Comment se déroule une transfusion sanguine ?

Publié dans : Transfusion sanguine

La transfusion sanguine est un acte médical étroitement surveillé, afin que le patient reçoive le produit sanguin adapté à son état de santé et aux caractéristiques de son propre sang. L’opération comporte plusieurs étapes, qui font l’objet d’une attention rigoureuse.

Avant de proposer la transfusion sanguine, le médecin évalue les bénéfices et les risques de l’opération en fonction du contexte clinique et des examens biologiques du patient. 

Un dossier transfusionnel informatique est alors créé ou recherché, si le patient a déjà été transfusé par le passé.

Le dossier transfusionnel contient des informations importantes telles que les protocoles transfusionnels (produit transfusé, quantité, etc.) ou les éventuels effets indésirables en lien avec une transfusion.

En dehors d’un contexte d’urgence, l’information et le recueil du consentement du patient sont obligatoires. 

Avant toute possibilité de recourir à une transfusion, le médecin prescripteur informe le patient de cette éventualité ainsi que des bénéfices et des risques de cet acte médical. Il s’agit d’une information orale dont le recueil est tracé dans le dossier transfusionnel. Un document d’information peut également être remis au patient. 

Le patient est en droit de refuser la transfusion sanguine et sa décision (refus ou accord) est notée dans le dossier transfusionnel ou dans le dossier médical.

Des examens prétransfusionnels obligatoires permettent la délivrance du produit sanguin par un établissement de transfusion sanguine. 

Avant d'être transfusé, détermination du groupe sanguin et recherche des agglutinines irrégulières

Pour assurer la compatibilité sanguine, il est indispensable de : 

  • connaître le groupe sanguin (détermination du groupe sanguin ABO, Rhésus, Kell, voire d’autres groupes sanguins dans des situations particulières) ;
  •  et de savoir si des anticorps irréguliers (test de recherche d’ ou RAI) sont présents dans le sang dans le cas d’une transfusion de globules rouges. 

Ces analyses correspondent à des caractéristiques du sang du receveur. Le produit sanguin qui va être transfusé doit être compatible avec ces caractéristiques afin d’éviter une réaction d’incompatibilité sanguine chez le patient.  

Les différents groupes sanguins

Le groupe sanguin d’une personne est déterminé par la présence ou l’absence d’antigènes à la surface de ses globules rouges ou érythrocytes. 
Il existe actuellement 40 systèmes de groupes sanguins érythrocytaires différents. 
Les plus connues sont les systèmes :

  • ABO ;
  • Rhésus ;
  • Kell. 

Les groupes sanguins ne sont pas représentés de la même façon partout dans le monde.

Il existe 4 groupes sanguins ABO en fonction des antigènes présents sur les globules rouges :

  • groupe A : présence de l’ A ;
  • groupe B : présence de l’ B ;
  • groupe AB : présence de l’ A et de l’ B ;
  • groupe O : absence des 2 antigènes A et B.

Le système ABO est le seul système à posséder naturellement dans le sang des anticorps dirigés contre les antigènes que nous ne possédons pas. Par exemple, une personne de groupe sanguin A possède naturellement des anticorps anti B. Si du sang de groupe B lui est transfusé, ses anticorps détruisent les globules rouges transfusés, même s’il s’agit d’une première transfusion.

En France, la répartition des groupes sanguins ABO dans la population générale est la suivante : 

  • groupe A : 44 % de la population ;
  • groupe O : 42 % ;
  • groupe B : 10 % ; 
  • groupe AB : 4 %.

Le système Rhésus est constitué de nombreux antigènes (5 principaux) dont l’ D (RH1). 

Le système Rhésus permet de classer les groupes sanguins selon la présence ou non de l' D à la surface des globules rouges. On distingue :

  • les individus Rh +, qui présentent l' D (D+), sur la surface de leurs globules rouges ;
  • les individus Rh- qui ne portent pas l' D (D-).

Contrairement au système de groupe sanguin ABO, le système Rh ne possède pas d’anticorps naturellement présents dans le sang. Ainsi, les personnes Rh- n'ont pas naturellement d'anticorps anti-D dans leur plasma. 

Cet anticorps n'apparaît :

  • qu'après une transfusion d'un sang D+ (Rh +) à une personne Rh- (D-) ;
  • qu’après la naissance d'un enfant Rh+ chez une femme Rh-. 

On dit alors qu'il s'agit d'un anticorps irrégulier. Dans ce cas, la transfusion d'un sang Rhésus positif D+ ou le passage du sang du fœtus dans le sang de la mère entraîne une réaction hémolytique (qui détruit les hématies) par incompatibilité Rhésus.

À noter : une prévention de l’immunisation anti D est faite chez les femmes Rh- après une fausse couche ou une IVG.

En France, la répartition de l’ Rhésus D est la suivante :

  • groupe Rhésus + (D+) : 75 % de la population ;
  • groupe Rhésus – (D-) : 25 %.

Le dernier système recherché lors d’une détermination de groupe sanguin est le système du groupe Kell. 

Le système Kell permet de classer les groupes sanguins selon la présence ou non de l' 2 antigènes principaux : K (ou KEL1) et k (ou KEL2).

Un signe + est placé derrière l’ lorsque l’on possède cet . Lorsque l’ est absent on place le signe – derrière l’.

En France :

  • 9 % de la population a l’ K (KEL1+) et 91 % ne l’a pas (KEL1-) ;
  • 99,2 % a l’ k (KEL2+) et 0,8 % ne l’a pas (KEL2-).


