Filières plats préparés

Publié dans : Les mesures de prévention dans l’agroalimentaire

Les accidents et maladies professionnelles liés au travail dans les entreprises de fabrication industrielle de plats cuisinés élaborés prêts à être consommés représentent un coût humain et financier important. Des solutions simples peuvent être mises en place faces à des risques récurrents, liés principalement aux manutentions et chutes.

  • 64% des accidents sont  liés aux manutentions manuelles (port de charge …) ;
  • 19% des accidents sont liés aux chutes de plain-pied ou de hauteur ;
  • 97% des maladies professionnelles sont des troubles musculosquelettiques (TMS)
  • Près de 160 000 journées sont perdues par an (= 760 ETP, soit environ 3,3% des salariés) ;
  • En moyenne, 70 jours d’arrêt par accident du travail et 283 jours d’arrêt par maladie professionnelle.

De manière indirecte, ces risques professionnels entraînent des coûts qui pèsent sur l’activité économique et la performance : détérioration de la santé, absentéisme et surcharge de travail, clients mécontents, difficultés de recrutement, pertes de compétences, mauvaise image, etc.

Évaluer les risques est une obligation légale de l’employeur à travers la réalisation d’un « document unique d’évaluation des risques » (DUER). Au-delà du caractère obligatoire, cette évaluation lui permet d’identifier les actions à mener en fonction des activités propres à son entreprise.

La prévention des risques professionnels lors de la fabrication de plats préparés doit viser en priorité la réduction des risques suivants :

  • Les lombalgies et les troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces risques concernent de nombreux postes de travail, lorsque de multiples manipulations sont nécessaires lors des opérations d’approvisionnement, de dosage, de découpe, ou bien encore lors du conditionnement et de la palettisation des produits finis avec la présence de gestes répétitifs et de postures contraignantes. Ces risques existent aussi lors du nettoyage et de la désinfection du matériel et des locaux qui impliquent souvent des positions inconfortables, penchées, accroupies ou agenouillées et souvent dans des espaces restreints et peu accessibles, avec une forte sollicitation des membres supérieurs.
  • Les chutes et glissades de plain-pied. Les sols sont souvent humides ou rendus glissants à la suite de salissures, du renversement de matières grasses, ... et peuvent être à l’origine de glissades.
  • Le risque chimique. L’exposition aux agents détergents, détartrants, désinfectants utilisés dans les phases de nettoyage-désinfection est susceptible de provoquer des intoxications par inhalation ou absorption, des brûlures cutanées ou oculaires, des sensibilisations allergiques.
  • Le risque machine. De nombreux accidents surviennent par exemple dans les machines de tranchage, sur des tapis de transfert …. Ce risque doit donc être évalué pour la fabrication mais également lors des phases de nettoyage et de maintenance.
  • Le bruit. Les nuisances sonores générées par les machines exposent les salariés à des bruits excessifs (supérieurs à 85 dB) et peuvent provoquer une surdité (perte de l'audition irréversible). Il s’agit d’une maladie professionnelle reconnue au titre du tableau n°42 du régime général.

Par ailleurs, compte-tenu de l’épidémie de Covid-19, l’outil « Plan d’action Covid-19 » permet à toute entreprise, quel que soit son secteur, d’identifier les mesures opérationnelles pour protéger ses salariés du Coronavirus, en complément de son évaluation des risques professionnels.

Chaque solution de prévention doit être adaptée au contexte de l’établissement ou de l'activité. Les conseils et solutions présentés ci-dessous s’appliquent toutefois aux principaux risques professionnels de la fabrication de plats préparés.

Prévenir les lombalgies et les troubles musculosquelettiques (TMS)

Il est possible d’apporter des aides à la manutention :

  • Chariots de manutention de bacs, de fûts, de bobines, de seaux, etc. ;
  • Tables élévatrices à niveau constant, bacs à fonds variables, etc. ;
  • Filmeuses automatiques.

Il est également possible de revoir l’organisation du travail, en diminuant le poids des colis de produits finis, l’aménagement des locaux, etc.

Une approche globale du poste de travail en questionnant les différents facteurs à l’origine des troubles musculosquelettiques (TMS) permettra de diminuer les risques liés aux lombalgies et TMS :  ambiances physiques (bruit, éclairage, froid …), composante psychosociale (organisation du travail, stress, insatisfaction professionnelle, …), facteurs biomécaniques (efforts, répétitivité, postures.

Afin d’éviter l’apparition de douleurs au dos ou de TMS, il faut également :

  • Inciter les salariés à remonter les difficultés qu’ils rencontrent lors de certaines tâches ;
  • Former les salariés concernés par la manutention (formations Prap, sur le site de l’INRS).

Pour en savoir plus sur le sujet, consultez la rubrique dédiée au mal du dos ainsi que le dépliant édité par l’INRS : Mal de dos au travail, les clés d'une prévention efficace.

Par ailleurs, une "fiche solutions" détaille les actions essentielles et simples à mettre en place :  "Les TMS tous concernés".

