Pneumothorax
Publié dans : Pathologies et situations d'urgence
24 mai 2024
Le pneumothorax est dû à la présence anormale d’air dans la cavité pleurale. Il survient spontanément ou après un traumatisme. Une prise en charge est nécessaire, parfois en urgence. Le traitement dépend de sa gravité et de sa cause. La récidive est fréquente et peut être évitée par la pleurodèse.
Le pneumothorax se caractérise par la présence anormale d’air dans la cavité pleurale.
La enveloppe le poumon, elle est composée de 2 membranes ou « feuillets » :
- le feuillet pariétal, situé contre la cage thoracique, le diaphragme et le médiastin (espace situé entre les deux poumons et contenant le cœur, les gros vaisseaux, la et l’œsophage) ;
- le feuillet viscéral, appliqué contre les poumons.
L'appareil respiratoire
L’appareil respiratoire est composé de 8 éléments.
- Le rhinopharynx est un tube partant du nez, et allant jusqu’à la bouche. Il est très large au niveau des cavités nasales puis se rétrécit en arrivant dans la bouche. Le rhinopharynx est une partie du .
- Le est un carrefour entre plusieurs tubes et cavités. Il est le croisement entre le rhinopharynx, la cavité buccale, le larynx et l’œsophage. Il se situe au fond de la bouche, au niveau de la gorge. Il ressemble à un entonnoir, large vers le haut où toutes les voies se rejoignent, puis étroit au niveau du larynx.
- Le larynx est l’organe intermédiaire entre le et la . Ce tube étroit abrite les cordes vocales. Il se situe dans la gorge.
- La est un tube étroit qui permet l’apport en air aux poumons. Elle se situe dans le cou, entre le larynx et les poumons. Elle se divise en deux au niveau des poumons pour former les bronches.
- Les bronches sont deux conduits obliques partant de la base de la . Elles se déploient dans les poumons en petites bronches puis en bronchioles.
- Les bronchioles sont une multitude de petites branches de moins d’un millimètre de diamètre. Elles permettent à l’air d’accéder aux alvéoles pulmonaires.
- Les poumons sont deux organes juxtaposés situés dans la cage thoracique. Ils ont une forme de sac, plus hauts que larges Le haut des poumons arrive au niveau du cou et ils descendent jusqu’au milieu du ventre. Ils contiennent les bronches, les bronchioles et les alvéoles.
- La est la membrane de protection des poumons. Elles recouvrent tout l’extérieur de ces organes et les protègent de la cage thoracique.
© L’Assurance Maladie 2018
Constitution d'un pneumothorax
Lorsque de l’air pénètre anormalement entre les 2 feuillets de la (cavité pleurale), un pneumothorax apparaît. Le poumon, de structure élastique, se désolidarise alors de la paroi thoracique et du diaphragme, et diminue de volume.
Le pneumothorax ne concerne le plus souvent qu’un poumon (pneumothorax unilatéral). En fonction de son étendue, le poumon peut être décollé :
- juste à son sommet ;
- légèrement sur toute sa surface ;
- ou totalement (pneumothorax complet).
Le pneumothorax bilatéral (des 2 poumons) est rare, il constitue une urgence médicale. Il importe alors de composer rapidement le numéro d’urgence : 15 ou 112.
Le pneumothorax peut être traumatique ou spontané.
Le pneumothorax traumatique
Il survient après un traumatisme du thorax :
- fracture de côtes, choc thoracique (accident de voiture par exemple) ;
- lésions pulmonaires lors d’une explosion ;
- plaie par arme blanche ou par balle, etc.
Le pneumothorax spontané le plus fréquent
Le pneumothorax spontané primaire
Il est sans cause précise et survient en dehors de tout traumatisme ou maladie. Il provient de la rupture de petites bulles d’air situées en bordure des poumons dans la cavité pleurale.
Les personnes atteintes de cette forme de pneumothorax sont généralement des hommes (80 %), âgés de 15 à 40 ans, de morphotype longiligne (de grande taille avec un thorax étroit) et le plus souvent fumeur.
