Intoxication par voie orale (par ingestion)
Publié dans : Réagir en cas d'accidents domestiques
13 mai 2024
L’ingestion de certaines substances (médicaments, produits ménagers, etc.) peut causer une intoxication. Pour aider une personne qui en est victime, il faut agir selon la gravité de la situation. Les intoxications par voie orales peuvent être évitées grâce à certaines précautions.
Une intoxication par voie orale est la conséquence de l'action nocive sur l'organisme d'une substance introduite par la bouche.
L'ingestion de ce produit toxique peut être accidentelle ou volontaire (en cas de tentative de suicide).
Cette substance peut être d'emblée toxique ou le devenir en fonction de la quantité qui aura pu pénétrer dans l'organisme.
Le plus souvent, l'ingestion du produit toxique est constatée rapidement, avant que des symptômes n'apparaissent. Il faut agir vite, même en l'absence de symptômes.
Si l'ingestion du produit toxique est passée inaperçue, il faut penser à une intoxication devant toute anomalie qui survient brutalement et sans explication, par exemple :
- une diminution de la conscience, une confusion, une perte de connaissance, un comportement ou des mouvements anormaux ;
- des difficultés à respirer ;
- des pupilles rétractées ou dilatées ;
- des douleurs abdominales, des vomissements, une diarrhée ;
- des brûlures ou une irritation au niveau de la bouche ;
- des douleurs en avalant (lors de la déglutition) ;
- un écoulement de salive par la bouche, etc.
Ces symptômes évoquent d'autant plus une intoxication s'il existe :
- une odeur d'alcool ou de produits ménagers sur la peau ou dans l'haleine ;
- une consommation récente d'aliments inhabituels ou suspects ;
- la présence de boites vides de médicaments, laissant supposer une prise multiple de ces produits ;
- la présence d'un flacon ou d'une boite de produit chimique ouverts (eau de javel ou pesticide, par exemple).
Il faut alors agir rapidement pour éviter ou limiter l'aggravation, liée au contact du produit ou à son passage dans le sang par absorption au niveau du tube digestif.
Les produits toxiques les plus souvent avalés
Il s'agit :
- de médicaments (le plus souvent intoxication accidentelle chez l'enfant et tentative de suicide chez l'adulte) ;
- de produits ménagers (eau de Javel, produit nettoyant, lessive...) ;
- de produits de bricolage et industriels (colle, peinture...) ;
- de produits cosmétiques (dissolvant, parfum...) ;
- d'aliments avariés, de plantes et de champignons ;
- de produits agricoles (engrais, pesticides, raticide comme le blé empoisonné, désherbants...) ;
- de produits pétroliers (essence...) ;
- d'alcool : phénomène de binge-drinking ou absorption d’alcool épisodique mais très importante (au moins 60 g d’alcool en une seule occasion) de plus en plus fréquente chez les adolescents. En français, on parle de "conduite d’alcoolisation aiguë", de "recherche d’ivresse" (ou, plus familièrement, de "défonce" ou de "cuite") ;
- de drogues.
Les particularités des intoxications orales selon l'âge
Chez l'enfant
Les intoxications sont la 2ème cause d'accidents de la vie courante, la 1ère étant les traumatismes.
Dans 85 % des cas, elles surviennent surtout avant 4 ans et sont accidentelles.
Ces intoxications sont essentiellement dues à l'ingestion de médicaments, de produits ménagers et de bricolage. L'ingestion de piles bouton peut être à l'origine de complications très graves.
Intoxications accidentelles chez les moins de 15 ans : chiffres clés
Entre 2014 et 2020, les intoxications accidentelles graves ont été dues :
- aux médicaments humains (les médicaments antidouleurs, anxiolytiques et antipsychotiques sont les plus souvent en cause), dans 34,2 % des cas ;
- aux produits de nettoyage et d'entretien, dans 22,4 % des cas ;
- à de la drogue (cannabis essentiellement), dans 9,4 % des cas.
Concernant les produits d'entretien, le caractère dangereux des produits déboucheurs de canalisation et des dosettes de lessive liquide est souligné. Ces dernières attirent les enfants par leur couleur. Comme elles sont petites, ils peuvent les attraper facilement. Leur enveloppe soluble dans l'eau se dissout quand l'enfant les met à la bouche. Leur liquide est très agressif pour la peau et les muqueuses.
Un point à noter : depuis 2017, les centres antipoisons relèvent une augmentation des intoxications chez les jeunes enfants par ingestion accidentelle de tabac à chauffer, de tabac à mâcher. Ces intoxications se traduisent par des symptômes de surconsommation de nicotine : palpitations, malaise, vomissements, pâleur, vertiges, tremblements, voire convulsions et perte de connaissance. Des ingestions accidentelles des billes aromatiques à introduire dans les filtres des cigarettes ont été également observées.
