Syndrome du bébé secoué

Le syndrome du bébé secoué désigne un traumatisme crânien qui survient lorsque l'on secoue violemment un jeune enfant. Cette forme de maltraitance est une urgence médicale. Quelques conseils aident à garder ou à retrouver son calme face à un enfant qui pleure.

Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué ?

Secouer fortement un bébé abime le cerveau

Le syndrome du bébé secoué désigne un traumatisme crânien non accidentel, entraînant des lésions du cerveau. Il survient lorsque l'on secoue violemment un bébé ou un jeune enfant. Le plus souvent, ce drame arrive lorsque la personne qui s'occupe de l'enfant est exaspérée par ses pleurs.
Les enfants de moins d’un an (et surtout ceux de moins de 6 mois) sont les plus touchés par le syndrome du bébé secoué. En raison de la gravité des séquelles, aucun enfant ne doit être secoué, quels que soient son âge et la situation.

Vidéo : Le syndrome du bébé secoué

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Combien d'enfants sont-ils victimes de secouement ?

Chaque année, plusieurs centaines d'enfants sont victimes, en France, de cette forme de maltraitance. Ce chiffre est certainement sous-évalué en raison de diagnostics non posés et d'une sous-déclaration du syndrome du bébé secoué.

Dans la majorité des cas, les épisodes de secouement sont répétés dans le temps. En absence de diagnostic précoce, le bébé risque d'être à nouveau secoué et ainsi exposé à des lésions cérébrales de plus en plus graves.

Si les nourrissons de moins d’1 an sont les plus concernés, des enfants plus âgés peuvent aussi subir des blessures graves s'ils sont secoués violemment.

Vidéo : Qui est concerné par le syndrome du bébé secoué ?

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Quand suspecter un syndrome du bébé secoué ?

Bébé secoué : quels symptômes peuvent y faire penser ?

Les symptômes surviennent immédiatement après le secouement.

Ils peuvent être en rapport avec une atteinte neurologique grave :

  • une somnolence inhabituelle, des troubles de la conscience ;
  • une rigidité du corps ou au contraire une perte du tonus ;
  • des mouvements anormaux ou des convulsions (les bras et les jambes se raidissent ou se mettent à bouger de manière incontrôlable) ;
  • une difficulté à respirer ou des pauses respiratoires.

D'autres symptômes apparemment moins graves doivent cependant alerter :

  • une diminution de l'appétit, un refus de manger ou des vomissements sans raison apparente ;
  • une perte des sourires ou du babillage habituels ;
  • un moins bon contact, une extrême irritabilité, des pleurs inhabituels ;
  • des troubles oculaires : les yeux ont des mouvements anormaux, les pupilles sont de dimensions inégales, l'enfant louche ou ne suit plus du regard.

Face à ces symptômes, contactez les secours médicaux d’urgence. Un diagnostic et des soins précoces sont indispensables pour diminuer les séquelles neurologiques.

En attendant l’arrivée des secours, si le bébé présente des convulsions ou s’il vomit, placez-le sur le côté, en position latérale de sécurité : cela permet à sa salive ou à ses vomissements de s'écouler par la bouche, pour limiter le risque de fausse-route et d’étouffement.

Pour connaître la technique de mise en position latérale de sécurité, consulter la page Les 6 gestes de base - L'inconscience sur le site croix-rouge.fr.

Appel d'urgence : mode d'emploi

Composez le 15 ou le 112 depuis un téléphone fixe ou mobile.

Lorsque vous parlez au Samu (service d'aide médicale urgente) :

  • soyez calme et clair ;
  • donnez votre numéro de téléphone, votre nom et celui de la personne malade ;
  • indiquez le lieu et l'adresse exacte, l'étage et le code d'accès éventuel ;
  • décrivez le plus précisément possible les symptômes qui vous ont alerté ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne vous le demande.

