Embolie pulmonaire

Une embolie pulmonaire est une obstruction d'une artère des poumons, le plus souvent par un caillot de sang. Une phlébite en est à l’origine. L’embolie pulmonaire nécessite un traitement en urgence.

L’embolie pulmonaire est l'obstruction d’une artère pulmonaire ou de l’une de ses branches, en général par un caillot de sang. Elle provoque des dommages au niveau du poumon atteint et la partie lésée ne peut plus fournir d’oxygène à l’organisme.

Le caillot se forme au cours d’une phlébite ou veineuse (en général au niveau des jambes). Il se détache de la paroi de la veine et remonte avec le sang dans la circulation veineuse vers le cœur. Lors de ses contractions, le ventricule droit du cœur propulse le caillot dans les artères pulmonaires. Le caillot sanguin chemine dans des artères de plus en plus fines, où il finit par rester bloqué.

En France, en 2022, 48 489 personnes ont été hospitalisées pour embolie pulmonaire.

Formation d'une embolie pulmonaire

La gravité d'une embolie pulmonaire dépend de :

  • l’importance de la partie du poumon lésée par l’artère obstruée. Lorsqu'elle est grave, l'embolie pulmonaire est responsable d'une hypoxémie grave (diminution de la quantité d'oxygène dans le sang) et a un retentissement sur le ventricule droit du cœur (insuffisance cardiaque) ;
  • l’état cardiaque (une angine de poitrine pré-existante est un facteur de gravité) ou respiratoire (insuffisance respiratoire par BPCO par exemple) de la personne avant la survenue de l'embolie.

Le caillot de sang n’est pas le seul responsable d’une embolie pulmonaire

Beaucoup plus rarement, l'embolie pulmonaire peut être due à un embol (élément flottant dans un vaisseau) :

  • athéromateux (fragment de plaque d’) ;
  • septique ou parasitaire (en cas d’infection grave) ;
  • graisseux (après une fracture osseuse par exemple) ;
  • amniotique (lors d’un accouchement) ;
  • tumoral (migration de cellules cancéreuses).

La survenue d’une embolie pulmonaire est favorisée par :

  • les interventions chirurgicales et tout particulièrement les interventions orthopédiques, gynéco-obstétricales et pour cancer ;
  • les traumatismes : choc, fracture osseuse ;
  • les troubles de la coagulation dus à des maladies héréditaires ;
  • l’alitement ou l’immobilisation prolongés quelle qu’en soit la cause (maladie, traumatisme, long voyage…) ;
  • chez la femme, la contraception orale (pilule contraceptive), le traitement hormonal substitutif de la ménopause, la grossesse ;
  • certaines maladies, en particulier les cancers du poumon et de l’estomac, l'insuffisance cardiaque, l'infarctus du myocarde, les antécédents de phlébite, le surpoids et l’obésité... ;
  • certains traitements médicamenteux comme la chimiothérapie anticancéreuse...

L’embolie pulmonaire entraîne l’apparition soudaine de symptômes :

Les symptômes sont parfois difficilement évocateurs, car peu intenses ou peu spécifiques. La difficulté à respirer peut survenir progressivement et la douleur peut être modérée.

Les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais ils doivent toujours alerter lorsqu’ils surviennent dans un contexte de risque de phlébite et d’embolie pulmonaire (suite d'une intervention chirurgicale, immobilisation dans le mois précédent, cancer en cours de traitement...).

D’autres symptômes peuvent être présents, souvent en cas d'embolie pulmonaire grave :

  • un malaise, ou même une perte de connaissance ;
  • une accélération du rythme cardiaque (tachycardie) ;
  • une tension artérielle basse ;
  • des signes périphériques de choc (marbrures des genoux, doigts et lèvres bleus, froideur des mains et pieds).

En cas de symptômes évoquant une embolie pulmonaire, et plus particulièrement s’ils surviennent lorsque sont présents des facteurs de risque, téléphonez immédiatement aux services d’urgence : 15 ou 112 (service d'urgence européen) depuis un téléphone fixe ou un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit (appel gratuit).

Lorsque vous êtes en communication, en parlant calmement et clairement :

  • donnez votre numéro de téléphone, votre nom et celui de la personne concernée ;
  • indiquez le lieu et l'adresse exacte, ainsi que l'étage et le code d'accès éventuel ;
  • décrivez le plus précisément possible les signes qui vous ont alerté ;
  • précisez l’état de conscience du malade (conscient, somnolent, perte de connaissance) ;
  • donnez l'heure exacte d'apparition des premiers symptômes ;
  • ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne vous le demande. Le médecin peut avoir besoin d'autres renseignements. Il peut aussi vous donner des directives, par exemple sur les gestes à pratiquer en attendant l’arrivée de l'équipe médicale mobile.

Le centre 15 organise le transport du patient vers un établissement hospitalier et se charge de prévenir le service d'accueil de l'hôpital.

Après avoir téléphoné, restez auprès du malade  :

  • installez-le en position semi-assise ;
  • empêchez-le de bouger pour éviter une migration du caillot.

Le 114 : un numéro d’urgence au service des personnes ayant des difficultés à parler ou à entendre (sourds malentendants, aphasiques, dysphasiques)

Toute personne ayant des difficultés à entendre ou à parler, lorsqu’elle se retrouve en situation d’urgence, qu’elle soit victime ou témoin, peut désormais, 24h/24, 7j/7, alerter et communiquer par SMS ou par fax via un numéro national unique et gratuit : le 114.

À l’hôpital, le médecin pratique un examen clinique complet. Il recherche l'existence de facteurs de risque d'embolie pulmonaire et des signes en faveur d'une embolie pulmonaire grave : une pression artérielle systolique (PAS) basse (PAS inférieure à 900 mmHg) associée à une fréquence cardiaque accélérée (souvent supérieure à 100 battements par minutes).