Le pneumothorax spontané secondaire
Il est secondaire à une maladie. La rupture d’une bulle d’air (emphysème) ou d’une lésion pulmonaire kystique (lésion creuse en son centre) en est à l’origine. Il survient, le plus souvent, chez des personnes âgées de plus de 40 ans, présentant une maladie des poumons :
- bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO) ;
- asthme ;
- cancer du poumon ;
- mucoviscidose ;
- infection pulmonaire telles que la tuberculose ;
- certaines pneumonies ;
- lésions d’endométriose au niveau de la qui seraient responsables du pneumothorax dit cataménial survenant de manière récurrente au cours des (règles).
Facteurs favorisant la survenue d'un pneumothorax spontané
Hormis certaines maladies génétiques responsables d’anomalies du tissu conjonctif (tissu qui a un rôle de soutien et de lien dans les organes), sont considérés comme facteurs favorisants :
- les grandes variations de pression atmosphérique (orages, ouragans) ;
- la plongée subaquatique ;
- le tabagisme.
En revanche, l’activité physique et notamment celle qui demande des efforts à fermée (en apnée), tels que l’haltérophilie ou certains arts martiaux, n'a pas d'incidence directe dans la survenue d’un pneumothorax.
Il en va de même pour les voyages aériens. Cependant, en cas de pneumothorax, il est contre-indiqué de prendre l’avion car le décollage augmente le volume d’air présent dans la cavité pleurale.
Vidéo : le pneumothorax et ses causes
© Blausen Medical
Selon l’intensité des symptômes de pneumothorax, il est nécessaire d’appeler les urgences ou de consulter rapidement son médecin.
Consulter immédiatement son médecin en cas de pneumothorax bien supporté
En cas de pneumothorax spontané unilatéral, les symptômes surviennent le plus souvent en dehors de tout contexte d’effort et se caractérisent par :
- l’apparition d’une douleur brutale située au niveau d’un seul côté du thorax. Cette douleur est présente sur le côté ou à l’arrière des côtes, tel un point de côté parfois intense. Elle augmente à l’inspiration ou lors de toux puis diminue souvent rapidement d’intensité ;
- une toux sèche irritative qui augmente la douleur ;
- un essoufflement (dyspnée) pas toujours présent ; il est en général très modéré.
Si vous ressentez une douleur violente d’un côté du thorax, consultez immédiatement un médecin.
L’examen du médecin est accompagné d’une radiographie thoracique qui permet de :
- poser le diagnostic de pneumothorax et d’éliminer une autre cause de douleur thoracique ;
- localiser le pneumothorax ;
- montrer l’importance de l’étendue du pneumothorax et de la rétraction du poumon. La peut être décollée sur une petite partie de sa surface ou sur sa totalité.
Appeler le 15 ou le 112 en cas de pneumothorax suffocant
Pourquoi le pneumothorax est-il suffocant ?
Le pneumothorax est suffocant et grave (1 à 2 % des cas) dans les circonstances suivantes :
- la personne a une insuffisance respiratoire préalable, due à une maladie comme le BPCO ;
- le pneumothorax est bilatéral. Cette situation est exceptionnelle ;
- il est compressif. Par phénomène de clapet, de l’air pénètre dans la cavité pleurale à l’inspiration et ne peut en sortir à l’expiration. Il s’ensuit une compression de l’autre poumon et du cœur ;
- il survient dans un contexte de traumatisme du thorax.
Les symptômes du pneumothorax suffocant
Le pneumothorax suffocant se traduit par les symptômes suivants chez la personne atteinte :
- sa respiration est très rapide (au moins 30 respirations par minute) même en position assise ;
- ses extrémités (doigts) et ses lèvres présentent une coloration bleutée () ;
- elle présente un malaise ;
- ses battements de cœur sont très rapides (au moins 120 battements par minutes) ou, au contraire, faibles et ralentis ;
- sa tension artérielle chute (pression systolique égale ou inférieure à 90 mmHg).
L'échange téléphonique avec le service des urgences
Appelez aussitôt le 15 ou le 112.
