VIH, contraception, grossesse et allaitement
Publié dans : VIH/sida
06 juin 2024
Quelle contraception lorsqu'on est porteuse du VIH ? Quand envisager une grossesse ? Comment se passe l'accouchement ? L'allaitement est-il possible ? Des réponses à ces questions.
Le préservatif (masculin et féminin) est un moyen de contraception très efficace lorsqu'il est bien utilisé. Il prévient la survenue des infections sexuellement transmissibles.
La contraception estroprogestative (pilule, patch, anneau vaginal) est utilisable, mais il faut tenir compte :
- des interactions avec certains médicaments antirétroviraux qui diminuent leur activité ;
- de l’augmentation du risque artériel thromboembolique (survenue d'un accident vasculaire cérébral par exemple) des traitements antirétroviraux surtout chez les femmes à risque (consommatrices de tabac, en surpoids, ayant une hypertension), en particulier après 35 ans.
La contraception progestative (pilule, implant) doit tenir compte :
- des interactions avec certains médicaments antirétroviraux qui diminuent leur activité ;
- de l'augmentation de la charge virale dans les secrétions génitales avec certains progestatifs ;
- de la durée et des saignements répétés qui augmentent le risque de transmission du VIH.
Les dispositifs intra-utérins (stérilet au cuivre ou au lévonorgestrel) : cette méthode contraceptive est utilisable sans problèmes. Ils n’y a pas plus de complications ou de difficultés de pose que pour les femmes séronégatives.
La contraception définitive ou stérilisation : elle peut convenir aux femmes comme aux hommes (vasectomie ou stérilisation par voie hystéroscopique). Elle doit être proposée et doit faire l'objet d'une réflexion.
La contraception d’urgence hormonale peut être utilisée mais les dosages peuvent être différents en fonction de l’antirétroviral utilisé. La contraception d'urgence par pose d'un stérilet est possible.
La consultation préconceptionnelle
Si vous souhaitez avoir un enfant alors que vous êtes porteuse du VIH, il est conseillé d'anticiper votre projet et de demander une consultation préconceptionnelle. Cela permet à l'équipe médicale qui vous suit :
- de choisir les antirétroviraux compatibles avec une grossesse. Un traitement antirétroviral bien suivi permettant de garder une charge virale sanguine indétectable permet de diminuer le risque de transmission à l'enfant ;
- de vous prescrire une supplémentation en acide folique à poursuivre jusqu'à 2 mis de grossesse ;
- de mettre à jour vos vaccinations, si besoin ;
- de vous encourager à ne pas vous exposer à des toxiques (tabac, drogues, etc.) ;
- de vous orienter vers une consultation spécialisée en cas d'infertilité. Une assistance médicale à la procréation peut être envisagée.
VIH et grossesse
Vous êtes suivie, ainsi que votre partenaire, tout au cours de votre grossesse par une équipe pluridisciplinaire :
- Des consultations et bilans sont programmés : ne les oubliez pas.
- Votre traitement antirétroviral est adapté à votre situation et son but est d'obtenir une charge virale la plus basse possible : respectez les consignes qui vous sont données et signalez tout symptôme anormal.
VIH et accouchement
Si votre charge virale est basse en toute fin de grossesse (< 50 copies/mL), l'accouchement peut avoir lieu par voie basse selon les mêmes règles que pour un accouchement en dehors de tout contexte infectieux (possibilité de déclenchement, d'utilisation de techniques instrumentales comme les forceps, ventouse, etc.)
Si votre charge virale est supérieure à 400 copies/mL, une césarienne est programmée.
Si votre charge virale est comprise entre 50 et 400 copies/mL, la décision est prise en concertation entre les professionnels de santé.
VIH et soins au nourrisson
Votre nouveau-né bénéficie d'un traitement antiviral dit prophylactique (contre le VIF-1) choisi selon la charge virale de sa mère et de durée adaptée à chaque cas. Ce traitement n'est pas systématique en cas de VIH-2 chez la mère.
Un dépistage du VIH par PCR ARN VIH est effectué chez votre bébé dans les 3 premiers jours de vie, à l'âge de 4 à 6 semaines, puis à l'âge de 3 mois et enfin entre 18 mois et 2 ans.
Pour affirmer l'absence d'infection chez le bébé, il faut :
- deux sérologies PCR ARN VIH négatives après l'arrêt du traitement antiviral prophylactique, si l'enfant n'est pas allaité ;
- une PCR ARN VIH négative 3 mois après l'arrêt de l'allaitement, si l'enfant est allaité.
Votre enfant bénéficiera d'un suivi pédiatrique pendant quelques mois et sera vacciné avec les vaccins possibles pour lui selon le calendrier vaccinal. Une vaccination anti-pneumococcique supplémentaire à 3 mois est nécessaire pour prévenir les infections à pneumocoque. La vaccination par le BCG et les vaccins vivants (ROR par exemple) n'est possible que lorsque les médecins sont sûrs que l'enfant n'est pas porteur du VIH.
VIH et allaitement
Au cours de votre grossesse, abordez le sujet de l'allaitement. Si vous souhaitez allaiter, sachez que l'allaitement n'est possible que dans certaines conditions :
- vous avez bénéficié d'un traitement antirétroviral commencé avant la grossesse ou à son tout début ;
- vous avez été bien suivie au cours de votre grossesse et vous avez pris votre traitement très régulièrement ;
- votre charge virale est <50 copies/mL sur au moins 6 mois de contrôle ;
- l'équipe soignante vous propose un accompagnement et vous vous engagez à être suivie et à faire examiner votre bébé de façon rapprochée tout au long de l'allaitement.
La diffusion des antirétroviraux dans le lait maternel est variable selon les médicaments utilisés.
La durée préconisée de l'allaitement est de 6 mois maximum. Celui-ci est arrêté si la charge virale monte.
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