informer le patient infecté des modalités de transmission du virus et de la nécessité de prévenir ses contacts à risque de contamination pour que ces derniers s’auto-surveillent et se fassent vacciner.
Plusieurs messages peuvent être délivrés lors de la consultation :
- inciter le patient à poursuivre les mesures de prévention même après la vaccination car l’efficacité du vaccin après 1 ou 2 doses ne sera jamais de 100 % ;
- promouvoir la santé sexuelle, notamment avec le dépistage des infections sexuelles transmissibles.
Orienter le patient vers un CEGIDD via une téléconsultation
Un premier contact en téléconsultation peut permettre au médecin d’orienter le patient, par exemple, vers les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par les VIH, des hépatites virales et des IST (CEGIDD). Voir la liste des CEGIDD sur le site sida-info-service.org.
Le médecin peut aussi être appuyé dans la prise en charge de ses patients en appelant directement un infectiologue référent d’un établissement de santé spécialisé ou le centre 15.
Une permanence d’écoute téléphonique pour les patients
Une permanence d’écoute téléphonique à destination des patients et du grand public est disponible au 08 01 90 80 69 tous les jours de 8 h à 23 h (service et appel gratuits).
Les informations et outils pratiques destinés aux professionnels de santé :
- la page dédiée sur le site du ministère de la Santé et de la prévention ;
- la stratégie vaccinale élaborée par la HAS ;
- la fiche pratique réalisée par le Collège de médecine générale ;
- la fiche explicative à destination des patients sur le site de SPF ;
- la fiche d’aide au diagnostic de la Coreb ;
- les derniers messages DGS-Urgent ;
- lire l’interview du Pr Jade Ghosn, responsable de l’unité ambulatoire des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris.