Bégaiement, trouble articulatoire, retard de parole, dysphasie : comprendre les troubles du langage

Les troubles du langage oral correspondent à un trouble de l'articulation, à un retard de parole ou de langage, à un bégaiement ou à une dysphasie. Parfois associés à d’autres troubles, ils peuvent être à l’origine de difficultés scolaires et perturber le comportement de l’enfant.

Les troubles de l'acquisition du langage oral sont définis par l'apparition retardée du langage oral ou son développement ralenti ou perturbé. Ces troubles peuvent être responsables de difficultés d’apprentissage chez l’enfant.

Ces troubles du langage oral apparaissent chez un enfant doté d’une intelligence normale, en l’absence de toute atteinte cérébrale, neurologique, psychologique ou psychiatrique. L’enfant concerné ne présente pas non plus de déficit moteur, mental ou sensoriel (sa vue et son audition sont correctes).
Parfois, les troubles du langage oral coexistent avec une autre affection (surdité, anomalie des organes phonatoires permettant l'émission des sons, déficit intellectuel etc.) et leur prise en charge thérapeutique est plus difficile.

On distingue :

  • les troubles simples du langage oral qui régressent après une rééducation précoce et adaptée : troubles de l'articulation, bégaiements, retard de parole et de langage ;
  • de la dysphasie qui est un trouble du développement cognitif, durable et de traitement plus difficile.

Les troubles de l'articulation

Les troubles articulatoires une impossibilité à prononcer certains sons ou phonèmes.

Ces sons peuvent être :

  • supprimés (par exemple « apeau » au lieu de « chapeau ») ;
  • déformés ou remplacés par un autre son. L'anomalie concerne surtout certaines consonnes (f/v, ch/j, s/z...) : « zou » au lieu de « joue » ou « chat » devient « ta » par exemple. Il en résulte le plus souvent un zozotement ou un chuintement.

L'erreur sur le son concerné est constante et systématique. Ce trouble est bénin s’il est isolé. Il n’a généralement pas de conséquence sur la suite du développement de la parole, mais peut persister indéfiniment en l’absence de rééducation.Le retard simple de parole et de langage

Le retard de parole

On retrouve chez l'enfant, après l'âge de 4 à 5 ans, des erreurs de langage observées normalement vers 3 ans :

  • confusion de consonnes :  (j → ch, z → s) ou occlusives (d → t, g → k) ;
  • inversion de consonnes (f → p, z → d) ou de sons (an → a, in → é, oua → a) ;
  • mots raccourcis (pour → pou) ;
  • déformations diverses des mots  (lavabo → valabo)...

Contrairement à ce qui est observé dans les troubles de l’articulation, les erreurs ne sont pas constantes, et chaque phonème peut être correctement prononcé isolément.

Le retard de parole est souvent associé à des signes d’immaturité affective, comme la succion du pouce ou de la langue, la prédilection pour le biberon ou l’alimentation mixée. Souvent, l’entourage favorise ces conduites régressives en encourageant l’enfant à rester bébé. Ce trouble disparaît généralement sans difficulté.

Le retard de langage

L’élément essentiel est le retard d’apparition de la première phrase (après 3 ans), suivi d’un « parler bébé » prolongé.

Ce retard de langage concerne surtout l’expression :

  • le vocabulaire est pauvre, des mots sont oubliés et les mots de liaison ne sont pas utilisés (dans, parce que...) ;
  • la syntaxe est rudimentaire ;
  • le style est télégraphique : par exemple « papa voitu » signifie « papa est parti en voiture » ;
  • les verbes ne sont pas conjugués, laissés à l'infinitif ;
  • les pronoms personnels (je, tu, il...) ne sont pas employés.

Ceci aboutit quelquefois à un véritable jargon reconnu uniquement par les proches. La compréhension est relativement préservée, mais souvent moins bonne que celle des enfants du même âge. L’évolution est généralement favorable, mais quelquefois lente.

Le bégaiement

Le bégaiement est un trouble de la fluidité de la parole caractérisé par :

  • des répétitions (par exemple « papapapanier ») ou des prolongations involontaires de syllabes, parties de mots ou plus rarement de mots entiers (par exemple « ppppanier ») ;
  • accompagnées de blocages de la parole (la bouche reste ouverte sans émission de son).

Ce trouble se manifeste de façon répétée chez l'enfant bègue. Le bégaiement touche en majorité les garçons. Il débute le plus souvent entre 2 et 5 ans. Son évolution est généralement favorable. Une rééducation peut être nécessaire.

La dysphasie

La dysphasie est la forme la plus sévère des retards de langage qui représente 1 % de l’ensemble des troubles de l’expression orale. Elle est définie comme un trouble de la structure du langage, alors qu’il n’y a aucun déficit auditif ou psychologique.

