Les différents troubles de la mémoire et leurs causes
Publié dans : Troubles de la mémoire
02 février 2024
Les troubles ou pertes de mémoire appelés aussi troubles mnésiques correspondent à l'incapacité ou la difficulté à mémoriser un fait actuel à retrouver un souvenir. Les "trous" de mémoire, sont souvent anodins mais ils peuvent être invalidants lorsqu'une maladie ou un traumatisme sont en cause.
Les troubles de la mémoire appelés également troubles mnésiques ou perte de mémoire sont une altération de la capacité :
- soit à mémoriser un fait nouveau ;
- soit à retrouver un souvenir ;
- soit à faire les deux.
Ainsi, la personne ne se rappelle plus certains faits récents ou des souvenirs anciens, ou les deux à la fois.
La mémoire est la capacité à enregistrer des informations venant d'expériences et d'événements divers, à les conserver et à les restituer sous forme de souvenirs, de savoirs ou d'habiletés.
La mémoire fait suite à un processus de mémorisation ; elle est le souvenir de faits anciens et récents.
Au niveau du cerveau, il n'existe pas un centre de la mémoire individualisé. Le processus de mémorisation met en jeu des réseaux de neurones de différentes parties du cerveau fonctionnant en étroite collaboration et connectés entre eux.
La mémorisation se déroule en trois temps :
- Dans un premier temps, les informations à retenir provenant du monde extérieur sont sélectionnées puis codées au niveau de certains neurones du cerveau.
- Puis, ces informations "encodées" sont consolidées pour qu'elles ne soient pas perdues et puissent être stockées à long terme sans être oubliées.
- Enfin, l'information stockée peut être récupérée et restituée.
Il existe différentes formes de mémoire qui s'imbriquent l'une avec l'autre : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.
La mémoire à court terme porte sur les évènements récents. Elle permet de retenir certains événements pendant quelques secondes à quelques minutes. Elle stocke temporairement des informations et permet de se rappeler plusieurs d'entre elles en même temps.
C’est par exemple, la possibilité de se souvenir d'un numéro de téléphone le temps de le composer ou de le noter, avant de l'oublier.
C'est aussi la possibilité de faire un calcul mental en stockant quelques instants les calculs intermédiaires avant de donner le résultat final.
Les informations peuvent être rapidement effacées, ou stockées dans la mémoire à long terme, grâce aux interactions entre le système de mémoire de travail et la mémoire à long terme.
La mémoire à long terme permet d'avoir des souvenirs anciens. Elle est donc durable et de capacité illimitée.
On distingue :
- la mémoire des automatismes ou mémoire procédurale : elle concerne des processus inconscients. C’est la mémoire du savoir-faire et de l'acquisition des habiletés. Elle permet d'acquérir des automatismes, d'apprendre et de savoir sans qu'on en ait le souvenir d’avoir appris, par exemple marcher, conduire, faire du vélo, faire du ski ou jouer d’un instrument de musique... ;
- la mémoire de la connaissance et du savoir ou mémoire sémantique : elle concerne l'ensemble de nos connaissances sur le monde et nos souvenirs personnels, accessibles à notre conscience et que l’on garde en mémoire durant toute la vie (connaissance de soi, savoir scolaire, savoir professionnel etc.) ;
- la mémoire épisodique : elle se constitue entre l'âge de 3 à 5 ans. Elle permet de se souvenir de moments anciens, d'évènements marquants de sa vie passée : jour de mariage, jour marqué par un choc émotionnel (on se souvient de l'évènement, de sa date, de son contexte mais aussi des émotions agréables ou désagréables ressenties). Elle permet de se situer dans le temps passé et de se projeter dans le futur ;
- la mémoire liée aux sens ou mémoire perceptive, liée surtout à la vue mais aussi à l'ouïe, à l'odorat : elle permet de mémoriser des lieux, des visages, des voix sans s'en rendre compte. Elle permet de retrouver son chemin grâce à des repères visuels ou de reconnaître une personne grâce à la voix par exemple.
Les troubles de la mémoire concernent soit la capacité à mémoriser un fait nouveau soit la capacité à retrouver un souvenir, soit les deux.
La perte de mémoire, ou amnésie, peut se situer à différents niveaux :
- l'amnésie rétrograde caractérisée par l'oubli des souvenirs antérieurs au début de la maladie, c'est-à-dire des faits anciens ;
- l'amnésie antérograde se traduisant par l'oubli des événements au fur et à mesure qu'ils se présentent. L'amnésie concerne des faits récents alors que la mémoire des faits anciens est conservée ;
- l'amnésie lacunaire avec perte de mémoire concernant une certaine période pendant une perte de connaissance, une crise d'épilepsie... Les autres souvenirs restent intacts.
