Salpingite : symptômes, diagnostic et évolution
Les symptômes de la salpingite
Le plus souvent, la salpingite est asymptomatique et le diagnostic est posé tardivement lors d’un bilan d'infertilité.
Si des symptômes évoquant une salpingite apparaissent, la prise en charge médicale est urgente pour éviter la survenue de complications.
Plus ou moins associés, ces symptômes peuvent être variés :
- des douleurs dans le bas-ventre, d’un ou des deux côtés du corps, irradiant dans les cuisses et les organes génitaux externes (grandes lèvres en particulier) et /ou irradiant vers le rectum. Elles sont majorées lors des rapports sexuels, en fin de journée et/ou à l’effort ;
- des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunie) ;
- une fièvre souvent élevée (38,5 à 40 °C) associée à de frissons ;
- des leucorrhées (écoulement ou pertes provenant du vagin) souvent abondantes, de couleur jaunâtre, voire purulentes ;
- des brûlures lors de la et un besoin fréquent d’uriner (pollakiurie) ;
- des métrorragies (pertes de sang vaginales issues de l’utérus, en dehors des règles) ;
- des ballonnements abdominaux, des nausées et/ou une constipation.
Les sensations douloureuses liées à la salpingite peuvent remonter jusqu’au foie
Dans 15 à 20 % des cas, les douleurs se manifestent jusque sous les côtes, à droite. Ce phénomène révèle une inflammation de l’enveloppe (capsule) entourant le foie. On parle alors de "capsulite périhépatique".
Le diagnostic de la salpingite aiguë
Lors de la consultation, le médecin traitant analyse les symptômes, recherche des facteurs pouvant favoriser la survenue d'une salpingite...) et pratique un examen (toucher vaginal, palpation abdominale).
En cas de salpingite, le vagin, l’utérus mais aussi les trompes utérines et les peuvent se révéler douloureux lors de l’examen gynécologique.
Salpingite : quels examens ?
Pour confirmer le diagnostic de salpingite, le médecin prescrit plusieurs examens.
Des analyses de sang
Ces analyses de sang permettent de :
- rechercher des signes d’inflammation (augmentation du nombre de globules blancs, protéine C réactive ou CRP élevée) ;
- effectuer des sérologies (recherche d’antigènes et d’anticorps dans le sang) pour diagnostiquer la syphilis, l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.
Des prélèvements bactériologiques
Afin d’identifier le germe en cause dans la salpingite et de réaliser un (analyse de la sensibilité ou de la résistance d’une bactérie à plusieurs antibiotiques).
Ils sont réalisés soit au cabinet du médecin, soit dans un laboratoire d’analyses médicales.
Ces prélèvements sont faits à l'aide d'écouvillons au niveau du vagin et du col de l’utérus (après mise en place d’un ).
Si vous portez un stérilet (dispositif intra-utérin ou "DIU"), ce dernier n'est ôté que si l'évolution de la salpingite n'est pas satisfaisante sous antibiotiques ou si la salpingite est d'emblée grave. Dans ce cas, le stérilet fait l’objet d’un examen bactériologique ;
Un examen cytobactériologique des urines (ECBU), pour diagnostiquer une cystite associée.
Des examens de radiologie
Une échographie abdominopelvienne :
- elle n'est pas indispensable pour porter le diagnostic de salpingite et sa programmation ne doit pas retarder la mise en route du traitement par antibiotiques ;
- elle permet d'éliminer une complication de la salpingite (abcès…) ou une autre maladie.
Dans les salpingites non compliquées, l’échographie peut mettre en évidence du liquide dans les trompes ou un épaississement des parois des trompes.
Parfois, un scanner abdominopelvien est demandé en deuxième intention et surtout si des complications sont suspectées.
Salpingite : faut-il faire une ?
En complément des différents examens, le médecin peut prescrire une cœlioscopie :
- s’il suspecte une complication, par exemple en l’absence d’amélioration après 48 heures de traitement ;
- si la patiente envisage une grossesse future (en particulier si elle n’a jamais été enceinte).