Source : Anses
Chez l'adolescent et l'adulte
Les intoxications orales peuvent être volontaires (tentative de suicide) ou accidentelles (champignons, drogue, alcool, par exemple).
Intoxications orales graves par usage détourné et dangereux de médicaments par l'adolescent et l'adulte jeune
Des médicaments antitussifs à base de codéine et des médicaments ajoutés à un soda, constituent une boisson appelée « purple drank », consommée à des fins récréatives. Son usage est de plus en plus fréquent chez des adolescents ou des jeunes adultes et est responsable de graves intoxications aiguës avec somnolence, agitation, troubles du comportement et crises convulsives.
Chez la personne âgée
Les intoxications sont souvent involontaires et dues à des médicaments : erreur de dosage, confusion entre les produits, erreur au cours d'une automédication.
Pour limiter ce risque, l'utilisation d'un pilulier est pratique et conseillée.
Avant toute prise d'un nouveau médicament, il est important de demander l'avis de son médecin ou de son pharmacien.
Face à une ingestion d'un produit toxique, il est important d'évaluer la gravité de la situation, de connaître les gestes à faire et à ne pas faire avant d'appeler les urgences ou le centre antipoison.
La gravité d’une intoxication par voie orale dépend de l’état de conscience de la personne qui en est victime.
Quels sont les gestes à faire lorsqu'une personne a avalé un produit toxique ?
Si la personne est inconsciente
Appelez le numéro d'urgence médicale en composant le 15 ou le 112.
Au téléphone, le médecin régulateur pose des questions pour évaluer l'état médical de la personne.
Lorsque vous êtes en communication avec le médecin régulateur :
- parlez calmement et clairement ;
- donnez votre numéro de téléphone ;
- donnez votre nom et celui du malade ;
- indiquez le lieu et l'adresse exacte, ainsi que l'étage et le code d'accès éventuel ;
- décrivez le plus précisément possible les signes qui vous ont alerté, l'heure de début, le mode d'installation des symptômes et leur évolution (disparition, stabilisation, aggravation) ;
- ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne vous le demande. Le médecin régulateur peut avoir besoin d'autres renseignements ou peut vous donner des directives, par exemple sur les gestes à pratiquer dans l'attente de l'équipe médicale mobile. Le centre 15 se chargera également de prévenir le service d'accueil de l'hôpital si une hospitalisation est envisagée.
Mettez la personne en position latérale de sécurité : tournez-la sur le côté, la tête légèrement plus basse que le corps pour permettre à sa salive de s'écouler, ou pour l'empêcher de s'étouffer, en cas de vomissements.
Position latérale de sécurité
Si la personne est consciente
Appelez le centre antipoison le plus proche de votre domicile, même en l'absence de symptômes, ceux-ci pouvant n'apparaître que dans un 2ème temps.
Auparavant, recueillez le plus d'informations possibles qui vous seront demandées par téléphone et rassemblez les emballages de médicaments, les notices, les bouteilles ou les boites qui peuvent avoir contenu les substances toxiques.
Dans tous les cas, préparez-vous aux questions que vous posera le centre antipoison ou le Samu et donnez le plus de détails possibles :
- l'âge, le poids, la taille de la personne concernée et ses maladies éventuelles ;
- les circonstances de l'intoxication : volontaire ou accidentelle ;
- le ou les produits ingérés (nom et quantité) et la quantité absorbée (souvent difficile à déterminer) ;
- l'heure de l'intoxication et sa durée ;
- les éventuels symptômes anormaux présentés par la personne intoxiquée (vomissements, transpiration importante, douleurs abdominales, convulsions, etc.)
Si la personne doit être transférée à l'hôpital, emportez :
- le reste de produit, les emballages, les étiquettes, les notices ;
- les restes de plantes, de nourriture et de champignons suspects.
La cause de l'intoxication pourra ainsi être plus facilement déterminée.
Numéros d’urgence 24 h/24 - 7j/7 des centres antipoison
ANGERS : 02 41 48 21 21
BORDEAUX : 05 56 96 40 80
LILLE : 08 00 59 59 59
LYON : 04 72 11 69 11
MARSEILLE : 04 91 75 25 25
NANCY : 03 83 22 50 50
PARIS : 01 40 05 48 48
TOULOUSE : 05 61 77 74 47
Quels sont les gestes à ne pas faire en cas d'ingestion d'un produit toxique ?
Ne faites pas boire à la personne :
- du lait car ses matières grasses pourraient accélérer l'absorption du produit ingéré ;
- de l'eau qui pourrait faire mousser un produit détergent ingéré.
Ne faites pas vomir la personne concernée : cela peut être dangereux car le produit s'il est caustique peut brûler l'œsophage et la bouche une deuxième fois lors du vomissement.