Vidéo : Les symptômes qui peuvent faire penser à un syndrome du bébé secoué

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Le diagnostic du syndrome du bébé secoué

Après son admission à l’hôpital, le bébé bénéficie d’un examen clinique approfondi. Les parents de l'enfant sont interrogés sur les circonstances de survenue des symptômes.
Des examens complémentaires sont réalisés pour rechercher d’éventuelles lésions :

  • un bilan biologique par prise de sang ;
  • un examen ophtalmologique avec fond d'œil ;
  • un scanner cérébral ;
  • une IRM (imagerie par résonance magnétique) ;
  • des radiographies du squelette...

Si l'équipe médicale pense que l'enfant est victime d'un secouement, elle saisit dans les meilleurs délais le procureur de la République pour mettre en place immédiatement des mesures de protection de l’enfant. Le procureur décide des suites judiciaires à donner (enquête pénale...) Les parents sont informés du signalement et de la possibilité de porter plainte s’ils disent ne pas être en cause et attribuent le secouement à une autre personne.

Pourquoi est-il si dangereux de secouer un bébé ?

Lorsqu’un bébé est secoué, des lésions cérébrales, oculaires et de la moelle épinière peuvent survenir même si la tête de l'enfant ne reçoit aucun choc. En effet, les nourrissons et les jeunes enfants ont une tête relativement grosse et lourde par rapport à leur corps. La musculature de leur cou est faible et leur cerveau est encore en développement. Il est donc plus sensible et susceptible d’être blessé par une secousse.

Sous l’effet des secousses, la tête du bébé se balance rapidement d’avant en arrière et son cerveau heurte les parois de son crâne. Des vaisseaux sanguins cérébraux peuvent être arrachés. D’autres blessures sont aussi possibles au niveau du cerveau et de la moelle, à savoir un écrasement du tissu cérébral contre la boîte crânienne à chaque secousse et un phénomène de cisaillement du tissu cérébral ou médullaire.

Les lésions les plus fréquemment observées sont des hématomes sous-duraux (collection de sang dans les espaces méningés) par rupture de veines périphériques du cerveau et des hémorragies rétiniennes (au niveau de la rétine des yeux). D'autres lésions neurologiques ou oculaires peuvent être constatées.

Les lésions cérébrales subies par les bébés secoués peuvent avoir des conséquences graves, nécessitant des soins spécifiques (éducation spécialisée, rééducation, orthophonie, etc.). Elles peuvent être responsables de :

  • retard du développement psychomoteur ;
  • et retard des apprentissages (lecture, parole...) ;
  • troubles du comportement ;
  • convulsions ;
  • paralysie ;
  • troubles de la vue ;
  • déficit auditif.

Que faire si votre bébé pleure beaucoup ?

Voici quelques pistes pour mieux décrypter les besoins de votre nourrisson, et quelques conseils s’il reste inconsolable sans raison apparente.

Gardez toujours votre calme et n'hésitez pas à vous faire aider pour ne pas être tenté de secouer votre bébé. Un bébé en bonne santé peut pleurer 2 à 3 heures par jour pour diverses raisons : faim, couche humide, position inconfortable, besoin d'un câlin, ennui, fatigue, etc.

Comment calmer son enfant qui pleure ?

Assurez-vous d'abord que votre bébé n'a pas de fièvre. S'il en a prenez-la en charge.

Vérifiez s'il n'a pas besoin de boire ou de manger, d'être changé, couvert davantage ou au contraire, moins couvert.

Si votre bébé n'a apparemment besoin de rien, voici quelques conseils pour vous aider à le calmer :

  • prenez-le dans vos bras ;
  • frottez-lui doucement le ventre ;
  • éteignez les lumières et maintenez le calme dans l’environnement de votre bébé. Trop de stimulations peuvent déclencher ou faire empirer ses pleurs ;
  • de la musique ou des chants doux, des sons apaisants, consolent certains bébés ;
  • de nombreux nourrissons sont aussi calmés par le mouvement. Installez votre bébé dans un porte-bébé ou une poussette et promenez-le. Vous pouvez aussi le bercer dans vos bras avec des mouvements lents et rythmés ;
  • téter aide parfois les bébés à se détendre. Vous pouvez donc donner à votre enfant une tétine ;
  • enfin, vous pouvez faire prendre à votre bébé un bain à 37º C.

