Reconnaître le syndrome de l'intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle)
Publié dans : Syndrome de l'intestin irritable (colopathie fonctionnelle)
22 avril 2024
Le syndrome de l'intestin irritable (aussi appelé colopathie fonctionnelle), est un trouble du fonctionnement de l’intestin (de l'intestin grêle et du côlon ou gros intestin), sans gravité mais responsable d’une gêne importante.
Le syndrome de l'intestin irritable associe des troubles du fonctionnement de l'intestin comprenant :
- des douleurs abdominales ;
- un inconfort ;
- des troubles du transit intestinal (constipation, diarrhée ou alternance des deux).
On parle également de colopathie fonctionnelle.
C'est une maladie fréquente qui touche environ 5 % de la population française. Elle est sans gravité, mais en raison de sa chronicité et des douleurs qui se répètent, elle altère la qualité de vie des personnes qui en souffrent.
Le diagnostic est fait habituellement entre 30 et 40 ans. Plus rarement, ce syndrome peut se manifester chez les enfants et adolescents.
Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par le syndrome du côlon ou de l'intestin irritable.
Les mécanismes de survenue du syndrome de l'intestin irritable sont mal connus et multiples, mais on observe diverses anomalies dans cette maladie.
Un trouble de la motricité de l'intestin grêle et du côlon
Les contractions de l'intestin grêle et du côlon peuvent être soit trop fortes, soit trop faibles. Les aliments se déplacent alors trop rapidement ou trop lentement, entraînant une diarrhée ou une constipation.
Des anomalies de la sensibilité intestinale
Les personnes qui ont une colopathie fonctionnelle ont des intestins plus sensibles. Elles ressentent plus péniblement des phénomènes pourtant naturels, comme des ballonnements, des flatulences, des contractions de l'intestin.
Des molécules pro-inflammatoires présentes dans le tube digestif pénètreraient dans l’organisme en raison d'une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale et seraient responsables d’une réaction inflammatoire diffuse, elle-même à l’origine de l’hypersensibilité intestinale.
Un écosystème intestinal perturbé ou dysbiose
Des anomalies de la flore (ou microbiote) digestive majorent la production de gaz digestifs, perturbent la digestion et augmentent la perméabilité de la paroi intestinale, favorisant alors les réactions inflammatoires.
Une majoration des troubles digestifs est observée après la prise de nourriture ou en rapport avec ce qui est consommé.
Qu'est-ce qu'un microbiote ?
Un microbiote est l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes) qui vivent dans un environnement spécifique (peau, bouche, vagin, poumons, intestin, etc.).
Le microbiote intestinal est le plus « peuplé » d’entre eux. Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon et il est présent entre la lumière du tube digestif et le intestinal qui recouvre sa paroi intérieure.
Il a un rôle important dans la digestion (assimilation des , fermentation, synthèse de vitamines et d'acides aminés, absorption des acides gras, etc.), mais aussi dans les fonctions métaboliques, immunitaires, etc.
Son altération quantitative ou fonctionnelle est appelée dysbiose.
Le tube digestif
L’appareil digestif humain est composé de six organes :
- l’œsophage est un long tube reliant la bouche à l’estomac ;
- l’estomac est une poche, ressemblant à un haricot. Il est situé entre l’œsophage et l’intestin grêle, sous le foie ;
- le foie est le plus gros organe abdominal, juxtaposé à l’estomac, au-dessus des intestins. Il a une forme triangulaire ;
- le est un petit organe, situé dans l’, entre l’estomac et le foie. Il a une forme conique et allongée ;
- l’intestin grêle est le plus long intestin du corps humain, relié à l’estomac et au gros intestin. Il est replié sur lui-même, ce qui lui donne la forme d’un plat de spaghetti ;
- le gros intestin forme un cadre autour de l’intestin grêle. Il relie l’intestin grêle à l’anus. Il est composé du côlon et du rectum ;
- le côlon est la première et majeure partie du gros intestin. Il possède à son extrémité inférieure une petite appelée l’appendice. Il se termine par le sigmoïde, qui le relie au rectum ;
- le rectum est l’ultime partie de l’appareil digestif. Il est placé sur un axe vertical, reliant le côlon à l’anus.
Les symptômes du syndrome de l'intestin irritable peuvent être déclenchés ou favorisés par la fatigue ou les situations de stress (changements dans le quotidien, voyages, etc.).