Ne laissez pas la personne sans surveillance et ne la transportez pas de votre propre initiative.
Les intoxications par voie orale devraient être très rares car la plupart peuvent être évitées en prenant quelques précautions simples.
Respectez les modes d'emploi des produits toxiques, (produits ménagers, produits de bricolage, ).
Conservez les produits dans leur emballage d'origine et ne les transvasez pas dans un autre contenant.
Gardez hors de la portée des enfants les produits potentiellement dangereux et si possible, dans un placard fermant à clés.
Soyez vigilant lorsque vous utilisez un produit toxique : veillez à éloigner votre enfant.
Expliquez-lui les risques encourus en cas d'ingestion d'un produit toxique et apprenez-lui la signification des pictogrammes sur les étiquettes.
Mettez vos médicaments dans une armoire à pharmacie en hauteur, fermée à clé.
Ne laissez pas de médicaments dans un sac à main ou une sacoche, sur une table à la portée d'un enfant.
Ne laissez pas sur un lavabo ou une table à langer des produits de soins (crème hydratante, éosine, dissolvant et parfum) en accès facile pour un enfant. Rangez-les dans un placard en hauteur.
Faites comprendre à votre enfant que les médicaments ne sont faits que pour soigner et ne sont donnés que par un adulte.
Respectez les doses prescrites de médicaments et ne prenez pas de nouveau médicament sans l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien.
Conservez les médicaments dans leur boite d'origine avec le dispositif d'administration : seringue, pipette, cuillère-mesure, compte-goutte.
Pour faciliter la prise de vos des médicaments sans erreur, pensez à l'utilisation d'un pilulier, pratique pour ne pas oublier de prendre un médicament ou au contraire le prendre 2 fois, mais mettez ce pilulier hors de portée des enfants.
Ne rompez pas la chaîne du froid : ne recongelez pas un aliment décongelé ; respectez les conditions de température de stockage et vérifiez celles-ci en fonction des zones de votre réfrigérateur.
Respectez les durées maximales de stockage des denrées, tant dans le réfrigérateur que dans le congélateur ainsi que leur date limite de consommation.
Jetez toute boîte de conserve bombée ou dont le contenant présente à l’ouverture un aspect ou une odeur inhabituels. Ne conservez pas le contenu d'une boite de conserve ouverte dans la boite d'origine, mais transvasez-le dans un récipient non métallique.
Si vous cueillez des champignons, ne ramassez que ceux que vous connaissez bien et transportez-les dans un panier et non dans un sac plastique, sans mélanger les espèces (un champignon vénéneux peut contaminer les autres). Mangez des champignons encore jeunes et faites-les bien cuire. Si vous avez un doute sur une espèce, montrez les champignons à votre pharmacien et si le doute persiste, jetez-les.
Ne laissez pas seul votre petit enfant dans un jardin ou un espace de plein air dans lequel sont présents des arbustes à baies et feuilles toxiques (cotonéaster, laurier-cerise, arum...) ou des champignons de pelouse souvent nocifs.
Ne mélangez pas alcool et médicaments et évitez la consommation d'une quantité importante d'alcool sur une courte durée.
N° d’Urgence Médicale
- Samu : 15
- Pompiers : 18
- Appel d'urgence européen : 112
Ces numéros sont gratuits et peuvent être appelés d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit.
- Centre Antipoisons Belge. Intoxications. Site internet : Centre Antipoisons Belge. Bruxelles ; 2021 [consulté le 7 mars 2022]
- Collège National des Pédiatres Universitaires. Intoxications aiguës chez l'enfant. ECN 2020. 8è édition Elsevier Masson
- Collège national des enseignants de réanimation. Diagnostic et prise en charge des intoxications aiguës. ECN 2018. 5è édition Elsevier Masson
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Usage détourné de médicaments antitussifs et chez les adolescents et les jeunes adultes - Point d'Information. Site internet : ANSM. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2016 [consulté le 7 mars 2022]
- Association des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV). Que faire en cas d'accident ? Site internet : CAPTV. Paris [consulté le 7 mars 2022]
- Centre hospitalier universitaire de Toulouse. Centre Antipoison et de Toxicovigilance. Conseils pratiques en cas d'intoxication. Site internet : CHU Toulouse ; 2020 [consulté le 7 mars 2022]
- Produits du tabac, produits connexes, arômes pour cigarettes : les mineurs sont de plus en plus exposés au risque d'intoxication. Vigil Anses du 21 novembre 2023. Site internet Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Maisons-Alfort (France) ; 2023 [consulté le 13 décembre 2023]
- À quoi s'intoxiquent accidentellement nos enfants et comment l'éviter ? Vigil Anses du 22 avril 2024. Site internet Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Maisons-Alfort (France) ; 2024 [consulté le 3 mai 2024]