Médicaments et environnement
Publié dans : Santé et environnement
17 juin 2025
Si le médicament, tout au long de sa vie (fabrication, consommation et déchets), a des impacts environnementaux, l’environnement en retour a également quelques impacts sur le médicament. Enfin, les médicaments sont utiles pour traiter certains problèmes de santé liés à l'environnement.
Une part de la pollution est due à la fabrication et à l’utilisation des médicaments. Bien que le plus souvent invisible à l’œil nu, cette pollution peut s’accumuler, ou s’ajouter à celle qui provient d’autres activités, pour produire des conséquences négatives sur l’environnement, et en conséquence sur la santé humaine.
Les étapes de vie d’un médicament
Les médicaments sont des produits qui ont un cycle de vie long et complexe. La vie d’un médicament, depuis sa fabrication jusqu’à son utilisation, peut s’étaler sur plusieurs années.
Les principales étapes de la vie du médicament sont au nombre de 7. Chacune de ces étapes a un impact environnemental à travers la consommation de ressources, la consommation d’énergies, le rejet de gaz à effet de serre comme le CO2, et le rejet de polluants dans l’environnement.
Étape 1 : les matières premières sont fabriquées, ou extraites d’éléments naturels, à différents endroits de la planète. Cela concerne autant les matières premières pour le médicament lui-même, que pour son emballage.
Étape 2 : les matières premières sont acheminées sur le ou les sites de fabrication du médicament.
Étape 3 : la fabrication et l'emballage du médicament peuvent avoir lieu sur des sites différents parfois très éloignés.
Étape 4 : le transport du médicament a lieu vers tous les pays où il est diffusé.
Étape 5 : dans chaque pays, on diffuse le médicament dans des réseaux de pharmacies ou d’établissements (hospitaliers, médico-sociaux, militaires, etc.).
Étape 6 : l'utilisation du médicament est réservée aux patients. À ce stade il peut encore parfois subir des transformations (préparation dans une pharmacie hospitalière par exemple).
Étape 7 : les emballages vides et les restes de médicament non utilisés sont traités par la filière adéquate (lien vers la fiche Recyclage des médicaments).
Toute l’activité liée à la fabrication du médicament et à son utilisation a des effets sur la santé humaine à travers ses impacts environnementaux. Ces effets sont principalement liés à deux 2 catégories de pollution : une pollution directe et une pollution indirecte.
Pollution directe des médicaments
Pollution directe par les emballages
Plusieurs milliers de tonnes d’emballages de médicaments sont jetées en France chaque année : boîtes en carton, flacons en plastique ou en verre, tubes en plastique ou en métal, blisters en plastique ou en aluminium, etc.
On peut également compter parmi les emballages, les seringues et stylos auto-injecteurs préremplis, ainsi que tout le matériel nécessaire à la préparation et l’administration de certains médicaments (déchets à risque comme aiguilles, cathéters, seringues, etc.).
Le traitement par incinération de ces emballages est polluant via la consommation d’énergie qu’il nécessite et les rejets de gaz à effet de serre comme le (CO2).
De plus, toutes les composantes plastiques de ces éléments, même traitées dans les filières adéquates, participent directement à la dispersion de microparticules de plastiques dans l’environnement. L’impact négatif de cette micropollution plastique sur les différents écosystèmes est maintenant bien connu.
Pollution directe par les médicaments
Au même titre que les pesticides utilisés par l’agriculture, les médicaments sont des substances chimiques rejetées dans l’environnement par les activités humaines.
Cette pollution provient surtout des rejets des eaux usées (qui contiennent par exemple l’urine de personnes ayant consommé des médicaments, elle-même chargée en résidus de médicaments), des rejets des industries chimique et pharmaceutique, ou des élevages industriels d’animaux qui sont de gros consommateurs d’antibiotiques et, pour certains, d’hormones de croissance.
À l’identique des pesticides, cette pollution peut être aggravée par la concentration des substances si elles ne sont pas assez solubles pour être entraînées et diluées dans les traitements des eaux par exemple. On parle alors d’indice de solubilité des produits. Plus cet indice est bas, plus leur élimination naturelle par le traitement des eaux est difficile. Certains médicaments comme par exemple les hormones, certains anticancéreux ou certains antibiotiques, ont un indice de solubilité très faible. Ils sont donc difficilement éliminés par les traitements des eaux usées.
Lien vers l’article « Recyclage des médicaments »
Pollution indirecte des médicaments
Pollution indirecte par perturbation et accumulation dans la chaîne alimentaire
Les stations de traitement des eaux usées ne sont généralement pas capables de traiter et d’éliminer les résidus chimiques de médicaments, ni les microparticules de plastiques issues par exemple du traitement des emballages.
