Transcription textuelle de la vidéo - " Metformine-Docteur Frappé "

Vidéo « Au cœur de votre pratique » - L’interview : Place de la metformine dans le DT2

Bonjour, Paul Frappé, je suis médecin généraliste à Saint-Etienne, Professeur de médecine générale à Saint-Etienne et Président du Collège de la médecine générale.

Ravi d’aborder ici le sujet de la metformine qui est vraiment un traitement incontournable. Tout médecin généraliste est amené à suivre dans sa patientèle des patients qui ont un diabète de type 2 et qui vont bénéficier de ce traitement.

La metformine doit être prescrite à dose progressivement croissante. Pourquoi et comment faire en médecine générale ?

Alors pourquoi prescrire la metformine à doses progressivement croissantes. Tout l’enjeu de cette prescription, comme pour toute prescription de traitement chronique, est de favoriser l’adhésion du patient pour maintenir ce que l’on appelle l’observance au long cours. La maximiser cette observance et pour la maximiser, il va falloir éviter l’apparition de troubles digestifs.

Pour limiter cette apparition des troubles digestifs liés à la metformine, il faut commencer par des doses les plus faibles possibles. Donc très concrètement, un patient pour qui on est amené à poser un diagnostic de diabète de type 2, avec par exemple un HbA1c de 8 %, on va commencer avant tout à parler des habitudes de vie, ce que l’on appelle les règles hygiéno-diététiques, et essayer de voir comment modifier ses habitudes de vie pour essayer de limiter l’évolution du diabète et puis, si nécessaire, l’on va introduire comme premier traitement la metformine. Et pour ce patient avec 8% d’HbA1c, on peut très bien commencer avec un comprimé de metformine 500 le matin, chaque jour et réévaluer cela à la consultation suivante et voir progressivement s’il faut augmenter les doses.

Comment represcrire la metformine à un patient ayant arrêté son traitement pour cause de troubles digestifs ?

Alors, si le patient a arrêté sa metformine pour cause de troubles digestifs, la première chose à faire cela va être de se poser, de prendre le temps de faire le point avec lui. Que représente pour le patient ce traitement metformine et que représente aussi pour nous, on peut se confier, la metformine, c’est un traitement qui limite l’apparition des complications du diabète, qui est l’antidiabétique qui a le moins d’effets indésirables. Cela va être une mise au point indispensable pour repartir sur de bonnes bases.

Le deuxième point va être d’aborder la posologie. Donc, on peut re-prescrire la metformine à la dose minimale, une dose très faible. Alors, les doses affichées sur les boîtes ne correspondent pas à la metformine base. On peut s’aider de nos bases médicamenteuses pour prescrire les spécialités qui ont la dose de metformine la plus basse. Il n’y a pas d’urgence à augmenter, et donc on repart petit pour aller loin.

On va pouvoir aborder, aussi, la prise médicamenteuse, avec des conseils très pratiques, notamment de prendre cette metformine pendant les repas. Du coup, si le patient en vient à sauter un repas, un petit-déjeuner, par exemple, lui conseiller de vraiment décaler sa prise pour la prendre pendant un repas pour éviter l’apparition de ces troubles digestifs. Et puis, lui conseiller aussi par exemple, s’il oublie sa prise un jour de ne pas doubler la prise le lendemain.

Enfin, si les troubles digestifs apparaissent, ne pas arrêter directement ce traitement et plutôt réduire les doses, pour essayer de trouver la dose minimale, qui permet de ne pas avoir de troubles digestifs. Parce que même une dose minimale de traitement metformine a un effet thérapeutique.

Que recommandez-vous pour que la metformine soit maintenue au long cours ?

Alors pour maintenir ce traitement au long cours, il s’agit avant tout de bien initier le traitement et de vérifier que l’on a la pleine et entière adhésion du patient lors de l’initiation de ce traitement. Et puis, il s’agit de limiter l’escalade thérapeutique en n’oubliant pas de parler des habitudes de vie, des modifications éventuelles d’habitudes de vie qui sont importantes, même lorsqu’il y a un traitement médicamenteux, notamment la perte de poids qui va diminuer l’insulino-résistance et aborder là aussi pou diminuer l’escalade thérapeutique, les erreurs classiques que l’on peut avoir spontanément. Je reprends un régime sain, une nutrition saine, je vais boire beaucoup de jus de fruit. Voilà, c’est des erreurs que l’on peut voir et qu’il est intéressant d’anticiper lors de l’initiation du traitement.

Au long cours, lors des renouvellements d’ordonnance, on va réévaluer avec le patient son adhésion au traitement, son observance. Est-ce qu’il rencontre des difficultés dans la prise de ce traitement ? Et puis, l’on va être vigilant sur un certain nombre d’étapes de la vie, les changements de situation professionnelle, les changements de situation familiale qui peuvent amener à des changements d’habitude de vie et surveiller la fonction rénale qui est très importante avec la metformine. Et c’est vraiment le rôle du médecin généraliste que de surveiller cette fonction rénale, pour simplement adapter la dose de metformine, si elle venait à se dégrader notamment avec l’âge.

Metformine : l’essentiel en médecine générale

Alors, en somme, il s’agit de ne pas griller les étapes. Ne pas partir tout de suite sur des fortes doses de metformine. Partir petit et prendre le temps de s’assurer de l’adhésion du patient, c’est partir solide pour pouvoir aller loin avec ce traitement chronique.

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