« Certains patients âgés peuvent présenter des tableaux de dépression dite masquée »

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Le médecin généraliste joue un rôle central dans la prise en charge de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) de la personne âgée, qui peut apparaître comme révélateur d'une maladie neurodégénérative ou corrélé à une telle pathologie. Du reste, l’EDC peut être difficile à diagnostiquer chez le sujet âgé de 65 à 75 ans. Paul Frappé, professeur de médecine générale, président du Collège de la médecine générale (CMG) et médecin généraliste à Saint-Étienne, détaille dans la vidéo ci-dessous la thérapeutique adaptée à cette population, notamment la prescription de traitements d’antidépresseurs, et les facteurs de réussite de la prise en charge.

Épisode dépressif caractérisé chez les plus de 65 ans : prise en charge en médecine générale (vidéo du Pr Frappé)

Vidéo « Au cœur de votre pratique » - L’interview : prise en charge de l’épisode dépressif caractérisé chez les 65-75 ans.

Bonjour, Paul frappé, je suis médecin généraliste à Saint-Etienne, je suis professeur de médecine générale et président du Collège de la médecine générale.

Alors nous allons parler aujourd’hui de la dépression qui est un incontournable en consultation de médecine générale.

Ça fait partie du quotidien. Il y a des populations avec lesquelles on est peut-être un petit peu moins à l’aise et notamment les personnes de plus de 65 ans qui sont touchées par ce problème de santé.

Quelles particularités de l’EDC chez le sujet âgé, comment diagnostiquer ?

Il va falloir aussi chez ce profil de patient plus âgé, évoquer une dépression lorsqu’il y a des signes un petit peu plus particuliers qui peuvent être une fatigue plus marquée, une certaine forme de négligence, une douleur ou des symptômes multiples inexpliqués et qui vont amener le médecin à se dire : « Tiens, est-ce qu’il n’y aurait pas derrière des signes moins classiques, une dépression que traverserait ce patient ? »

Alors il peut y avoir chez ces personnes plus âgées des tableaux de dépression dites masquée avec carrément une absence de tristesse visible dans la relation, voire un déni des symptômes, une irritabilité, on peut avoir une hostilité du patient ou même des conduites régressives. Face à ces tableaux-là, il faudra aussi en tant que médecin évoquer une possibilité de dépression sous-jacente.

Alors, pour aider à faire le tri dans tous ces symptômes, face à tous ces tableaux, il existe une échelle qui est la GDS, la Geriatric Depression Scale, qui permet au médecin de distinguer s’il s’agit bien d’une dépression chez ce patient plus âgé. Il existe une version courte, voire une mini GDS qui ne contient que 4 items et qui peut tout à fait être utilisée en médecine générale pour assez rapidement aller vérifier s’il s’agit d’une dépression. On n’oubliera pas en parallèle d’aller évaluer la possibilité d’un risque suicidaire chez ces patients.

Traitements antidépresseurs : quel suivi en médecine générale ?

Lorsqu’il initie cette prescription, le médecin va porter une attention particulière pour maximiser cette observance, cette adhésion du patient au long cours. On sait que c’est compliqué pour tous les traitements chroniques d’avoir une observance au traitement. Cet enjeu est particulier pour les antidépresseurs, d’un part car s’il est arrêté de façon prématurée, il y a un réel risque de rechute de l’épisode dépressif et d’autre part parce que ce sont des traitements qui sont assez liés pour le patient à un ressenti de l’efficacité du traitement et des événements indésirables et de la nécessité de prendre ce traitement. Du coup, le patient, plus que dans d’autres traitements chroniques, va pouvoir peut-être -être amené, de par son feeling, son ressenti, à se dire « Ah bah maintenant je vais mieux, je n’ai plus besoin de ce traitement » et l’arrêter de sa propre initiative.

Il faudra bien entendu mettre en place un suivi psychologique qui peut se faire au cabinet, naturellement, chez le médecin traitant avec un suivi par consultation régulière.

Et puis le patient peut bénéficier, grâce au dispositif « Mon Psy », d’un suivi psychologique avec des psychologues conventionnés, qui sera pris en charge par l’Assurance Maladie et qui permettra, sur adressage du médecin au patient, de bénéficier de ce suivi psychologique.

Alors cela s’adresse aux formes de dépression légères à modérées.

Quels compléments au traitement par antidépresseur ?

Le médecin généraliste va régulièrement être amené à prescrire un traitement par benzodiazépines pour essayer de faire la soupape de sécurité qui va venir diminuer l’anxiété du patient et lui permettre de se reconcentrer un peu plus sur ses activités du quotidien.

Pour autant, les benzodiazépines ne sont recommandées que pour une prescription de 2 semaines. En parallèle, il y a des mesures non-médicamenteuses comme qui ont prouvé leur intérêt factuellement dans la prise ne charge des épisodes dépressifs.

Et on va pouvoir encourager le patient à agir sur ses habitudes alimentaires, en tendant vers le régime méditerranéen, le grand classique, et aussi à développer des activités physiques et si possible dans une dimension sociale.

EDC et sujet âgé :  l’essentiel en médecine générale ?

Avant tout, savoir tilter devant des symptômes qui peuvent être atypiques chez ce profil de patient.

Gérer de manière adéquate la prescription médicamenteuse avec les antidépresseurs qui doivent être prolongés pendant un an après la résolution de l’épisode dépressif et les benzodiazépines qui ne sont prescrites que pour deux semaines.

Ne pas oublier les mesures non-médicamenteuse et le soutien psychologique avec le dispositif « Mon Psy » qui peut être prescrit pour les épisodes légers à modéré.

Diagnostiquer l’épisode dépressif caractérisé (EDC) chez le sujet âgé, proposer une thérapeutique adaptée notamment en termes de prescription d’antidépresseurs, suivre le patient tout au long du traitement et après : retrouver les informations clés pour une prise en charge optimale.

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