Le médecin régulateur vous pose des questions pour évaluer l'état médical de la personne. Lorsque vous êtes en communication avec lui :
- parlez calmement et clairement ;
- donnez votre numéro de téléphone ;
- donnez votre nom et celui du malade ;
- indiquez le lieu et l'adresse exacte, ainsi que l'étage et le code d'accès éventuel ;
- décrivez le plus précisément possible les signes qui vous ont alerté, l'heure de début, le mode d'installation des symptômes et leur évolution (disparition, stabilisation, aggravation) ;
- ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne vous le demande. Le médecin régulateur peut avoir besoin d'autres renseignements ou peut vous donner des directives, par exemple sur les gestes à pratiquer dans l'attente de l'équipe médicale mobile. Le centre 15 se chargera également de prévenir le service d'accueil de l'hôpital si une hospitalisation est envisagée.
En l'absence d'éléments de gravité, le médecin régulateur conseille de consulter le médecin de garde ou le médecin traitant.
Le traitement du pneumothorax consiste en une évacuation de l’air de la cavité pleurale. Il est adapté en fonction de sa gravité et de sa cause.
Lorsque le pneumothorax spontané est petit, localisé et n’entraine que très peu de symptômes respiratoires, le médecin ne prescrit aucun traitement. Le patient reste au repos à domicile dans l’attente que l’air se résorbe, avec un traitement antalgique.
Une radiographie thoracique de contrôle permet de s’assurer de la disparition du pneumothorax.
Il est nécessaire de consulter à nouveau son médecin en cas de réapparition ou d’aggravation des symptômes.
Le plus souvent, en cas de pneumothorax, une hospitalisation de quelques heures est nécessaire pour évacuer l’air présent dans la cavité pleurale.
L’exsufflation, ou évacuation rapide de l’air, est pratiquée :
- en urgence si le pneumothorax est responsable de suffocation. Une simple aiguille creuse introduite à travers la peau dans la cavité pleurale (à l’avant du thorax) soulage le patient. Elle est suivie de la mise en place d’un drain (tube creux permettant l’évacuation de l’air) ;
- hors urgence. Un petit cathéter (tube fin et creux) est posé dans la cavité pleurale par voie transcutanée, sous anesthésie locale. L’air présent dans la cavité pleurale est aspiré grâce à une seringue ou grâce à un système de raccord au vide. Un contrôle radiologique permet de vérifier que le poumon a repris sa position normale.
Un drainage pleural est proposé d’emblée :
- lorsque le pneumothorax est secondaire à une maladie pulmonaire ;
- si le pneumothorax est bilatéral ;
- s’il est mal supporté par la personne ;
- en cas de récidive de pneumothorax après exsufflation.
Cette technique consiste à introduire un drain ou un petit cathéter dans la cavité pleurale au niveau du thorax (à l’avant du thorax ou sous l’aisselle), à travers la peau.
L’évacuation de l’air s’effectue :
- soit spontanément par le drain muni d’une valve anti-retour, ou par un drain relié à un bocal ;
- soit activement par un système d’aspiration. Celle-ci doit être très douce pour éviter une expansion rapide du poumon pouvant être responsable d’un œdème pulmonaire (présence de liquide dans le poumon) et d’une détresse respiratoire.
Le drain est enlevé lorsque le poumon est accolé à la paroi thoracique.
Une fois le pneumothorax guéri, un bilan médical peut être fait pour en rechercher la cause : scanner thoracique, bronchique, etc.
L’endométriose peut être responsable d’un pneumothorax cataménial (lors des règles). Cette maladie gynécologique fréquente chez les femmes, est prise en charge médicalement, et éventuellement chirurgicalement afin de prévenir la récidive d’un pneumothorax.
Après un pneumothorax spontané, le taux de récidive est élevé. Il est de :
- 30 % à la suite d’un pneumothorax spontané primaire, et ce sur le côté identique à celui du premier épisode ;
- 62 % après un deuxième épisode de pneumothorax ;
- 40 à 80 % en cas de pneumothorax spontané secondaire.