Une gastro-entérite peut déclencher un syndrome de côlon irritable.
Des facteurs psychologiques comme l'anxiété, l'angoisse, le stress ou la survenue d'évènements difficiles peuvent déclencher des symptômes. À l'inverse, pendant le repos ou les périodes de vacances, les symptômes ont tendance à diminuer.
Des facteurs alimentaires comme des repas non équilibrés ou trop copieux peuvent amplifier les symptômes. Une consommation élevée d'aliments ultratransformés semble associée à un risque accru de développer un syndrome de l'intestin irritable ou pourrait majorer les symptômes.
La digestion est un long processus
Après une première digestion partielle dans l'estomac, les aliments arrivent dans l'intestin grêle. Au cours de cette progression, l'organisme absorbe la majorité des dont il a besoin. Les résidus des aliments digérés passent ensuite dans le côlon pour constituer les selles. L'intestin grêle et le côlon font avancer les aliments en se contractant.
Au cours de la digestion, la dégradation des aliments par la (microbiote) entraîne une fermentation naturelle et la production de gaz.
Les symptômes les plus courants sont de trois types :
La douleur abdominale
Le mal de ventre est le symptôme le plus fréquent dans le syndrome du côlon irritable.
La douleur abdominale se caractérise par une sensation de spasme ou de crampe et se situe habituellement au niveau des fosses iliaques droite et gauche ou dans la région de l'ombilic.
Elle survient, en général, après le repas mais peut aussi apparaître au réveil. Elle peut durer de quelques heures à quelques jours. Elle est classiquement soulagée par l'émission de selles ou de gaz.
La douleur abdominale est en général absente la nuit.
Les ballonnements abdominaux
Les ballonnements abdominaux sont également fréquents et représentent une gêne qui rend pénible le port de vêtements serrés, en particulier après les repas. Au maximum, il s'agit d'une tension abdominale permanente difficilement supportable, avec distension du ventre.
Le ballonnement peut s'accompagner de bruits à l'intérieur du tube digestif dus aux déplacements des gaz et des liquides (borborygmes). Comme la douleur, le ballonnement (ou flatulence) peut être amélioré par l'émission de gaz ou de selles.
Les troubles du transit intestinal : constipation et/ou diarrhée
Les troubles du transit intestinal se manifestent le plus souvent par une constipation.
Toutefois, des diarrhées sont possibles caractérisées par l'émission de plusieurs selles liquides dans la journée, souvent le matin ou après un repas avec fréquemment un besoin urgent d'aller aux toilettes.
Une alternance diarrhée et constipation peut également apparaître.
Ainsi selon le trouble du transit prédominant observé, on définit différentes formes de syndrome de l'intestin irritable (SII) :
- avec diarrhée prédominante (SII-D) ;
- avec constipation prédominante (SII-C) ;
- avec alternance diarrhée-constipation ou forme mixte (SII-M).
Syndrome de l'intestin irritable : des symptômes qui reviennent souvent et qui durent
Pour pouvoir parler de syndrome de l'intestin irritable, les symptômes doivent être présents au moins 1 jour par semaine sur les 3 derniers mois et s'inscrire dans une durée de 6 mois au moins.
Dans la plupart des cas, les symptômes de colopathie fonctionnelle persistent, avec des périodes de crise et d'amélioration, voire d'accalmie.
Des maladies sont plus fréquemment associées au syndrome de l'intestin irritable :
- des maux de tête ;
- une endométriose ;
- une fibromyalgie ;
- un besoin fréquent d'uriner, une cystite interstitielle ou syndrome de vessie douloureuse ;
- un syndrome de fatigue chronique ;
- d'autres troubles digestifs comme la dyspepsie (difficulté à digérer), reflux gastro-œsophagien, brûlures digestives, etc.
Le syndrome de l'intestin irritable n'augmente pas le risque de développer un cancer du côlon ou une maladie inflammatoire chronique intestinale (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique).
Il ne nécessite pas de chirurgie et ne diminue pas votre espérance de vie.
Les différentes parties de l'
L’ est composé de 3 régions distinctes :
- La région épigastrique, située en-dessous de la poitrine, entre les côtes.
- La région ombilicale, située derrière le nombril, au centre de l’.
- La région pelvienne, située sous le nombril et au-dessus de l’entrejambe.
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