Schizophrénie et troubles délirants de l'adulte
Publié dans : Santé mentale de l'adulte
14 septembre 2023
La schizophrénie débute souvent à l'adolescence et, grâce à la prise en charge, permet à l'adulte une vie quotidienne satisfaisante. Les troubles délirants chroniques apparaissent plus tardivement.
La schizophrénie est une maladie psychique chronique complexe qui se traduit schématiquement par :
- une perception perturbée de la réalité ;
- des manifestations productives (idées délirantes ou hallucinations) et passives (isolement social et relationnel).
Elle est très différente d'une personne malade à l'autre et varie selon la nature et la sévérité des différents symptômes ressentis.
L'adolescence, période critique de vulnérabilité
La schizophrénie toucherait environ 0,7 à 1 % de la population mondiale, et environ 600 000 personnes en France. Elle concerne aussi bien les femmes que les hommes, ces derniers semblant touchés par des formes plus précoces et invalidantes. Elle serait plus fréquente chez les personnes vivant en milieu urbain et celles ayant un parcours d'immigration.
La maladie se révèle généralement entre 15 et 25 ans, mais elle débute le plus souvent plus tôt, sous une forme atténuée.
Trois types de symptômes peuvent se manifester de façon chronique ou de façon épisodique.
Ces symptômes sont impressionnants car ils rassemblent hallucinations et délires.
Les hallucinations peuvent aussi être visuelles, olfactives ou tactiles mais sont généralement auditives. La personne entend des voix qui, souvent, la terrorise et lui suggèrent des actions, ou l'insultent.
Les idées délirantes sont présentes dans une grande majorité des cas. La personne se sent persécutée. Elle imagine, par exemple, qu'un passant qui la regarde est là pour l'espionner, elle croit que son téléphone est sur écoute, elle pense que la télévision lui envoie des messages, ou que les autres lisent dans ses pensées. Elle peut aussi être convaincue d'avoir des pouvoirs surnaturels.
Ces symptômes correspondent à un appauvrissement affectif et émotionnel. La personne peut alors avoir diverses réactions :
- elle se met en retrait et s'isole progressivement de son cercle familial, amical et social ;
- elle communique moins, donne des réponses évasives, présente une volonté limitée, prête moins d'intérêt aux choses qui l'entourent et manifeste une émotivité réduite ainsi qu'une inaction, ce qui peut ressembler à une dépression ;
- elle manifeste une perte du plaisir. Elle abandonne progressivement ses activités, ne voit plus personne ;
- elle devient apathique ou perd son énergie. Elle néglige son hygiène et son apparence personnelle, elle n'a plus d'envie et délaisse ses centres d'intérêt, elle reste oisive.
Ces symptômes correspondent à une désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements corporels.
La cohérence et la logique du discours et des pensées sont perturbées. La personne est moins attentive, présente des difficultés à se concentrer, mémoriser, comprendre ou se faire comprendre.
Elle peut avoir des difficultés à planifier des tâches simples comme faire son travail ou des courses. Ses comportements et sa conduite sont incohérents.
La schizophrénie suit une évolution fluctuante, avec des symptômes chroniques auxquels se surajoutent parfois des phases aiguës.
La schizophrénie peut ensuite se stabiliser avec des symptômes résiduels d'intensité variable selon les personnes et selon la rapidité de mise en route du traitement.
Dans une majorité des cas, la prise en charge thérapeutique permet à la personne de conserver une qualité de vie globalement satisfaisante même si une partie d'entre elles ne retrouvent pas leur niveau de fonctionnement antérieur.
Les troubles délirants persistants sont caractérisés par la présence d’idées délirantes évoluant depuis au moins un mois. Les hallucinations peuvent être présentes mais ne sont pas au premier plan.
Les idées délirantes sont des idées systématisées, plausibles, faisant l’objet d’une conviction inébranlable, inaccessible au raisonnement ou à la contestation par les faits. Pour la personne, chaque idée est une évidence, même si celle-ci n’est généralement pas partagée par le groupe socio-culturel qui l'entoure.
Ce trouble débute le plus souvent entre 40 et 50 ans.
On distingue différentes formes cliniques en fonction du thème des idées délirantes :
- mégalomanie (sensation d'avoir du pouvoir ou d'être une personne importante, etc.) ;
- jalousie (conviction que le partenaire est infidèle, etc.) ;
- persécution (conviction d'être victime d'un complot, etc.) ;
- érotomanie (conviction d'être aimé par une personne importante, etc.) ;
- perception du corps (sensation de sentir mauvais, d'être infesté de parasites, etc).
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- Référentiel de psychiatrie et addictologie. ECN 2021. Psychiatrie de l'adulte. Psychiatrie de l'enfant. 3ème édition Presses universitaires François-Rabelais.
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