Qu’appelle-t-on bonne santé mentale et troubles psychiques ?

On parle de troubles psychiques quand un individu se retrouve dans l'incapacité de maintenir son équilibre mental. L'adolescence et le début de la vie d'adulte sont des périodes propices à ce type de troubles qui sont influencés par des facteurs individuels, socio-économiques ou environnementaux.

Qu’est-ce que la bonne santé mentale ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « être en bonne santé n’est pas seulement ne pas avoir de maladie ou d’infirmité, mais c’est ressentir un bien-être physique, mental et social ».

L'OMS place la santé mentale comme une composante essentielle de la santé et la définit comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Ainsi, se sentir en bonne santé mentale permet d’être capable de répondre psychiquement de manière appropriée aux stimuli de l’environnement. C'est donc bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux.

D'une manière générale, la santé mentale de chacun est influencée par :

  • des caractéristiques individuelles psychiques, c'est à dire la capacité de maîtriser ses propres émotions, ses comportements et à interagir de façon positive avec les autres ;
  • des caractéristiques individuelles génétiques ;
  • des facteurs sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux.

Quand parle-t-on de troubles psychiques ?

On parle de troubles psychiques lorsque l'état de bien-être est perturbé. L'individu est alors dans l'incapacité de s'adapter aux situations difficiles voire, douloureuses et de maintenir son équilibre psychique.

L'apparition de troubles psychiques peut être :

  • progressive. Chez les jeunes, des changements d'attitude, des propos bizarres, un retrait du groupe familial, l'éloignement des amis, la perte d'intérêt pour les activités habituelles s'installent progressivement et sont souvent mis sur le compte de l'adolescence, des difficultés scolaires, etc. ;
  • brutale. C'est notamment le cas de la schizophrénie qui entraîne un risque réel pour la personne et pour son entourage : tentative de suicide, extrême agitation, violence, fugues.

Le stress chez les jeunes

Le stress n’est pas un trouble psychique. Lorsqu’il est épisodique, il est une réponse normale de l’organisme à une situation exceptionnelle : exposition à un danger, passage d’un examen, d’un oral, du permis de conduire, rencontre amoureuse, etc. Il produit un état de tension passagère qui permet de se mobiliser et d’utiliser toutes ses ressources pour faire face à de telles situations.

Des troubles physiques y sont souvent associés : insomnies, diarrhée, transpiration excessive.

Cependant, dans certains cas, le stress devient invalidant : il paralyse et la personne perd ses moyens.

Lorsque les facteurs d’exposition au stress se répètent, la personne se sent en permanence « stressée » et progressivement épuisée. Un retentissement sur la santé se produit : perte de l’estime de soi, dépression, augmentation du risque cardiovasculaire.

Adolescence et moins de 30 ans : des périodes propices à la fragilité psychique

Les troubles psychiques peuvent se manifester à différents âges mais les premiers signes apparaissent souvent au cours de l’enfance et de l’adolescence. En effet, 75 % des affections psychiatriques débutent avant 25 ans et la moitié avant 15 ans.

L’entrée dans la vie active, entre 20 et 30 ans, est également un moment propice à l’apparition d’un trouble psychique qui vient alors bouleverser la vie de la personne.

Les troubles psychiques peuvent avoir des conséquences à long terme. Les jeunes souffrant de troubles mentaux sont particulièrement vulnérables :

  • à l’exclusion sociale, la discrimination et la stigmatisation, qui les rendent moins disposés à demander de l’aide ;
  • aux difficultés scolaires ;
  • aux comportements à risque ;
  • aux problèmes de santé physique ;
  • aux violations des droits humains.

Or, un repérage et une prise en charge précoces réduisent les risques :

  • de développement et d'installation à long terme (chronicisation) de troubles psychiques ;
  • d’apparition de tendances suicidaires.

La prévention en santé mentale adressée aux jeunes s'avère donc cruciale.

Les données préoccupantes sur la santé mentale des jeunes

Selon le rapport de mission « Bien-être et santé des jeunes » de MR Moro et JL Brison publié fin 2016 en France :

  • « 10 à 15 % des jeunes ont des moments très difficiles qui peuvent être exacerbés par des conditions de vie personnelle ou une scolarité compliquée » ;
  • entre 15 et 17 % des « jeunes connaissent un épisode dépressif entre 16 et 25 ans », avec une prédominance féminine ;
  • « le suicide est la 2e cause de mortalité de cette population après les accidents de la route, et la maladie mentale est le 1er facteur de risque des décès par suicide » ;
  • « seulement 9 % des filles et 5 % des garçons déclarent avoir consulté un psychologue ou un psychiatre ».