La pleurodèse est un acte chirurgical permettant de prévenir les récidives de pneumothorax. Même si elle n’est pas systématique, elle est proposée dans les cas suivants :
- après une récidive de pneumothorax du même côté ;
- suite à un deuxième pneumothorax affectant le côté opposé au premier ;
- lors d’un pneumothorax grave (suffocant ou bilatéral) ;
- en cas de persistance d’un pneumothorax après un traitement par drainage.
La pleurodèse consiste à accoler définitivement les 2 feuillets de la . Elle est effectuée sous anesthésie générale, par thoracoscopie. Cette technique endoscopique consiste à introduire une caméra et des instruments chirurgicaux dans la cavité pleurale, à travers la paroi du thorax.
Cet accolement peut être obtenu :
- par abrasion de la . Cet acte peut être mécanique, à l’aide d’un tampon rugueux, ou chimique : du talc de nitrate d’argent, ou de la tétracycline sont introduits entre les feuillets de la . L’irritation ainsi obtenue, permet aux 2 feuillets de s’accoler ;
- ou par ablation partielle de la pariétale. Une partie du feuillet pariétal de est alors enlevée.
La pleurodèse peut être associée à l’ablation des bulles d’air présentes dans le poumon, de façon à éviter les récidives de pneumothorax.
Suite au traitement d’un pneumothorax, la reprise d’une activité physique est possible à l’exception de la plongée sous-marine avec bouteilles, même si la personne a bénéficié d’une pleurodèse préventive après le premier épisode.
Concernant les voyages aériens, la personne guérie d’un pneumothorax peut prendre un avion pressurisé dans un délai de 2 à 3 semaines. Pour le personnel naviguant, une pleurodèse préventive est nécessaire dès le premier épisode de pneumothorax.
La grossesse augmente le risque de récidive de pneumothorax ; les femmes ayant eu un pneumothorax et qui souhaite avoir un enfant doivent consulter leur médecin pour prendre conseils.
Arrêter de fumer pour limiter les risques de pneumothorax
Le tabagisme est un facteur de risque de survenue d’un pneumothorax spontané. Si vous êtes fumeur, il existe plusieurs façons d’arrêter le tabac.
Le service Tabac Info Service peut vous accompagner dans cette démarche :
- sur le site, vous trouverez des astuces pour vous aider lors de votre tabagique sur le site tabac-info-service.fr ;
- en posant des questions à un tabacologue par téléphone, au 3989 (appel non surtaxé).
Vous pouvez également vous faire accompagner par un professionnel de santé (médecin, infirmier, sages-femme, masseurs-kinésithérapeute ou chirurgien-dentiste) qui pourra, s’il le juge nécessaire, vous prescrire un traitement de substitution nicotinique.
N° d’Urgence Médicale
- Samu : 15
- Pompiers : 18
- Appel d'urgence européen : 112
Ces numéros sont gratuits et peuvent être appelés d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit.
- Contou D, Maitre B. Pneumothorax spontanés. EMC - Pneumologie 2014;11(2):1-10 [Article 6-045-A-10]
- Société de pneumologie de langue française - Collège des enseignants de pneumologie. Orientation diagnostique et conduite à tenir devant un pneumothorax. Site internet : SPLF. Paris ; 2018 [consulté le 24 mai 2024]
- Cazaux M, Rabinel P, Solovei L, Renaud C, & al. Traitement chirurgical du pneumothorax spontané. EMC - Techniques chirurgicales - Thorax 2017;12(1):1-12 [Article 42-455]
- Guimard T, Verger E, Morel H, Bernier C & al. Pneumothorax cataméniaux révélant une thoracique. Revue des Maladies Respiratoires. 2009;26(5):566
- Jouneau S, Ricard J.-D, Seguin-Givelet A, Bigé N, Contou D, Desmettre T « et al ». Recommandations pour la prise en charge des pneumothorax spontanés primaires. Revue des Maladies Respiratoires. 2023;40:265-301
Cet article fait partie du dossier : Pathologies et situations d'urgence
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