Saignements entre les règles ou règles très abondantes, longues : quand consulter ?
Publié dans : Saignements gynécologiques anormaux en dehors de la grossesse
25 janvier 2024
Règles très abondantes, longues ou saignements entre les règles : quand dois-je consulter un professionnel de santé ? Comment bien préparer ma consultation à l’aide d’un questionnaire précis, quels sont les examens possibles et pour quels bilans ? Tout savoir sur les symptômes et les démarches à réaliser selon votre situation.
Je consulte un médecin gynécologue en urgence ou j'appelle le 15 si :
- je suis en âge d’avoir des enfants, et après un retard de règles, je saigne et j’ai des douleurs pelviennes (bas du ventre) associées pouvant faire craindre une grossesse extra-utérine ou une fausse couche ;
- je saigne abondamment et je me sens mal : je fais un malaise ou je me sens très faible ;
- je saigne et j’ai de la fièvre.
Dans les situations autres que celles-ci, je prends rendez-vous chez mon médecin traitant ou la sage-femme qui me suit.
Avant la consultation médicale, se poser les bonnes questions
Pour faciliter la recherche d’une cause aux saignements gynécologiques, je fais le point en me posant les questions suivantes :
- Ai-je déjà eu des problèmes gynécologiques ?
- Mes saignements surviennent en dehors des règles (métrorragies) : sont-ils abondants ou minimes, de sang rouge ou brunâtre, quelle est leur durée ?
- Est-ce que les saignements surviennent après les rapports sexuels ?
- Comment sont mes règles :
- Quelle est leur fréquence et quelle est la date de mes dernières règles ?
- Mes règles sont-elles très longues et abondantes, quelle est leur durée ?
- Combien de protections utilisées chaque jour de règles : serviettes, tampons, nombre de changements de cup ou de culottes menstruelles ? Y a-t-il des caillots ? Y a-t-il des débordements la nuit ?
- Ai-je un traitement hormonal et quelle contraception j’utilise ?
- Est-ce que je prends des médicaments qui facilitent les saignements : aspirine, plaquettaires, anticoagulants ?
- Suis-je en préménopause ou si je suis ménopausée : depuis quand ?
- Quel est le retentissement sur ma vie quotidienne : est-ce que je dois m’absenter de mon établissement scolaire, de mon travail ? Suis-je fatiguée ?
- Ai-je d’autres symptômes : douleurs du bas ventre (pelviennes) par exemple ?
- Est-ce que j’ai d’autres saignements : saignements de nez ou épistaxis, saignements des gencives par exemple ?
- Suis-je fatiguée, essoufflée à l’effort, est-ce que je fais facilement des malaises ?
Mesurer l'abondance des règles par le score d'Higham
C’est un des moyens le plus objectifs pour quantifier l’abondance des règles.
Pour calculer le score, il faut chaque jour :
- compter et noter le nombre de protections utilisées ;
- juger du caractère plus ou moins rempli de chaque protection : 1 point par change faiblement rempli, 5 points par change moyennement rempli, 20 points par change abondamment rempli ;
- préciser la présence de caillots ;
- préciser l’existence de débordements la nuit.
Si le score est de 100 à la fin de l'épisode menstruel, le saignement est évalué à 80 ml. Au-delà de 80 ml, le saignement est anormalement abondant.
Si vous utilisez des cups (aussi appelées des coupes menstruelles s’apparentant à un petit récipient souple qui s'insère dans le vagin afin de récupérer le sang) ou des culottes menstruelles :
- changer de cup toutes les 2 à 3 heures lors de règles de plus de 7 jours indique que le saignement est anormalement abondant ;
- changer de culotte la plus protectrice (culotte pour flux abondant) avant 12 heures indique que le saignement est anormalement abondant.
Télécharger en bas de page la fiche d'information proposée par les Hôpitaux civils de Lyon, permettant de calculer le score d'Higham
Saignement gynécologique : la consultation médicale
Après vous avoir interrogé sur vos symptômes, votre passé gynécologique et un éventuel traitement en cours, le médecin ou la sage-femme recherche des signes qui traduisent une anémie et un manque de fer : pâleur, fatigue, essoufflement à l’effort, palpitations cardiaques, vertiges et maux de tête, peau et cheveux secs, ongles cassants ou syndrome des jambes sans repos.
Le professionnel de santé effectue un examen gynécologique avec frottis du col de l’utérus si nécessaire. Il prescrit un bilan adapté à votre situation.
Saignement gynécologique : le bilan
Un examen sanguin
Le bilan sanguin évalue le retentissement des saignements (recherche d’une anémie ferriprive (c’est-à-dire une anémie par déficit en fer) : mesure du taux d’hémoglobine, hémogramme, bilan du fer.
Les examens sanguins peuvent, dans certains cas, déterminer la cause des saignements abondants :
- Chez une femme en âge d’avoir des enfants, un dosage des hormones beta HCG permet de confirmer ou infirmer une grossesse débutante.
- En présence de règles très abondantes et surtout chez les adolescentes et femmes jeunes, un bilan de la coagulation du sang est demandé afin de rechercher une anomalie de la coagulation.
- Si besoin, un bilan hormonal recherche une hypothyroïdie par dosage de la TSH.
Une échographie pelvienne
L’échographie pelvienne est un examen indispensable. Elle est réalisée par voie transabdominale ou si possible par voie endovaginale. Elle recherche une anomalie de l’endomètre ( ou hyperplasie, la présence de polypes, de , etc.).
En l’absence d’anomalie à l’échographie, le bilan s’arrête là.
D’autres examens plus spécifiques peuvent être réalisés dans certains cas
Si des anomalies sont visibles à l’échographie, le médecin demande éventuellement d’autres examens :
- en cas de suspicion d’anomalie de la cavité utérine (polypes, myomes endocavitaires), une est programmée surtout si des biopsies de l’endomètre de l’utérus sont nécessaires ;
- une hystérosonographie peut remplacer l’. Un liquide est injecté dans la cavité utérine afin de l’ouvrir, ce qui permet de mieux voir les anomalies de l’utérus lors de l’échographie. Mais l’hystérosonographie ne permet pas d’effectuer de biopsie ;
- une biopsie de l’endomètre est possible après une diagnostique ou une hystérosonographie. Un tube fin et souple est introduit dans la cavité utérine à travers le col de l’utérus pour aspirer un morceau de tissus ;
- une IRM (imagerie par résonance magnétique) peut être utile, dans un deuxième temps, par exemple, pour préciser la taille et la localisation de fibromes utérins, de préciser l’étendue d’une endométriose, etc.
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