Sommeil de l’enfant : ses étapes et ses troubles

La nature et la durée du sommeil présentent des évolutions importantes des premiers mois de vie à l’adolescence. Un sommeil de qualité est indispensable pour la santé. Les troubles du sommeil chez l'enfant sont multiples : difficultés d'endormissement, réveils nocturnes, cauchemars, terreurs, énurésie, apnées du sommeil, etc.

Les troubles du sommeil les plus fréquents chez l'enfant sont :

  • les insomnies avec des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes ;
  • à l'opposé, les hypersomnies, rares chez l'enfant (sommeil excessif avec des difficultés de réveil ;
  • les parasomnies. Elles sont fréquentes chez l'enfant et elles correspondent à des comportements venant perturber le sommeil : somnambulisme, terreurs nocturnes, cauchemars, bruxisme, énurésie, somniloquie, rythmies du sommeil, etc. ;
  • les perturbations du sommeil dues à troubles de la ventilation avec présence d'apnées du sommeil.

Bien dormir a des conséquences importantes sur la santé au quotidien.

En effet, le sommeil est indispensable au développement cérébral de l'enfant et il améliore la concentration, consolide les informations mémorisées pendant l’éveil et favorise l’apprentissage récent. Une personne qui s’endort sur une tâche tout juste apprise, améliore sa mémorisation de 30 %.

Le sommeil régule la production de plusieurs hormones : hormone de croissance, mais aussi cortisol, , hormones de l’appétit. 

Les privations chroniques de sommeil pourraient expliquer en partie l’augmentation de l’obésité. Les sujets qui ne dorment pas assez grignotent davantage et ont plus faim. Des études ont démontré que les risques de surpoids semblent accrus chez les enfants qui ne dorment pas assez.

Le sommeil diminue le risque d'hypertension artérielle, de diabète de type 2 à l'âge adulte et il est associé à une meilleure réponse immunitaire avec des conséquences probables sur la susceptibilité aux infections.

À court ou moyen terme, un mauvais sommeil chez l’enfant peut provoquer :

  • des troubles du caractère (ex. : hyperactivité, irritabilité) ;
  • une somnolence durant la journée ;
  • des difficultés d’apprentissage scolaire (problèmes d’attention et de concentration, diminution des capacités verbales et motrices) ;
  • un risque plus important de développer un surpoids.

 

Les enfants qui ne font pas leurs nuits manquent de sommeil en permanence

Par exemple, les bébés de 2 ans et demi qui n’ont jamais fait de nuits complètes dorment moins que les autres. Ainsi, chaque nuit, ils dorment en moyenne 1 heure et 22 minutes de moins par rapport aux bons dormeurs du même âge. Cette perte n’est pas compensée par un temps de sieste plus long.

De ce fait, ces enfants présentent un manque de sommeil chronique, qui peut notamment les rendre plus irritables ou provoquer des épisodes de somnolence dans la journée.

 

Le sommeil organisé en cycles

Comme le sommeil de l’adulte, celui de l’enfant est organisé en cycles. Il commence par une phase d’endormissement puis des cycles de sommeil se succèdent.

Chaque cycle comporte deux types de phases.

Les phases calmes : le sommeil lent

Elles correspondent à un sommeil dit lent, plus ou moins profond, durant lequel l’activité cérébrale diminue.

Les phases d’activité cérébrale intense : le sommeil paradoxal

Il s’agit de périodes durant lesquelles le cerveau est aussi actif que pendant la journée ; c’est pourquoi on parle de sommeil paradoxal. Durant ces phases, les personnes endormies rêvent et on observe chez elles des mouvements oculaires rapides.

Une nuit comprend 4 à 6 cycles de sommeil, et chaque cycle est composé de phases lentes et paradoxales. La durée de ces cycles et la nature des phases varient selon l’âge de l’enfant.

Les différents cycles du sommeil en fonction de l’âge de l’enfant

Infographie représentant les différents cycles de sommeil chez les nouveau-nés, les nourrissons et les grands enfants (cf. description détaillée ci-après)

Chez un nouveau-né, le sommeil est composé de trois cycles : l’endormissement, le sommeil agité et le sommeil calme. Chaque cycle a une durée d’environ 50 minutes.

Chez un nourrisson, le sommeil est composé de quatre cycles : l’endormissement, le sommeil paradoxal, le sommeil lent et le sommeil lent-profond. Chaque cycle a une durée d’environ 70 minutes.

Chez un grand enfant, le sommeil est composé de six cycles : l’endormissement, le sommeil lent très léger, le sommeil lent léger, le sommeil lent profond, le sommeil lent très profond et le sommeil paradoxal. Chaque cycle a une durée d’environ 90 à 120 minutes.

Le temps de sommeil au cours de l'enfance et l'adolescence

Certains enfants sont des « petits dormeurs »  et d'autres des « gros dormeurs ».
Cependant, pour qu'il soit en forme dans la journée, un temps minimal est nécessaire.

Quel est ce temps de sommeil recommandé ?

Évolution du temps moyen de sommeil par 24 heures et selon l'âge
0-6 mois3 ans6 ans12 ansÀ partir de 20 ans
16-17 heures13 heures12 heures9 heures8 heures

De 0 à 24 mois, la stabilisation du sommeil

La durée du sommeil diminue progressivement chez le nourrisson

Les nouveau-nés dorment beaucoup, jusqu'à 20 heures par jour, avec, comme chez l’adulte, des variations d’un bébé à l’autre. Ce repos permet notamment la maturation du cerveau. À la naissance, le bébé ne fait aucune différence entre le jour et la nuit. Il construit son sommeil de nuit progressivement en ajustant les périodes d'éveil et de sommeil. Cela signifie qu’au début, il est possible que bébé dorme plus le jour que la nuit.