Au même titre que le système Rhésus, le système Kell ne possède pas d’anticorps naturellement présents dans le sang. Le système Kell est le plus immunogène après le système Rhésus. Ainsi, une personne k négatif (KEL2-) a donc le risque de s’immuniser en produisant un anti-k à l’occasion d’une transfusion de sang k positif ( KEL2+). Elle produit des anticorps irréguliers anti-k

La prescription de produit sanguin est faite par le médecin de l’hôpital sur une ordonnance spécifique détaillée comportant :

  • l’identité du patient et du prescripteur ;
  • le type de produit sanguin demandé ;
  • le contexte clinique et biologique (taux d’hémoglobine et/ou numération des plaquettes).

La commande se fait auprès d’un établissement de transfusion sanguine, qui gère la collecte du sang (don de sang), la préparation des produits sanguins, leur analyse, leur conservation et leur distribution.

Le produit sanguin est transporté dans les conditions de conservation nécessaires jusqu’à l’établissement où séjourne le patient.

La réception et la conservation suivent des procédures contenant une liste de vérifications à effectuer, le but étant d’éviter les erreurs : le patient doit recevoir le produit sanguin prescrit par le médecin, nécessité par son état de santé, compatible avec ses caractéristiques sanguines et dont la conservation a été optimale. 

Qui est chargé de la transfusion ?

L’acte transfusionnel, c’est-à-dire la perfusion de produits sanguins, peut être réalisé par un infirmier ou une sage-femme, mais toujours sous la responsabilité d’un médecin. S’il le juge nécessaire, l’infirmier ou la sage-femme peut demander l’assistance du médecin.

Étapes préalables à l’acte transfusionnel

L’infirmier ou la sage-femme prépare le matériel nécessaire à l’acte transfusionnel et réunit les documents nécessaires, comme les informations de groupe sanguin ou la prescription médicale.

Il s’assure une dernière fois que le receveur a bien été averti de sa transfusion et relève certaines constantes médicales telles que le pouls, la tension artérielle et la température du patient.

Dernier contrôle avant la transfusion 

Juste avant d’effectuer la transfusion, l’infirmier ou la sage-femme effectue un dernier contrôle au lit du patient. Il vérifie que le patient va bien recevoir le produit sanguin prescrit par le médecin. Ces vérifications portent notamment sur l’identité du patient (nom, prénom et date de naissance) et les groupes sanguins. 

En cas de transfusion de globules rouges, le professionnel de santé effectue un contrôle de compatibilité de groupe sanguin (ABO) avec le sang du receveur, à l’aide d’un test.  

Pose de la transfusion 

L’infirmier pose le dispositif de transfusion par voie veineuse. 

Le débit est lent durant les premières minutes, puis il est augmenté si aucun signe d’intolérance n’apparaît. Ce débit dépend de la prescription médicale et de l’état cardiaque et respiratoire du patient. 

Durant les 15 premières minutes, le patient est surveillé, puis régulièrement en fonction de son état clinique et de sa tolérance à la transfusion.

Surveillance de la personne transfusée

À la fin de la transfusion, les constantes médicales telles que le pouls, la tension artérielle et la température sont prises par l’infirmier ou la sage-femme, puis notées dans le dossier médical. 

Une fois que le produit sanguin a été transfusé, le professionnel de santé débranche la tubulure de l’accès veineux. 

La surveillance du patient est poursuivie quelques heures après la fin de la transfusion, afin de s’assurer qu’aucun signe d’intolérance n’apparaît. 

Par ailleurs, le professionnel de santé vérifie l’efficacité de la transfusion à l’aide d’une analyse des différents composants du sang appelée numération formule sanguine.

Information du patient 

Après la transfusion, le médecin prescripteur confirme au patient que celle-ci a bien eu lieu. 

Dans le cas où l’état clinique du patient n’a pas permis de l’informer avant l’acte transfusionnel (urgence vitale et/ou patient non conscient), les informations sur la transfusion lui sont données après l’acte ; elles sont tracées dans le dossier transfusionnel.

Renseignement du document de transfusion

Le type de produit sanguin (globules rouges, plaquettes ou plasma) et la quantité transfusée sont précisés dans un document remis au patient. Si nécessaire, le document mentionne également le besoin de procéder à un bilan post-transfusionnel (recherche d'anticorps irréguliers 1 à 3 mois après la transfusion). 

Courrier au médecin traitant

La mention de la transfusion est précisée dans le courrier de sortie destiné au médecin traitant. 

  • Lefrère J.-J, Rouger P. Transfusion sanguine. Hématologie. Elsevier Masson, 2015:200-202 et 151-260
  • Cohen-Bacrie S., Bierling P. Transfusion sanguine. AKOS (Traité de médecine). Elsevier Masson 2021;24(2):1-9 
  • Haute Autorité de santé (HAS). Transfusion de plaquettes : produits, indication. Transfusion de plaquettes en médecine, hématologie-oncologie. Synthèse de la recommandation de bonne pratique. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2015 [consulté le 7 novembre 2024]
  • Ministère de la Santé et de l’accès aux soins. Produits sanguins. Site internet : Ministère de la Santé et de l’accès aux soins. Paris ; 2024 [consulté le 7 novembre 2024] 
  • Chiaroni J., Izard C., Pedini P. Laget L. Groupes sanguins érythrocytaires de nature protéique. Hématologie. Elsevier Masson. 2022;33(4):1-43
Cet article vous a-t-il été utile ?

Le champ avec astérisque (*) est obligatoire.

Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?