La santé mentale des adultes
Une mal-être psychique en lien avec des troubles du sommeil chez l'adulte
Des difficultés à trouver le sommeil, des réveils nocturnes, un sommeil de mauvaise qualité définissent l’insomnie, fréquente chez les adultes.
Ces troubles nocturnes donnent l'impression d'avoir un sommeil non récupérateur et retentissent sur la qualité de la la journée qui suit :
- baisse de moral, fatigue ;
- somnolence dans la journée ;
- nervosité ;
- difficultés de concentration et de mémorisation...
Une maladie, un mode de vie perturbé peuvent être la cause de troubles du sommeil. Cependant les principales causes de l’insomnie chez l'adulte sont le stress, l’anxiété et la dépression.
Le point sur l’anxiété
Anxiété : quand doit-on consulter ?
Avoir une peur passagère est une réaction normale face à une situation stressante comme un examen, un entretien d'embauche ou tout autre évènement auquel il faut faire face. De la même façon, l'anxiété souvent appelée « angoisse » est une réaction excessive mais passagère à une situation ressentie comme une menace. Elle est vécue comme une appréhension douloureuse à un danger.
En revanche lorsque l’anxiété se répète, s'installe dans la durée, survient sans lien avec un danger ou une menace réels et crée une souffrance psychique telle qu'elle perturbe durablement sa vie quotidienne, celle-ci nécessite une consultation médicale et des soins.
Comment se manifeste l'anxiété grave ?
Cette anxiété grave peut se traduire différemment sous 6 formes différentes :
- Le trouble anxieux généralisé : il associe un état d'inquiétude constant, disproportionné, difficilement contrôlable et durable concernant au moins deux thèmes différents (travail, argent, santé, avenir...) à différents symptômes physiques (maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, insomnies, sueurs, palpitations...).
- Le trouble panique : il est caractérisé par la répétition d'attaques de panique ou crises d’angoisse aiguë et par la peur de leur survenue.
- La sociale : l'anxiété est liée au regard d'autrui, qu'il s'agisse d'une seule personne ou d'un groupe. Elle est présente par anticipation, avant même que la personne soit exposée au regard d'une autre personne.
- La phobie spécifique : elle est caractérisée par une peur intense, irraisonnée déclenchée par un objet ou un élément naturel (obscurité, orage, sang...), un animal (araignée ou arachnophobie, serpent, souris...) ou une situation (être en hauteur, être enfermé(e) ou claustrophobie, se trouver dans un lieu public ou agoraphobie...).
- Le TOC : le trouble obsessionnel compulsif (TOC) se manifeste par deux types de symptômes, les obsessions et les compulsions, qui peuvent apparaître isolément ou simultanément. Ces symptômes ont, dans tous les cas, un lourd retentissement sur le comportement au quotidien.
- L'état de stress post traumatique : il survient après un événement traumatique lors duquel la personne ou d'autres personnes ont pu risquer de mourir ou être sévèrement blessés (attentat, accident).
Comment se manifeste l'état de stress post traumatique ?
Pendant plusieurs semaines, la personne revit l’événement ou les événements traumatiques (souvenirs envahissants, réminiscences ou cauchemars). Elle évite de penser à l’événement, de se le rappeler, ou évite les activités, situations ou personnes qui les lui rappellent. Elle perçoit pour elle-même une menace accrue en permanence.
Que faire quand l’humeur est perturbée ?
Baisse de moral et dépression
Se sentir déprimé, manquer d'allant, avoir une baisse de moral, éprouver un mal-être ou une tristesse passagère ne sont pas une dépression véritable dans la mesure où ces manifestations surviennent en réaction à des évènements de vie et sont transitoires.
Dans la dépression appelée dans le langage courant « dépression nerveuse », l'humeur est altérée (tristesse, perte de plaisir) de façon durable. Cette humeur dépressive entraîne une vision pessimiste du monde et de soi-même et retentit de manière importante sur la vie quotidienne (perte du sommeil lien, troubles de l'appétit et du désir sexuel, perte des performances intellectuelles, isolement...) La volonté seule ne permet pas de s'en sortir. C'est pourquoi la dépression doit être soignée pour ne pas se compliquer (idées de suicide) ou devenir chronique.
Les troubles de l’humeur avec survenue de phases de dépression sont souvent présents dans les maladies neurologiques chroniques comme la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson ou dans toute autre maladie chronique.
Après l'accouchement, baby blues et dépression du post-partum
Le baby blues et la dépression du post-partum sont 2 troubles différents.
Il est fréquent qu'après la naissance de son enfant, la maman présente des émotions vives marquées par un peu de tristesse et des pleurs incontrôlés : c'est le baby blues qui passe rapidement. Le baby blues entraine aux environs du 3e jour après l’accouchement une irritabilité, des sautes d’humeur (la maman est heureuse un instant et pleure à un autre) et de l’anxiété.
Il peut durer de quelques heures à quelques jours (une quinzaine) et disparait spontanément. Il s’explique par la chute brutale des hormones mais aussi par un afflux d’émotions.
La dépression post natale survient dans l’année qui suit la naissance d’un ou des enfants, avec une période plus « à risque » entre le 2e et le 6e mois.
La dépression post-partum a concerné 16,7 % des femmes deux mois après leur accouchement, selon les résultats de l'Enquête nationale périnatale menée en 2021.
Elle est grave, car en plus d’altérer la santé maternelle, elle peut entrainer des troubles de l’attachement mère-enfant qui nuisent au bon développement du nourrisson.
Le père ou la conjointe peut également présenter des syndromes dépressifs dans les mois qui suivent la naissance de l’enfant, d’autant plus que leur conjointe souffre de dépression.