Souffrance psychique : quels sont les facteurs de risque ?

De multiples facteurs de risque peuvent être à l'origine de la souffrance psychique. Plus les facteurs auxquels sont exposés les adolescents et jeunes adultes sont nombreux, plus l’impact potentiel portant préjudice à leur bien-être mental est important.

Ces facteurs peuvent être d'ordre individuel, liés au contexte social ou environnemental dans lequel le jeune grandit et peuvent s'influencer mutuellement.

Les facteurs personnels de vulnérabilité psychique

La souffrance psychique d'un individu peut trouver son origine dans sa santé physique, tels que :

  • l'existence de problèmes de santé à la naissance ou lors de la petite enfance ;
  • le fait qu'il souffre d'une maladie chronique ou handicapante pendant l'adolescence, notamment.

Elle peut être liée à des facteurs génétiques. Par exemple, des anomalies chromosomiques comme le syndrome de Down (également appelé ).

La vulnérabilité psychique d'un individu est affectée lorsqu'il présente des antécédents de problèmes psychiatriques dans l’enfance et l’adolescence, tels que :

Certains comportements sont aussi à l'origine de souffrances psychiques. C'est le cas notamment lorsque le jeune :

  • vit une sexualité à risque (rapports précoces, non protégés, répétés, partenaires multiples), ou qu'il est parent à l’adolescence ;
  • fait des fugues ;
  • consomme des substances psychoactives ;
  • a déjà eu des problèmes avec la justice ;
  • enfreint la loi, l'autorité parentale ou les règles scolaires, etc.

Enfin, une puberté précoce peut aussi être à l'origine de souffrance psychique chez l'adolescent. L'identification de de sa propre sexualité et de son genre (homosexualité, problématique transgenre) peut également soulever des difficultés, dans cette période cruciale ou dans la vie d'adulte.

Les facteurs sociaux et économiques

La vulnérabilité psychique d'un jeune peut être affectée par l'environnement social immédiat dans lequel il grandit. C'est notamment le cas lorsque :

  • ses chances de pouvoir nouer un dialogue avec des membres de sa famille, des amis ou des collègues sont limitées ;
  • ses relations au sein de sa famille sont mauvaises. Par exemple, lorsque le jeune :
    • vit des séparations familiales répétées, des placements fréquents en foyer ou famille d'accueil, dans un cadre familial conflictuel,
    • fait l'objet de négligence, maltraitance, rejet, manque de soutien, indisponibilité des parents ou tuteurs,
    • habite dans une famille qui rencontre des difficultés socio-économiques ;
  • ses relations sociales sont nocives. Par exemple, lorsqu'il est victime ou acteur de harcèlement ;
  • le jeune traverse des évènements négatifs : agression, mort d’un proche, conflit, séparation parentale, déménagement, vie en foyer, déracinement, déscolarisation ;
  • l'adolescent ou le jeune est victime d’état de stress post-traumatique, d'agression physique ou sexuelle, de violences communautaires ou a été témoin de violence ;
  • vit avec un ou plusieurs membres de sa famille ou proches qui ont des problèmes psychologiques (par exemple, la dépression d’un parent) ou addictifs (une consommation à risque de substances psychoactives), etc.

En outre, le contexte socio-économique général influence les capacités d'un jeune à se développer et à s’épanouir. Des possibilités limitées ou perdues de recevoir une instruction ou de percevoir un revenu peuvent avoir une influence néfaste sur sa santé mentale.

Les facteurs sociétaux et environnementaux

D'une manière générale, la discrimination, les inégalités sociales ou entre les sexes et les conflits sont des exemples préjudiciables au bien-être mental.

D'une façon plus insidieuse, les valeurs partagées dans une société ou l’environnement socioculturel et géopolitique peuvent avoir une incidence sur l’état de santé mentale d’un individu ou d'un groupe de population. Par exemple :

  • un jeune issu de minorités ethniques peut souffrir de ne pas partager les croyances, attitudes ou pratiques culturelles prédominantes de son lieu de vie ;
  • des groupes d'individus peuvent être victimes de discrimination car ils ne sont pas inclus dans les politiques sociales et économiques de leur pays ou leur région de résidence.

Enfin, le manque d'accès à certains services dans certaines zones géographiques, et notamment à ceux spécialisés dans l'accompagnement psychologique, peut accentuer la fragilité psychique chez un jeune.

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