Bébé ne cesse de pleure : comment essayer de garder son calme ?

Vous vous êtes assuré que votre bébé n’a aucun problème particulier. Pourtant, il pleure encore.

Gardez votre calme et prenez conscience de vos sentiments : êtes-vous contrarié, frustré, en colère, énervé ? Êtes-vous au bout de vos forces ? Si c’est le cas, prenez quelques instants pour vous calmer et vous reposer.

Si vous n’en pouvez plus, arrêtez-vous ! Couchez votre enfant bien en sécurité sur le dos, dans son lit. Quittez la chambre pour quelques minutes et fermez la porte de la pièce.

Vous pouvez aussi essayer de trouver un moyen de vous détendre :

  • prenez des respirations longues et profondes ;
  • serrez un objet mou ;
  • écoutez de la musique douce ;
  • pleurez ;
  • prenez une douche.

Si besoin, parlez de vive voix ou par téléphone à un ami, à un membre de votre famille, à un voisin ou à une autre personne en qui vous avez confiance, pour obtenir un soutien.

Si toutefois vous avez l’impression que vous pourriez secouer votre bébé dans les instants qui viennent, demandez de l’aide en appelant :

  • "Allô enfance en danger" au 119, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
  • ou "Allô parents bébé" au 0.800.00.34.56 du lundi au vendredi, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures.

Vidéo : Les bons gestes lorsqu'un bébé pleure

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Pour faire face aux pleurs d'un bébé, demander de l'aide et du soutien

Il n'est pas toujours facile d'être parent ou éducateur. Les pleurs constants de votre bébé peuvent vous inquiéter et vous épuiser. Vous ne dormez probablement pas beaucoup tandis que vous vous efforcez de répondre à ses besoins, à toute heure du jour et de la nuit. Vous avez peut-être d’autres charges qui vous fatiguent : travail, enfants plus grands, soucis divers…

Quelle que soit votre situation, ne restez pas seul(e) face aux pleurs de votre enfant :

  • Demandez à un ami, à un membre de votre famille ou à une autre personne de confiance de s’occuper de votre bébé pendant de courtes périodes. Vous pourrez ainsi avoir un peu de répit.
  • Si des personnes fiables vous proposent de vous aider, acceptez. Cependant, ne laissez jamais votre enfant à quelqu’un en qui vous n’avez pas confiance ou qui a des réactions violentes.
  • Si vous êtes préoccupé(e) par votre relation avec votre bébé ou que vous vous posez des questions, parlez-en à votre pédiatre ou à votre médecin traitant. Vous pouvez aussi faire appel à des associations d’aide à la parentalité.

Quoi qu’il arrive, il ne faut pas secouer un bébé. Même si vous êtes très irrité, NE SECOUEZ JAMAIS VOTRE ENFANT.

Informez également les personnes amenées à le garder, des problèmes que peut entraîner toute secousse violente.

Enfin, si vous sentez que vous allez secouer votre nourrisson, appelez le 119 : des professionnels sont là pour vous écouter et vous aider.

En cas de malaise chez un bébé, il ne faut pas le secouer

Si votre bébé ne respire plus, inutile de le secouer ; cela ne l’aidera pas et peut être responsable de graves lésions du cerveau. Composez le 15 ou le 112 depuis un téléphone fixe ou mobile.

Respectez les consignes du Samu en attendant leur arrivée.

N° d’Urgence Médicale

Samu : 15
Pompiers : 18
Appel d'urgence européen : 112
Ces numéros sont gratuits et peuvent être appelés d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit.
  • Haute Autorité de santé (HAS) et Société française de Médecine Physique et de réadaptation (SOFMER). Syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement. Recommandations de bonne pratique. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2017 [consulté le 19 janvier 2022]
  • Rebuffat E. Le syndrome du bébé secoué. Re Med Bruxelles. 2009;30(4);234-38
  • Ministère des Solidarités et de la santé. Campagne nationale de sensibilisation au syndrome du bébé secoué : une maltraitance qui peut être mortelle. Site internet : Ministère des Solidarités et de la santé. Paris ; 2022 [consulté le 18 janvier 2022]
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