Une prise en charge rapide est nécessaire pour soigner la maman et lui permettre d'établir une relation de qualité avec son nourrisson. Les parents ne doivent pas hésiter à exprimer leurs difficultés à des professionnels qui les écoutent, les accompagnent et leur proposent un soutien à la parentalité.
Les symptômes qui doivent alerter sont :
- le sentiment de ne pas être à la hauteur de son rôle de mère et en ressentir une culpabilité. La maman a l’impression d’être une mauvaise mère, d’avoir des difficultés à établir un lien avec son enfant. Ce sentiment est augmenté par l’image très positive de la maternité véhiculée par la société ;
- l’impression de ne pas être en mesure de s’occuper de son bébé ;
- un sentiment d’irritabilité et de rejet de son enfant ;
- une extrême anxiété (surtout en ce qui a trait au bien-être de l’enfant) ou des crises de panique ;
- un désintérêt pour les activités habituellement agréables et une perte du plaisir lors de leur réalisation ;
- un épuisement permanent ou des problèmes de sommeil (dormir trop ou pas assez) ;
- une perte d’appétit ;
- un sentiment de grande tristesse sans raison apparente et la volonté de rester seule, de se replier sur soi-même ;
- l’impression d’avoir perdu le contrôle et de ne pas pouvoir prendre de décisions ;
- des modifications des relations familiales.
Depuis le 1er juillet 2022, pour mieux accompagner les jeunes mères dans les semaines qui suivent la naissance, un entretien postnatal précoce leur est proposé systématiquement. Il peut être réalisé par une sage-femme ou un médecin entre la 4e et 8e semaine après l'accouchement.
L’objectif de cet entretien est :
- de repérer les premiers signes de la dépression du post-partum (état dépressif ou anxieux, fatigue, humeur instable…) ;
- d’identifier d’éventuels facteurs de risques qui exposent les parents à cette dépression (isolement, événement stressant…) ;
- d'évaluer les éventuels besoins de la femme ou du couple en termes d'accompagnement.
Le professionnel de santé peut proposer un 2e entretien entre la 10e et la 14e semaine qui suivent l'accouchement, afin de continuer l’accompagnement s’il le juge nécessaire ou à la demande du ou des parents.
Lire l'article Après l'accouchement, le retour à la maison
Le trouble bipolaire
Un épisode dépressif peut marquer l’entrée dans une trouble chronique de l’humeur appelé trouble bipolaire caractérisé par des troubles récurrents de l’humeur. L’humeur évolue typiquement selon deux phases (d’où le terme « bipolaire »), qui surviennent en alternance et qui se répètent : épisode(s) maniaque(s) ou hypomaniaque(s) (exaltation de l’humeur, agitation psychomotrice) et épisode(s) dépressif(s) avec des intervalles de rémission.
Troubles de l’humeur, anxiété et addictions
Ne pas avoir le moral ou, être anxieux favorisent la consommation de tabac, d'alcool, de drogues, de médicaments ou de toute autres substance psycho-active.
Pour lutter contre une addiction, il est essentiel de se faire aider.
Les troubles du comportement alimentaire, aussi chez l’adulte
L’anorexie mentale débute le plus souvent à l’adolescence. Toutefois, elle peut devenir chronique et persister à l’âge adulte.
La boulimie est caractérisée par des crises au cours desquelles la personne absorbe de manière compulsive de grandes quantités de nourriture, dans un temps court, suivies de comportements compensatoires inappropriés tels que vomissements provoqués. La boulimie débute généralement plus tard que l'anorexie mentale, avec un pic de fréquence vers 19–20 ans et peut persister à l’âge adulte.
On parle d'hyperphagie boulimique lorsque les épisodes récurrents de crises de boulimie ne sont pas associés à des comportements compensatoires. En général l'hyperphagie boulimique occasionne un surpoids ou une obésité et génère une souffrance psychique. Elle est souvent diagnostiquée à l’âge adulte.
Santé mentale et travail
Quel que soit le secteur d’activité dans lequel elle travaille, une personne peut ressentir une souffrance psychique en lien avec son activité professionnelle.
Les symptômes liés aux risques psycho-sociaux sont multiples : troubles de la concentration, du sommeil, irritabilité, palpitations, nervosité, fatigue importante, baisse de moral, stress, dépression, épuisement (burn out)…
Si vous ressentez une souffrance psychique en lien avec votre activité professionnelle, parlez-en à votre médecin du travail.
- Santé publique France. Santé mentale. Site internet : Santé publique France. Saint Maurice (France) ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Haute Autorité de santé. Maturation - Vulnérabilité - Santé mentale - Conduites addictives. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 30 septembre 2022]
- Organisation mondiale de la santé. Santé mentale : renforcer notre action. Site internet : OMS. Genève (Confédération helvétique) ; 2022 [consulté le 30 septembre 2022]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. À garder en tête – C’est quoi la santé mentale ?. Site internet : Inserm. Paris ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Santé Québec. Maintenir une bonne santé mentale. Site internet : Québec.ca. Québec ; 2021 [consulté le 30 septembre 2022]
- Société canadienne de pédiatrie. La santé mentale de votre enfant. Site internet : Soins de nos enfants. Ottawa (Ontario) ; 2017 [consulté le 30 septembre 2022]
- Référentiel de psychiatrie et addictologie. ECN 2021. Psychiatrie de l'adulte. Psychiatrie de l'enfant. 3ème édition Presses universitaires François-Rabelais.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Enquête nationale périnatale. Rapport 2021. Site internet : Inserm. Paris : 2022 [consulté le 7 octobre 2022]