Il palpe les mollets à la recherche de signes cliniques de phlébite.

Pour confirmer le diagnostic et évaluer les conséquences de l’embolie pulmonaire, il demande un ou plusieurs examens complémentaires choisis selon la situation clinique de chaque patient :

  • un dosage sanguin des D-dimères (traces biologiques de la présence d’un caillot). Le taux est  augmenté en cas d'embolie pulmonaire. L'analyse du résultat dépend de l'âge de la personne ;
  • une analyse des gaz du sang artériel (mesurant l'oxygène et le gaz carbonique du sang) ;
  • un angioscanner des poumons mettant en évidence la artérielle ;
  • une échographie-doppler cardiaque en présence de symptômes d'insuffisance cardiaque à la recherche d'un retentissement de l'embolie sur le ventricule cardiaque droit.

Une scintigraphie pulmonaire, visualisant la zone de poumon ne fonctionnant plus, est nécessaire dans certains cas et un écho-doppler des veines des membres inférieurs est prescrit à la recherche d'une veineuse profonde (phlébite).

Le traitement de l’embolie pulmonaire dépend de sa gravité et de l’état du patient.

En cas d’embolie pulmonaire, quelle que soit sa gravité, un traitement anticoagulant est mis en place. Ce traitement suffit en cas d'embolie pulmonaire de faible ou moyenne gravité (sans choc ni artérielle). Il est complété par la ou l'embolectomie en cas d'embolie pulmonaire grave.

Le traitement anticoagulant débute généralement par des injections sous-cutanées d’héparine de bas poids moléculaire (biothérapie) ou de fondaparinux, puis se poursuit par des comprimés : antivitamine K (AVK) ou anticoagulants oraux directs (AOD).

En l'absence de contre-indication, les anticoagulants oraux directs (AOD), d'action rapide, peuvent être prescrits d'emblée, sans l'administration préalable d'héparine.

Le traitement anticoagulant a pour but :

  • de limiter l’extension du caillot ;
  • de prévenir le risque de récidive.

La consiste en l’injection intraveineuse d’un médicament permettant la dissolution du caillot situé dans l’artère pulmonaire. Elle restaure la perfusion pulmonaire plus vite que le traitement anticoagulant seul.

Elle est réservée aux patients qui présentent une embolie pulmonaire grave avec choc ou artérielle.

Elle est contre-indiquée dans certains cas : risque d’hémorragie, AVC récent, traumatisme grave ou intervention chirurgicale récente, grossesse, ulcère gastroduodénal non cicatrisé...

L’embolectomie consiste à enlever le caillot de l’artère pulmonaire par voie chirurgicale. Elle est réservée aux patients présentant une embolie pulmonaire grave en cas d’échec ou de contre-indication de la .

Un traitement percutané par cathétérisme permettant une (destruction du caillot) peut être dans certains cas une alternative à l'embolectomie chirurgicale.

Prévenir la survenue d'une phlébite

L’embolie pulmonaire résultant le plus souvent de la complication d’une phlébite, ou veineuse, vous pouvez prendre des mesures pour limiter sa survenue. Vous devez être particulièrement vigilant si vous avez déjà eu une phlébite, une embolie pulmonaire ou si vous présentez des facteurs de risque de .

Les mesures visent à éviter :

  • l’alitement prolongé ;
  • la prise de contraceptifs hormonaux combinés (estrogènes associés à des progestatifs) en cas de facteurs de risque de phlébite ;
  • la prise de traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ;
  • la consommation de tabac ;
  • le surpoids ;
  • en avion, buvez abondamment de l’eau, évitez de boire de l’alcool et marchez dans les couloirs.

Votre médecin traitant vous conseille et adapte votre traitement ou votre contraception si nécessaire.

Prévenir la migration d'un caillot veineux en cas de phlébite

Il existe 2 dispositifs prévenant la migration d’un caillot.

En cas de phlébite (ou veineuse) des membres inférieurs, le risque d’embolie pulmonaire est important. Le médecin prescrit un traitement anticoagulant.

Dès que le diagnostic est posé et le traitement anticoagulant instauré, le port de bas de contention est recommandé afin de faciliter la circulation sanguine dans les veines des jambes. Il est également conseillé de se lever le plus tôt possible après l’immobilisation.

Pour empêcher la migration d’un caillot vers l’artère pulmonaire, on pose un filtre sur la veine cave en aval des veines rénales. Ce traitement est réservé aux patients qui présentent une contre-indication au traitement par anticoagulants.

N° d’Urgence Médicale

  • Samu : 15
  • Pompiers : 18
  • Appel d'urgence européen : 112

Ces numéros sont gratuits et peuvent être appelés d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit.

  • ESC Guidelines 2019 for the diagnosis and management of acute pulmonary embolism developed in collaboration with the European Respiratory Society (ERS). Eur Heart J. 2020 Jan 21;41(4):543-603
  • National Health service (NHS). Pulmonary embolism. Site internet : NHS choices. Londres ; 2023 [consulté le 18 octobre 2023]
  • Collège national des enseignants de cardiologie. veineuse et profonde et embolie pulmonaire. ECN Maladies vasculaires 2019. Édition Elsevier Masson.
  • Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Recommandations de bonne pratique. Prévention et traitement de la maladie thromboembolique veineuse en médecine. Site internet : Ansm. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2009 [consulté le 18 octobre 2023]
  • Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Épidémiologie des maladies cardiovasculaires en France. Hors série du 4 mars 2025. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2025 [consulté le 12 mars 2025]
Cet article vous a-t-il été utile ?
Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?