La santé mentale des enfants
L’importance du bien-être psychologique des enfants
Les premières années de la vie sont déterminantes pour le développement psycho-affectif des enfants, leurs apprentissages et leur capacité à s’adapter à la vie en société.
L’environnement familial et éducatif a un rôle-clé dans le développement de l’enfant. Des relations parents-enfants stables et sécurisantes permettent à l’enfant :
- de construire une image de lui positive ;
- de développer ses compétences sur le plan du langage, du raisonnement, de l’attention, de la motricité lui permettant des apprentissages scolaires faciles ;
- de développer ses capacités relationnelles : capacité à supporter la séparation, à gérer ses émotions, à prendre des initiatives et à s’adapter à une grande diversité de situations de vie.
L’impact du Covid-19 sur le bien-être des enfants fait l’objet d’une étude
La crise liée à la pandémie de Covid-19 a fait émerger un besoin criant et une demande forte tant des professionnels de santé et de l’éducation, que des parents et des jeunes, en matière de prévention, d’accompagnement et de prise en charge de l’altération du bien-être chez les enfants et les jeunes.
C’est dans ce contexte qu’une étude nationale est lancée en 2022 sur le bien-être des enfants (étude Enabee). L’étude est d’abord mise en place chez les enfants de moins de 11 ans, pour lesquelles les données sur le sujet sont manquantes ou très parcellaires.
Elle a vocation à être répétée à intervalles réguliers.
Elle permettra de mesurer et de décrire les différentes dimensions du bien-être et des difficultés rencontrées, ainsi que leur impact sur la qualité de vie des enfants.
En savoir plus sur l'enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants.
Mon enfant est-il en souffrance psychologique : quels sont les symptômes qui doivent m’alerter ?
Voici quelques situations qui peuvent vous alerter et vous amener à vous interroger sur le bien-être psychologique de votre enfant.
Votre enfant a des pensées négatives sur lui-même :
- il dit des choses négatives sur lui, ou s’accuse pour des choses hors de son contrôle ;.
- il entretient des pensées pessimistes.
Votre enfant a des difficultés à l’école :
- il a de la difficulté à se concentrer et ses résultats scolaires sont en baisse ;.
- il manque souvent l’école et ses absences sont mal ou non justifiées.
Votre enfant change d’humeur :
- il semble très malheureux, inquiet, coupable, fâché, craintif, irritable ;
- il est triste et il a des idées noires. Chez l’enfant, la tristesse est difficile à repérer car son expression peut prendre des formes très différentes. L’enfant peut être en retrait, s’isoler ou avoir peur. À l’inverse, sa tristesse peut se manifester par de l’agitation, de l’agressivité, voire de l’hyperactivité ou de la provocation ;
- il se sent impuissant, désespéré, seul ou rejeté.
Consulter la fiche pratique « Accompagner les parents dans le contexte d’idées suicidaires ou après une tentative de suicide »
Son comportement change :
- il cherche souvent à être seul. Son attitude d’isolement ou de retrait de l’enfant peut aller jusqu’à l’évitement social et/ou le mutisme, consistant à ne plus parler du tout ;
- il pleure facilement ;
- il est plus calme que d’ordinaire, moins énergique ou au contraire il a des comportements perturbateurs ;
- il se désintéresse des sports, des jeux ou des activités qu’il aimait, ou les évite complètement ;
- il réagit de façon disproportionnée, se met soudainement en colère ou éclate en sanglots pour des incidents problèmes mêmes somme toute mineurs ;
- il régresse vers des habitudes immatures (pipi au lit par exemple) ;
- il a de la difficulté à s’entendre avec ses amis.
Votre enfant se plaint de troubles physiques :
- il a de façon répétitive des maux de tête, des maux de ventre, des douleurs multiples ;
- il manque d’énergie ou est perpétuellement fatigué ;
- il a des problèmes de sommeil (difficultés à dormir, réveils nocturnes, cauchemars, terreurs nocturnes, cauchemars…) ;
- il présente un tic nerveux comme se ronger les ongles, jouer avec ses cheveux ou sucer son pouce.
La présence d’un ou de plusieurs de ces changements chez votre enfant ou votre adolescent ne signifie pas forcément qu’il a un problème de santé mentale. Cependant, restez vigilant et consultez au moindre doute.
Santé mentale : quels sont les troubles spécifiques de l’enfant ?
Les troubles relationnels de l’attachement
Ces troubles s’observent en cas de séparation précoce de l’enfant et de ses parents, en cas de manques affectifs graves ou de maltraitance.
Ces troubles réactionnels de l’attachement se manifestent par des troubles du comportement de l’enfant : pleurs sans raison identifiée, rejet du contact physique, troubles du sommeil, colère, regard fuyant, etc.
L’anxiété de l’enfant
Les enfants sont fréquemment anxieux. Il peut s’agir d’un moment transitoire, lié par exemple aux apprentissages scolaires. Une manifestation d’anxiété en soi n’est pas forcément anormale. Les adultes qui entourent l’enfant doivent s’interroger sur l’importance des signes et leur durée, pour évaluer s’il faut lui apporter une aide.
Une anxiété spécifique : l’anxiété de séparation
À un an, l’enfant présente des manifestations anxieuses lorsqu’il se sépare de ses parents, mais ces réactions ne durent pas car il comprend que la séparation est transitoire.