Cette fiche peut être affichée dans vos locaux et présentée aux salariés pendant un temps dédié à la sensibilisation aux risques.

Réduire les risques de chutes et les risques liés aux déplacements internes

Plusieurs facteurs de risques peuvent entrainer des chutes : des déplacements fréquents, un sol en mauvais état ou encombré, des dénivellations, une charge mentale importante, etc.

La prévention du risque de chutes suppose :

  • Une conception des zones de travail permettant au personnel de se déplacer aisément ;
  • Des sols avec un coefficient de frottement de 0.3 minimum. Se référer à la liste CNAM des revêtements de sol.
  • Des sols propres, secs et dégagés : il conviendra d’organiser un nettoyage régulier ;
  • Des escaliers antidérapants et munis de mains courantes ;
  • Des zones de rangement facilement accessibles ;
  • De bonnes conditions d’éclairage ;
  • La suppression, le signalement ou la réduction de tout obstacle dans les aires de circulation ;
  • La signalisation des zones de travaux ou de nettoyage ;
  • La fourniture de chaussures de sécurité avec semelle de type SRC.

Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez la rubrique dédiée aux chutes ainsi que la brochure éditée par l’INRS : Conception des lieux et des situations de travail.

Prévenir le risque machine

Le risque machine doit être pris en compte lors de l’achat des machines. Il convient de demander  la déclaration CE de conformité et si besoin de faire appel à un bureau de contrôle, surtout si vous associez différentes machines sur une ligne de fabrication, une façonneuse une trancheuse suivie d’un convoyeur et d’une thermoformeuse par exemple.

Réduire l’exposition au bruit

Pour prévenir les risques de surdité, il faut traiter le bruit :

  • À la source, en choisissant des équipements de travail les moins bruyants. Ce point doit être inscrit dans le cahier des charges.
  • Des convoyeurs : traitement des “toboggans” métalliques (par exemple : matériaux absorbants sur les parois métalliques) ;
  • Des locaux de travail : traitement des plafonds, parois.

Pour les équipements bruyants, un capotage ou un isolement (par exemple salle dédiée) peut être également envisagé.

Agir à la conception de nouveaux lieux et situations de travail

La conception de nouveaux lieux et situation de travail (CLST) est le moment opportun pour intégrer la prévention des risques professionnels. Il est en effet moins onéreux d’intégrer au projet un élément de sécurité plutôt que de le rajouter après réception du chantier. Pour vous accompagner à définir vos cahiers charges, l’Assurance Maladie – Risques Professionnels met à votre disposition un site Internet dédié www.agrobat.fr. Les caractéristiques d’un quai ou d’une ventilation n’auront plus de secret pour vous !

Agir sur les accidents

Elaboré par l'INRS et l'Assurance Maladie - Risques professionnels, l’outil « Agir suite à un accident » s'adresse aux entreprises de moins de 50 salariés. Il permet de mettre en place des actions correctives à la suite d'un accident du travail.

Concrètement, le chef d'entreprise :

  • Sélectionne les causes de l'accident ;
  • Identifie les mesures à mettre en place ;
  • Bénéficie d'un plan d'actions.

Outre son aspect obligatoire, la formation à la sécurité aide aussi à développer la conscience des risques, notamment chez les nouveaux embauchés, les stagiaires, alternants ou intérimaires. Les salariés de 18 à 24 ans ont en effet près de deux fois plus d’accidents du travail que l’ensemble des salariés. La démarche TutoPrév’ accueil Logistique permet ainsi de s’assurer du niveau de connaissances des salariés en matière de sécurité dans les zones de réception des matières premières et de préparation des commandes.

L’Assurance Maladie – Risques professionnels propose par ailleurs le cahier de l’accueillant. Guide complet, il aide les chefs d’entreprise à protéger efficacement leurs nouveaux collaborateurs.

Les entreprises de moins de 50 salariés peuvent bénéficier d’aides pour financer la prévention des risques professionnels :

Pour connaitre les aides financières relatives à votre secteur d’activité, cliquez ici.

Les entreprises de moins de 200 salariés peuvent bénéficier d’aides pour financer la prévention des risques professionnels avec les subventions via un contrat de prévention. Ces aides ciblent les priorités identifiées par les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles et inscrites dans une Convention Nationale d’Objectifs (CNO) : Meunerie, Nutrition Animale, Filière Oeufs, Industrie Laitière et autres activités alimentaires non classées par ailleurs et de Commerce e Gros de Boissons et Alimentaire- D054.

Les services prévention des caisses régionales de l’Assurance Maladie – Risques professionnels peuvent vous accompagner pour évaluer les risques et identifier les actions à mettre en place :

  • Pour les entreprises en région, ce sont les Carsat (caisses d’assurance retraite et de la santé au travail) qui peuvent vous accompagner ;
  • Pour les entreprises situées en Île-de-France, l'interlocuteur est la Cramif (caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France) ;
  • En outre-mer, ce sont les CGSS (caisses générales de sécurité sociale).