Il faut un certain temps pour que le sommeil du nourrisson adopte une cadence régulière. Au quatrième mois, bébé dort généralement un peu moins, souvent entre 14 et 16 heures par jour. Il dort plus longtemps la nuit car il a moins souvent faim. Il commence à se rendormir seul et parfois même à s’endormir seul.

La nature du sommeil évolue

Chez le nourrisson, le sommeil est différent de celui du grand enfant ; chez le nouveau-né, un cycle de sommeil dure 50 minutes à 1 heure, avec une phase agitée et une phase calme plus courte. Le sommeil agité occupe 50 à 60 % de tout le temps durant lequel le bébé dort. On reconnaît ce stade à certaines manifestations (grognements, succion de la langue). Ces signes donnent parfois l’impression que le nouveau-né est réveillé.

Il existe plusieurs étapes, au cours desquelles la nature des phases de sommeil évolue :

  • vers 2-3 mois, les phases agitées disparaissent au profit des phases paradoxales, plus stables. Celles-ci n’occupent plus qu’un tiers du temps de sommeil quotidien (puis un quart vers l’âge d’un an) ;
  • entre 6 et 24 mois, le sommeil se modifie encore pour se rapprocher de sa forme définitive. Le nombre de phases par cycle augmente, et chaque cycle s’allonge.

 

Les réveils nocturnes du bébé ne sont pas toujours liés à la faim

Jusqu’à l’âge de 4 ou 5 mois, un nourrisson peut avoir besoin d’un biberon nocturne. En effet, son organisme n’est pas toujours capable de stocker suffisamment de calories pour la nuit.

Passé cet âge, la majorité des enfants n’ont plus besoin de manger la nuit. En revanche, le bébé peut se réveiller entre deux cycles, parce que son sommeil est fragile à ce moment-là. Souvent, il se rendort seul au bout de quelques minutes. Parfois, il n’arrive pas à se rendormir seul et ses pleurs persistent. Il est alors bien de le rassurer et de vérifier qu’il se sent bien, de préférence sans le sortir de son lit. En revanche, il n’est pas indiqué de lui proposer un biberon, sauf si le médecin ou le pédiatre le conseille.

 

Entre 3 et 6 ans, la fin des siestes

Si les nouveau-nés dorment beaucoup pendant la journée, ce sommeil de jour diminue rapidement vers l’âge de deux ans. Le temps de sieste quotidien ne dépasse pas deux heures et commence à diminuer vers trois ans, puis il prend fin vers 4 ans selon les besoins de l'enfant.

Cette évolution entraîne une réorganisation du sommeil nocturne. En première partie de nuit, les phases de sommeil lent profond deviennent plus nombreuses.

Par ailleurs, vers 3 ans, la capacité à passer de l’assoupissement à l’état de veille est en cours de maturation. Aussi, durant cette période, l’enfant peut connaître certains troubles du sommeil, tels que des terreurs nocturnes ou des épisodes de somnambulisme.

Le nombre quotidien de siestes varie en fonction de l’âge

Vers 6 mois, un bébé fait en général trois siestes (matin, début et fin d’après-midi). 

La dernière sieste de la journée disparaît entre 9 et 12 mois, celle du matin, entre 15 et 18 mois. 

La sieste de début d’après-midi est nécessaire jusqu'à l'âge de 2 à 5 ans, selon le mode de vie de l'enfant. Si elle perdure après l’âge de 7 ans, cela peut être le signe de nuits trop courtes.

De 6 ans à l'adolescence

À partir de 6 ans, on observe chez l’enfant :

  • une réduction de la longueur des nuits ;
  • un allongement du temps d’endormissement.

Ces évolutions n’impactent pas la qualité du sommeil. Toutefois, certains troubles (terreurs nocturnes, somnambulisme, énurésie ou pipi au lit) peuvent à nouveau survenir. Ils sont favorisés par l’importance du sommeil lent profond en première partie de nuit. Ces troubles du sommeil, fréquents, sont peu inquiétants à cette période de la vie.

Entre 10 et 20 ans, le temps de sommeil se réduit d’environ deux heures par nuit passant de 9 heures à 7 heures.

Le sommeil est primordial, surtout à l'adolescence, car il a un rôle réparateur pour l’organisme et participe aux étapes d’apprentissage et de mémorisation.

Chez les adolescents, le processus d'endormissement est plus tardif en raison d'une sécrétion décalée de mélatonine (hormone du sommeil) au niveau du cerveau. Il s'ensuit un coucher plus tardif, y compris les jours de collège et de lycée et un réveil spontanément plus tardif.

Lorsqu'ils sont contraints à se lever tôt, les jeunes ne dorment pas assez par rapport à leurs besoins. Ils tentent de compenser ce manque par un lever plus tardif pendant les week-ends et les vacances, mais ils sont souvent victimes d'épisodes de somnolence dans la journée.

La carence en sommeil peut également être due à la survenue d'insomnies en relation avec une souffrance psychologique en cette période de la vie souvent perturbée.

Lire l'article « Je dors mal : que faire ? »

  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Sommeil. Site internet : Inserm. Paris ; 2024 [consulté le 8 avril 2025]
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Rythmes de l’enfant – De l’horloge biologique aux rythmes scolaires. Site internet : Inserm. Paris ; 2001 [consulté le 8 avril 2025]
  • Benz C. Jenni O. Troubles du sommeil chez l’enfant. Forum Med Suisse. 2010;10(11):204–207
  • Référentiel de psychiatrie et d'addictologie 4e édition 2024. Troubles du sommeil de l'adulte et de l'enfant. Presses universitaires François-Rabelais. Tours (France)
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