La dysphasie affecte aussi bien l'expression orale que la compréhension orale.

Il s’agit d’enfants qui n’ont, à l’âge de 4 ans, qu’un langage très sommaire.

Le langage oral spontané est réduit, avec un vocabulaire rudimentaire, parfois difficilement compréhensible. Ce langage n’utilise pas de grammaire ou comporte d’importantes et nombreuses erreurs de syntaxe. L'enfant a des difficultés à nommer une image, à décrire une situation et a construire une phrase, même simple. Il manque de mots.

Il existe habituellement des troubles plus ou moins importants de la compréhension associés.

La dysphasie est un trouble du langage oral durable et il entraîne des difficultés vis-à-vis des apprentissages scolaires, en particulier de l'apprentissage du langage écrit.

L’évolution à long terme est très variable, et la rééducation doit être entreprise le plus tôt possible.

Dysphasie, troubles « dys » et des apprentissages

La dysphasie est un « trouble dys » et peut être associée à d’autres troubles des apprentissages, en rapport avec :

  • le langage écrit (dyslexie et dysorthoraphie). La dysphasie est associée une fois sur deux à une dyslexie ;
  • le calcul (dyscalculie) avec mauvaise perception des quantités numériques (sens du nombre), difficultés de mémorisation et d’apprentissage des tables d’addition et de multiplication ;
  • la coordination et l’exécution des gestes (dyspraxie). Certains enfants dyspraxiques présentent d’importants troubles moteurs de la bouche et de la face, contribuant aux problèmes d’articulation ;
  • un déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.

Les troubles « dys » et des apprentissages font partie des troubles du neurodéveloppement.

En savoir plus sur les troubles du neurodéveloppement

Pour en savoir plus sur le repérage précoce des troubles du neurodéveloppement, rendez-vous sur le site Agir tôt : huit courts films d'animation illustrent chacun un signe d'alerte simple. 

Le développement du langage ne se fait pas au jour près et varie d’un enfant à l’autre. Les étapes de cette évolution suivent toutefois une chronologie relativement constante.

Dès la naissance, le nouveau-né montre un intérêt privilégié pour la voix humaine et il peut différencier des sons. Dès les premières semaines, il est capable de varier ses cris en fonction de son état (faim, douleur, appel…) Ces sons se diversifient progressivement pour aboutir, vers le 6e mois, à un véritable jeu avec l'environnement : le babillage [ba ba ba].

À partir de 6 mois, des syllabes articulées apparaissent. Elles prennent progressivement leur place en réponse au langage environnant, aidées par des éléments de communication non verbale (regard, puis sourire, enfin pointer du doigt). Le babillage se diversifie [ba da ba] et se rapproche des premiers mots.

Après l’âge d’1 an environ, on parle de phase linguistique pour désigner l’apparition des premiers mots. D'abord formés d’une seule syllabe et associés à certains objets ou situations, ils se multiplient à une vitesse extrêmement variable d’un enfant à l’autre.

Entre 18 et 24 mois, l’enfant utilise des mots-phrases dont la signification varie suivant le contexte et l’intonation. [balle] pourra ainsi signifier « donne la balle » ou « c’est ma balle ». C’est en général le stade auquel l’enfant apprend plusieurs mots chaque jour : on parle de période d’explosion lexicale.

Vers la deuxième année apparaissent les premières ébauches de phrases. Comprenant deux mots au début, elles deviennent progressivement plus complexes. L’enfant utilise « moi » pour parler de lui.

Vers 3 ans arrivent les phrases à trois éléments (sujet, verbe, complément). C’est également à cet âge qu’apparaît le « je », qui marque une étape importante dans l’affirmation de l’identité propre de l’enfant.

Après 3 ans, le langage s’étoffe et se complexifie pour ressembler progressivement au langage adulte. L’enfant articule tous les sons.

Vers 6 ans, il est en général prêt pour apprendre à lire et à écrire.

L’enfant va donc progressivement développer son langage en fonction de ses capacités, et surtout de son environnement. D'où l’importance de stimuler son langage dès le plus jeune âge.

  • Haute Autorité de santé. Comment améliorer le parcours de santé d'un enfant avec troubles spécifiques du langage et des apprentissages. Guide parcours de soins. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2017 [consulté le 8 avril 2024]
  • Ministère du Travail, de la santé et des solidarités. Troubles du langage et des apprentissages. Site internet : Ministère du Travail, de la santé et des solidarités. Paris ; 2022 [consulté le 8 avril 2024]
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale. Troubles des apprentissages. Site internet : Inserm. Paris ; 2019 [consulté le 8 avril 2024]
  • Plaza M. Psychopathologie du langage. Enfance et psychopathologie. 2021(6):155-186. Éditions Elsevier Masson.
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