VIH : l’efficacité de la PrEP confirmée en vie réelle lorsque l’observance au traitement est bonne
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93 %. C’est le taux d’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) en France chez les hommes à haut risque d’infection au VIH par voie sexuelle, à condition que l’observance à ce traitement préventif soit bonne. Voilà l’un des résultats majeurs d’une nouvelle étude réalisée par le groupement d’intérêt scientifique « Epi-Phare », constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam). Ces résultats viennent par ailleurs d’être publiés dans la revue britannique The Lancet Public Health.
Une étude réalisée sur près de 47 000 hommes entre 2016 et 2020
Dans cette étude, Epi-Phare a mesuré l’efficacité de la PrEP en vie réelle parmi 46 706 hommes à haut risque d’infection VIH par voie sexuelle entre 2016 et 2020 en France. Parmi ces hommes, 256 ont été infectés par le VIH au cours du suivi (1).
Comparé aux hommes restés séronégatifs, ceux infectés par le VIH avaient moins souvent utilisé la PrEP (29 % contre 49 %). Les personnes infectées qui avaient utilisé la PrEP avaient plus souvent eu une consommation de Truvada® faible, c’est-à-dire nécessitant moins d’une boîte de 30 comprimés tous les 2 mois (78 % contre 40 %) et/ou connu des interruptions prolongées d’au moins 3 mois de leur traitement (74 % contre 40 %).
Les résultats montrent que l’efficacité de la PrEP atteint un niveau élevé, proche de celui rapporté dans les essais cliniques, quand on considère uniquement les hommes consommant entre 3/4 et une boîte de Truvada® par mois (efficacité de 93 %) ou les périodes sans interruption de la PrEP (efficacité de 86 %).
Une efficacité de la PrEP en baisse lorsque la consommation de Truvada® est faible ou interrompue
En revanche, l’efficacité de la PrEP n’est que de 18 % en cas de consommation faible de Truvada®. Dans le détail, l'efficacité de la PrEP apparaît réduite chez les hommes âgés de moins de 30 ans et ceux bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (ex CMU-C), parmi lesquels une consommation faible de Truvada® et les interruptions de PrEP sont particulièrement fréquentes.
Ces résultats, qui apportent un nouvel éclairage sur le niveau et les déterminants de l'efficacité de la PrEP en vie réelle, sont particulièrement importants à prendre en compte dans le contexte actuel d'intensification de l’utilisation de la PrEP en France.
Le renforcement des efforts visant à améliorer l'observance à la PrEP apparaît donc essentiel pour garantir son efficacité, en particulier chez les jeunes et les personnes défavorisées sur le plan socio-économique, qui sont de plus en plus nombreux à utiliser la PrEP à mesure que celle-ci continue à se généraliser.
Des leviers pour faciliter l’accès à la PrEP
Depuis janvier 2016, la PrEP est indiquée et prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie pour les personnes à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle. Selon le dernier rapport de suivi de l’utilisation de la PrEP publié par Epi-Phare, au 30 juin 2021, 42 159 personnes avaient commencé la PrEP. Il s’agissait principalement d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Pour rappel : la primo-prescription de la PrEP, initialement réservée aux médecins spécialistes hospitaliers, a été élargie depuis le 1er juin 2021 à tous les prescripteurs, notamment aux médecins généralistes. Le but ? Faciliter l’accessibilité à la PrEP pour toutes les populations qui pourraient en bénéficier.
(1) L’étude a été réalisée à partir des données du Système national des données de santé (SNDS).