Effectuée sous anesthésie générale, cette intervention consiste d’abord à réaliser quatre petites incisions dans la paroi abdominale. Ensuite, le chirurgien insuffle un gaz dans la cavité de l’ et introduit une caméra miniature, ainsi que des instruments chirurgicaux.
En surveillant ses gestes sur un écran vidéo, il peut ainsi :
- faire des prélèvements pour analyse bactériologique ;
- évaluer la sévérité des lésions liées à la salpingite ;
- réaliser un lavage de la cavité pelvienne ;
- traiter les éventuelles lésions des trompes utérines.
Éliminer d'autres diagnostics
Ce bilan médical permet notamment d’éliminer la présence d’une maladie provoquant des symptômes similaires à ceux de la salpingite :
- une endométrite (infection de la utérine ou "endomètre") ;
- une appendicite ;
- une cholécystite aiguë (inflammation de la vésicule biliaire) ;
- une pyélonéphrite aiguë (infection du rein) ;
- une grossesse extra-utérine (GEU) ;
- une endométriose ;
- une torsion ou rupture d’un kyste de l’ovaire ;
- une sigmoïdite diverticulaire. Il s’agit d’une inflammation (voire d’une infection) de diverticules, petites cavités anormales formées dans la paroi du colon sigmoïde (dernière partie du gros intestin).
Salpingite : un bilan indispensable pour le partenaire sexuel
En cas de salpingite, le (ou les) partenaire(s) sexuel(s) de la femme concernée doi(ven)t aussi réaliser :
- un examen cytobactériologique des urines ;
- des prélèvements bactériologiques au niveau de l’ ;
- les sérologies de la syphilis, de l'hépatite virale B, de l'hépatite virale C, et du VIH.
L’évolution de la salpingite
Traitée, une salpingite guérit, les symptômes disparaissant en 48 à 72 heures. Cependant des lésions fibreuses des trompes utérines peuvent persister et être source de séquelles (infertilité).
Une récidive de salpingite est possible dans près de 20 % des cas :
- si le traitement a été mal suivi ;
- si une nouvelle contamination a lieu (par le même germe ou par un autre), notamment avec la poursuite d’un comportement sexuel à risque (multiplicité des partenaires avec rapports sexuels non protégés).
En l’absence de traitement, l’évolution est imprévisible. Parfois, la salpingite guérit spontanément, avec ou sans séquelles. Dans d’autres cas, la maladie donne lieu à différents types de complications.
Rares mais sévères, les complications précoces de la salpingite constituent une urgence médicale, voire chirurgicale :
- le pyosalpinx, collection purulente située dans une trompe, peut compliquer un premier épisode infectieux, mais peut survenir sur une trompe abîmée à la suite d’un précédent épisode de salpingite ;
- l'abcès de l’ovaire ou du cul-de-sac de Douglas (repli du situé entre le rectum et l’utérus) ;
- la pelvipéritonite (inflammation ou infection du péritoine situé au niveau du petit bassin) ;
- la phlébite pelvienne : obstruction par un caillot des veines iliaques (proches du haut de l’os du bassin) ou des veines situées autour de l’utérus. Cette complication est plus fréquente si la salpingite survient après un accouchement ou une interruption volontaire de grossesse.
Les complications tardives d'une salpingite peuvent être :
- une infertilité due à des lésions cicatricielles obstruant les trompes utérines. Le risque de stérilité augmente en cas de récidive de salpingite. Les salpingites à Chlamydiae trachomatis provoquent peu ou pas de symptômes ; par conséquent, elles sont insuffisamment diagnostiquées et n’étant pas traitées, elles sont à l’origine de la majorité des stérilités tubaires ;
- une grossesse extra-utérine (le risque est multiplié par dix après une salpingite) ;
- des adhérences péritonéales (lésions fibreuses du accolant anormalement les organes entre eux) ;
- des douleurs pelviennes chroniques (séquelle subsistant dans 20 % des cas).
- Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Infections génitales de la femme –Salpingites. Site internet : Université Numérique Vituelle Francophone. nantes (France) ; 2011 [consulté le 15 juin 2020]
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