Ces résidus, même à de très faibles concentrations, sont ensuite porteurs d’effets sur l’environnement végétal et animal. Certains anti-inflammatoires ont par exemple des effets toxiques directs pour les mollusques, ou peuvent entraîner la mort de certains oiseaux à cause de leur toxicité pour les reins de ces animaux.
En plus de leurs effets toxiques directs, ces résidus de médicaments peuvent s’accumuler dans les organismes tout au long de la chaîne alimentaire aquatique, depuis les algues ou le plancton, jusqu’aux poissons consommés par l’Homme. Ces résidus accumulés peuvent alors devenir, par exemple, des perturbateurs endocriniens dans l’alimentation humaine.
Lire l'article « Les perturbateurs endocriniens : effets sur la santé »
Pollution indirecte par production de
Le (CO2) n’est pas un gaz toxique. Mais on peut le considérer comme un polluant indirect car son accumulation dans l’atmosphère entraîne des effets climatiques, et donc environnementaux, qui peuvent directement impacter la santé humaine.
Les différentes étapes de la vie du médicament entraînent toutes la production de . Mais les plus concernées sont celles relatives à la fabrication industrielle et au transport. Cela est aggravé par le fait qu’il n’existe quasiment plus de production locale.
À titre d’exemple, environ 70 % des principes actifs contenus dans les médicaments diffusés sur le marché français sont produits en Chine ou en Inde. Cela implique des transports longs, coûteux en énergie, et fortement producteurs de .
Les activités liées aux industries de santé représentent en France environ 4 % du total des émissions de . L’empreinte carbone globale est donc considérable et représente chaque année des dizaines de milliers de tonnes de .
Si le médicament, tout au long de sa vie, a des impacts environnementaux, l’environnement en retour a également quelques impacts sur le médicament. Cela peut concerner l’utilisation du médicament, mais aussi sa fabrication.
Effets de l’environnement sur l’action des médicaments
L’environnement, à travers notamment le climat (humidité et températures), a des effets directs sur l’action de certains médicaments.
Il y a, par exemple, des médicaments agissant sur le système nerveux qui sont à utiliser avec prudence en cas de basses températures, ou certains anti-hypertenseurs qui sont à utiliser avec prudence en situation de canicule.
Il existe également certains médicaments qui sont très sensibles à la lumière du jour ou à la chaleur. Ces médicaments nécessitent donc de prendre des précautions pour leur transport et leur utilisation dans un environnement chaud ou ensoleillé.
Pour en savoir plus, lire les articles suivants :
La biodiversité : une source de médicaments
Enfin, il ne faut pas oublier que de nombreux médicaments existent à l’état naturel et ont été découverts dans l’environnement (la pénicilline par exemple).
D’autres n’existent pas à l’état naturel, mais sont des transformations industrielles de produits naturels (certains antibiotiques ou anticancéreux).
La dégradation de l’environnement par la pollution ou par l’action mécanique humaine entraîne une perte de biodiversité, qui peut donc être un facteur négatif pour la recherche et la découverte de nouveaux médicaments.
Si le médicament a, tout au long de sa vie, des impacts environnementaux, il peut aussi dans certains cas être efficace pour aider à traiter des problèmes de santé liés à l’environnement.
Les impacts sur la santé de l’environnement social, tels que le stress, l’anxiété ou la dépression peuvent être traités par des médicaments appropriés.
Les impacts sur la santé de l’environnement physique peuvent également être traités par des médicaments, comme des ou des corticoïdes en cas d’exposition à des allergènes par exemple.
Les zoonoses et maladies vectorielles bénéficient de traitements médicamenteux efficaces.
Pour aller plus loin, lire l’article « Santé animale et santé humaine » qui traite des zoonoses et des maladies vectorielles.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. La biodiversité source de médicaments. CCHI4_vol1_2022_p31
- Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. L’Antibiorésistance et les antibiotiques dans l’environnement. Site internet : Anses. Maisons-Alfort (France) ; 2020 [consulté le 17 juin 2025]
- Ministère du Travail, de la santé, des solidarités et des familles. Mise en place d’une méthodologie d’évaluation de l’empreinte carbone des médicaments. Site internet : Ministère du Travail, de la santé, des solidarités et des familles. Paris ; 2025 [consulté le 17 juin 2025]
- Santé publique France. Santé environnementale, une priorité de santé publique. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) [consulté le 17 juin 2025]
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