Le diagnostic, le bilan initial et l’évolution du trouble bipolaire

En cas de trouble bipolaire, une consultation psychiatrique permet de préciser le diagnostic. Une hospitalisation est parfois indispensable. Maladie chronique, le trouble bipolaire évolue différemment d’une personne à l’autre, avec des conséquences possibles sur le quotidien.

Le diagnostic du trouble bipolaire

Pour les personnes souffrant d’un trouble bipolaire, un bilan de santé initial est mis en place, souvent par un médecin psychiatre. En général, celui-ci travaille en collaboration avec d’autres professionnels de santé : médecin traitant, médecin du travail, médecin de santé scolaire, etc.

Cette consultation a plusieurs objectifs :

Dans ce but, le médecin effectue un bilan clinique complet :

  • en interrogeant la personne malade et sa famille sur les symptômes ;
  • en retraçant l'historique des épisodes maniaques et dépressifs déjà survenus (type, fréquence, circonstances déclenchantes, etc.)

Certains critères sont en faveur du diagnostic de trouble bipolaire :

  • la survenue d'une dépression avant l'âge de 25 ans,
  • des épisodes dépressifs récurrents (au moins 3 épisodes),
  • la survenue d'un seul épisode d'épisode maniaque,
  • des cas familiaux de troubles bipolaires,
  • une dépression après l'accouchement,
  • une dépression qui répond mal aux antidépresseurs,
  • la survenue de crises suicidaires...

Le bilan initial du trouble bipolaire est parfois réalisé en milieu hospitalier spécialisé

Cette hospitalisation peut être indiquée :

  • afin de protéger le patient bipolaire présentant un trouble dépressif grave avec risque de suicide ;
  • pour lui éviter des conduites dommageables pour sa vie (agitation violente, troubles du comportement majeurs...) ;
  • en cas d'isolement social et familial.

Le plus souvent, elle est décidée avec le consentement du malade. À titre exceptionnel (en cas d’urgence ou de troubles sévères présentant un caractère dangereux pour le patient), l’entrée à l’hôpital se fait, dans un premier temps, sous contrainte, sans son consentement.

Un adolescent mineur peut être hospitalisé sur décision de ses parents, du responsable légal ou par décision du procureur de la République ou du juge des enfants.

Quels sont les examens réalisés en vue du traitement du trouble bipolaire ?

Pendant le bilan initial, le médecin examine son patient. Avant d’instaurer un traitement pour trouble bipolaire, il recherche d’éventuelles contre-indications aux médicaments utilisés dans le traitement ou des anomalies du fonctionnement de l'organisme afin de définir quelles sont les doses à administrer.

Pour cela, on réalise des examens complémentaires :

  • analyses sanguines (étude du fonctionnement hépatique, rénal, thyroïdien...) ;
  • électrocardiogramme ;
  • électroencéphalogramme.

D'autres examens peuvent être nécessaires selon chaque cas. En particulier, chez les personnes âgées, le bilan clinique est particulièrement détaillé. En effet, leur tolérance aux médicaments peut être réduite.

Reconnaissance du trouble bipolaire en affection de longue durée (ALD)

Votre médecin traitant (ou votre psychiatre) peut demander la reconnaissance de votre trouble bipolaire au titre d’affection de longue durée (ALD). Les soins et les examens en rapport avec la maladie sont pris en charge à 100 % dans la limite des tarifs de l’Assurance Maladie. Parlez-en à votre médecin traitant et consultez la page Affection Longue Durée (ALD) et maladies chroniques.

L’évolution du trouble bipolaire

Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique au long cours.

Les épisodes maniaques et/ou dépressifs ont tendance à récidiver. Le trouble bipolaire est caractérisé par la présence de "rechutes" chez plus de 90 % des patients. La première "rechute" survient le plus souvent au cours des deux premières années suivant l’épisode initial. Les manifestations des troubles sont majoritairement dépressives (70 % des cas), avec un ratio de 2,5 épisodes dépressifs pour un épisode maniaque, hypomaniaque ou mixte. La durée moyenne d’un épisode varie entre 4 et 13 mois, avec des épisodes maniaques généralement plus courts que les épisodes dépressifs

Les épisodes adoptent souvent un rythme saisonnier (par exemple, une phase d’exaltation durant l’été, puis une phase dépressive pendant l’hiver).

5 à 15 % des personnes présentent quatre épisodes dépressifs ou maniaques, ou plus, au cours d’une année. Dans ce cas, on parle de "trouble bipolaire à cycles rapides". Cette forme de la maladie est parfois favorisée par une prise irrégulière ou interrompue des médicaments.

C’est pourquoi la prise en charge rapide et le suivi des patients sont particulièrement importants pour atténuer les manifestations de la maladie. Bien traitées, les personnes atteintes de trouble bipolaire peuvent présenter une humeur stable sans répercussion sur la vie familiale, professionnelle et sociale. Cependant, certaines d'entre elles ont une humeur qui continue de fluctuer légèrement en dehors des épisodes dépressifs ou maniaques. L'impact de ces troubles de l'humeur résiduels peut être très important sur la vie quotidienne.

Cependant, en cas de trouble bipolaire, il existe toujours un risque de suicide, qui pourrait concerner 10 % des malades. La possibilité d’un passage à l’acte (crise suicidaire) se manifeste par certains symptômes :

  • la personne met un terme à ses affaires de manière brutale ;
  • elle parle d’attenter à ses jours ;
  • elle semble désespérée et la souffrance est constante ;
  • elle est immobilisée par la dépression ou au contraire dans un état de grande agitation ;
  • elle a le sentiment d'avoir tout fait, tout essayé et se sent très isolée.

Devant de telles situations, les proches des malades ne doivent pas hésiter à demander très rapidement l’aide des professionnels de santé. Ce risque de suicide est plus marqué durant les premières années suivant le diagnostic, et fortement atténué par les traitements.

Par ailleurs, un trouble bipolaire cause parfois :

  • une dépendance à l’alcool ou à d’autres drogues (qui augmente le risque de rechutes) ;
  • des problèmes conjugaux, sociaux et/ou professionnels (en particulier en cas de non-respect du traitement).
Un nouveau numéro national de prévention du suicide : le 3114

Le 31 14 est entré en fonctionnement le 1er octobre 2021.

Gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national, ce numéro permet d'apporter une réponse immédiate aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire. 

Au bout du fil, des professionnels de santé, formés, mobilisés, en lien avec des acteurs du soin de chaque territoire, peuvent apporter des réponses adaptées à chaque situation.

  • Haute Autorité de santé (HAS). Actes et prestations – Troubles bipolaires. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2017 [consulté le 11 mai 2021]
  • Haute Autorité de santé (HAS). Patient avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier recours – Fiche Mémo. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2015 [consulté le 11 mai 2021]
  • Collège national des universitaires en psychiatrie. ECN 2016. Troubles bipolaires. Presses universitaires François-Rabelais. Tours (France)
  • National Institute of Mental Health. Bipolar disorder. Site internet : NIMH. Rockville (États-Unis) ; 2020 [consulté le 11 mai 2021]
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