Dans l’anxiété de séparation, les symptômes sont liés à des situations réelles de séparation ou vécues par anticipation. L’anxiété de séparation se traduit chez l’enfant par :
- des inquiétudes persistantes et excessives concernant la possibilité qu’il arrive quelque chose de mal (maladie, mort, etc.) à ses parents ou à lui-même (enlèvement, accident, maladie) ;
- un refus de quitter la maison ou que ses parents quittent la maison ;
- des troubles du sommeil avec des cauchemars répétés impliquant des thèmes autour de la séparation ;
- des plaintes physiques (maux de tête, douleurs abdominales, etc.) au moment des séparations.
Le développement psychomoteur et les troubles du neurodéveloppement
Il s’agit de troubles spécifiques qui apparaissent tôt dans l’enfance et qui ont un retentissement sur le bien-être mental.
Ce trouble était nommé retard mental.
On parle aujourd'hui de trouble du développement intellectuel ou de handicap intellectuel.
Il se traduit par un déficit global des capacités mentales : l’enfant a des difficultés dans le raisonnement, la résolution de problème ou encore la pensée abstraite. Pour l’enfant, ces difficultés ont des répercussions dans sa vie quotidienne, son autonomie et la communication avec les autres.
L’enfant présente une maladresse, des difficultés à écrire, à dessiner à s'habiller : c'est peut-être une dyspraxie. La détection des troubles de dyspraxie est parfois difficile. Des solutions d’accompagnement existent et sont proposées dès que l’enfant est diagnostiqué.
L’école permet à tous les enfants d’apprendre à lire, écrire, compter. Si l’enfant a des difficultés persistantes, cela peut s’expliquer par d’éventuels troubles « dys » : troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie et dysgraphie) ou troubles de l’expression orale (troubles articulatoires, retard de parole, dysphasie) ou encore un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), caractérisé par des difficultés à se concentrer.
Le TDHA, ou trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant, se caractérise par des troubles de l’attention, une hyperactivité et une impulsivité marquée. C’est une maladie de mieux en mieux détectée. Sa prise en charge permet d’en réduire les effets.
Le repérage dès le plus jeune âge et le diagnostic précoce des troubles du spectre de l'autisme sont des enjeux importants. Ils vont permettre de mettre en œuvre des interventions adaptées à l'enfant dans le but de favoriser son développement et ses apprentissages.
Pour vous aider dans le repérage précoce des écarts inhabituels de développement chez votre enfant de 0 à 3 ans, un livret pédagogique est mis à votre disposition et à celles des professionnels de la petite enfance.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Votre enfant se contraint à effectuer des gestes ou à prononcer des phrases de manière répétitive pour surmonter sa peur ? Il peut faire s'agir de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Il est capital de l’aider à surmonter ses anxiétés qui entraînent ces TOC.
Les troubles du comportement de l’enfant et de l’adolescent
Il s’agit des troubles oppositionnels avec provocation et des troubles des conduites.
Les troubles oppositionnels (TOP)
Ces troubles commencent le plus souvent dans l’enfance, même avant la scolarisation. Ils sont souvent associés à un TDAH.
Ils associent de façon durable :
- des comportements d’opposition et de provocation vis-à-vis des adultes (non- respect des consignes de l’adulte, contestation des paroles d’adultes) ;
- des comportements agressifs et d’hostilité vis-à-vis des autres. L'enfant est perçu comme rancunier, fâché, vindicatif, méchant et embêtant les autres… ;
- des difficultés à reconnaître ses responsabilités. L’enfant fait porter aux autres la responsabilité de ses erreurs et de sa mauvaise conduite ;
- un tempérament colérique et irritable (cris).
Le trouble des conduites (TC)
Ce trouble peut faire suite à un trouble oppositionnel et apparaître chez l’enfant ou l’adolescent, rarement après 16 ans. Il associe de façon durable et répétée des comportements, tels que des actes de provocation ou de désobéissance incessants ou des comportements qui violent systématiquement les droits fondamentaux d’autrui ou les principales normes applicables à l’âge de l’individu (agressions et brutalisation, vol et fraude, destruction de biens matériels et violation des règles avec fugues par exemple).
À qui m'adresser si je pense que mon enfant a un de ses troubles ?
- Santé publique France. Santé mentale. Site internet : Santé publique France. Saint Maurice (France) ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Haute Autorité de santé. Maturation - Vulnérabilité - Santé mentale - Conduites addictives. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 30 septembre 2022]
- Haute Autorité de santé. L’accompagnement de la personne présentant un trouble du développement intellectuel (TDI). Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 7 octobre 2022]
- Organisation mondiale de la santé. Santé mentale : renforcer notre action. Site internet : OMS. Genève (Confédération helvétique) ; 2022 [consulté le 30 septembre 2022]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. À garder en tête – C’est quoi la santé mentale ?. Site internet : Inserm. Paris ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Santé Québec. Maintenir une bonne santé mentale. Site internet : Québec.ca. Québec ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Société canadienne de pédiatrie. La santé mentale de votre enfant. Site internet : Soins de nos enfants. Ottawa (Ontario) ; 2017 [consulté le 30 septembre 2022]
- Référentiel de psychiatrie et addictologie. ECN 2021. Psychiatrie de l'adulte. Psychiatrie de l'enfant. 3ème édition Presses universitaires François-Rabelais.