Les trous de mémoire occasionnels
L’oubli est nécessaire pour l’équilibre du cerveau, permettant à ce dernier de sélectionner les informations qui peuvent être éliminées de façon à ne stocker que les informations utiles.
Quand l'oubli des détails ne se fait pas : l'hypermnésie
Les personnes hypermnésiques n'oublient pas les détails de leur passé et sont incapables de hiérarchiser l'importance des souvenirs toujours encombrés de multiples détails.
Cependant, l’oubli peut aussi correspondre à la disparition involontaire de souvenirs ; ce phénomène fréquent est sans gravité lorsqu'il est épisodique. Ce sont de simples oublis (oubli d'un rendez-vous, de ses clés, du nom du voisin...). Nous connaissons tous ces trous de mémoire dont la fréquence augmente avec l'âge ou lors de certaines situations : surcharge de travail, stress, émotions...
En général, les oublis occasionnels sont liés à l'inattention ou peuvent parfois masquer une fatigue importante, des symptômes dépressifs ou troubles anxieux.
Les troubles de mémoire en rapport avec une maladie
En revanche, les troubles de la mémoire sont plus graves lorsqu’ils sont en rapport avec une maladie et ils nécessitent un bilan. Ils peuvent être alors d’apparition lente et progressive dans les maladies chroniques ; mais parfois ils sont de survenue brutale en cas de traumatisme crânien ou de maladies aiguës. De nombreux médicaments sont également en cause dans l'apparition de troubles de la mémoire.
Mémoire, médicaments et produits toxiques
De nombreux produits altèrent le processus de mémorisation :
- des médicaments : somnifères, anxiolytiques, surtout chez les personnes âgées ;
- une intoxication au monoxyde de carbone ;
- l'usage de drogues (cannabis).
Altération de la mémoire dans certaines maladies du cerveau
Le cerveau est le siège de la mémoire. Toute lésion peut altérer cette dernière :
- une crise d'épilepsie, responsable d'une amnésie transitoire ;
- une maladie cérébrale responsable de troubles de la mémoire durables ou permanents (séquelles d' infectieuse, maladie de Parkinson, tumeur, maladie dégénérative comme la maladie d'Alzheimer, etc.) ;
- un accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique, une maladie vasculaire cérébrale due à de petites hémorragies ou thromboses vasculaires qui endommagent le cerveau ;
- des séquelles de traumatisme crânien.
Mémoire et mode de vie
La mémorisation peut être défaillante en cas de :
- détresse psychologique : stress, anxiété, syndrome dépressif, fatigue importante, vécu douloureux ;
- manque de sommeil ou sommeil de mauvaise qualité comme dans le syndrome d’apnées du sommeil ;
- carences nutritionnelles en vitamines, alcoolisme...
L'ictus amnésique : une perte de mémoire transitoire et sans gravité
L’ictus amnésique est une amnésie globale transitoire , bénigne et généralement unique survenant le plus souvent entre 50 et 70 ans. Son origine est mal comprise.
Au premier plan apparaît une amnésie antérograde massive. La personne ne peut retenir les informations que son entourage lui fournit, ce qui déclenche une grande inquiétude. Elle pose de façon incessante les mêmes questions, oubliant au fur et à mesure les réponses. La personne est désorientée, ne sait plus le jour, l'heure mais peut demeurer orientée dans l'espace. Elle connaît son âge, sa date de naissance et garde une conscience claire de l'écoulement du temps.
D’apparition concomitante, des troubles mnésiques rétrogrades couvrent une période temporelle allant de quelques heures à plusieurs années précédant l'ictus amnésique. Cet oubli des événements passés concerne tous types de souvenirs personnels, anciens ou plus récents, avec une importance variable.
En une demi-heure à quelques heures, le trouble mnésique disparaît : la mémoire redevient normale mais il persiste une amnésie partielle couvrant la période de l'ictus amnésique. La plupart des personnes ne conservent aucun souvenir de la période de l’ictus amnésique, tout au plus une impression de rêve éveillé.
L’ictus amnésique est le plus souvent unique dans la vie d’une personne. Seuls 17 % d'entre elles vivent plusieurs épisodes d’ictus (généralement un seul supplémentaire).
- Collège des enseignants en neurologie. Évaluation clinique et fonctionnelle d'un handicap cognitif. ECN 2018 4ème édition Elsevier Masson
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